Mélenchon en campagne dans une université de Toulouse : ça ne gêne personne ?

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Toulouse sera bientôt la troisième ville de France, dépassant Lyon, selon les derniers chiffres de l'INSEE. C'est dire les enjeux qu'elle représente sur le plan politique, pour les municipales, mais aussi pour ceux qui se rêvent un destin national. Or, la ville rose avait placé Jean-Luc Mélenchon en tête, lors de l'élection présidentielle de 2022, à plus de 36 % ! Loin devant Emmanuel Macron. Le leader insoumis, en pleine campagne, est donc passé de Villeneuve-Saint-Georges, mini-laboratoire de sa nouvelle France, aux « quartiers populaires » du Mirail. Le Louis Boyard toulousain se nomme François Piquemal : il est député LFI et tête de liste pour les prochaines municipales, revendiquant de diriger une liste d'union de la gauche. Et, donc, pour le soutenir et mener de front sa propre campagne, Mélenchon s'est invité à l'université Jean-Jaurès (ex-Toulouse-Le Mirail) pour une « conférence étudiante » en compagnie de M. Piquemal.

On sait que les universités sont libres. En fait, en France, elles sont surtout libres de dérouler le tapis rouge à l'extrême gauche ; inféodées aux islamo-gauchistes et aux wokistes, elles n'hésitent pas, sous leur pression, à refuser violemment la venue de conférenciers, fussent-ils universitaires (ce que n'est pas M. Mélenchon). Ainsi a-t-on vu l'université Bordeaux Montaigne annuler la conférence de la philosophe Sylviane Agacinski, en 2019. Ainsi l'université Toulouse Jean-Jaurès a-t-elle elle aussi annulé une conférence du professeur Philippe Soual, spécialiste internationalement reconnu de Hegel, en 2018, sous la pression de militants qui lui reprochaient d'avoir donné une conférence à la Manif pour tous... Il expliquait au Figaro comment fonctionne cette « police » universitaire : affichage haineux des militants le visant, puis : « Voyant ces affiches, mes collègues de l'université se sont réunis en urgence et ont délibéré entre eux. Ils ont alors pris la décision de me retirer ce cours d'agrégation, invoquant comme motif le "maintien de l'ordre public". Car ils ont eu peur que tout cela ne provoque des débordements. »

Avec ses portes grandes ouvertes à Jean-Luc Mélenchon, l'Université Jean-Jaurès, déjà célèbre pour ses blocages sans fin, pour les saccages scandaleux de ses bâtiments il y a deux ans, s'abaisse à nouveau en montrant sa préférence pour le militantisme d'extrême gauche au détriment de l'accueil de conférenciers reconnus. Qui osera dire « stop » ?

On aurait aimé une réaction du ministre de l'Enseignement supérieur, voire du ministre de l'Intérieur. Au moins pour la forme.

D'autant plus que, lors de cette « conférence », le leader insoumis, caressant son électorat dans le sens du poil, est revenu sur l'attaque du 7 octobre, qualifiant le pogrom de simple « action armée ». La veille même d'une nouvelle libération d'otages...

Dans cette «conférence», Mélenchon a fait l'éloge de sa «créolisation», qui n'est que le nom - il le reconnaît lui-même - du «grand remplacement».

Oui, l'ombre de LFI et de Mélenchon plane sur Toulouse et sur la France. Forts des 36 % de Mélenchon à la dernière présidentielle dans la ville, les Insoumis pensent pouvoir s'emparer du Capitole. Ils oublient trois choses. D'abord, le discrédit que leur valent leurs outrances jusque chez leurs alliés de gauche, notamment PS, qui commencent à prendre leur distance. Ensuite, la ville de Toulouse a toujours connu cette particularité de voter massivement à gauche aux élections nationales tout en conservant un maire de centre droit, naguère Dominique Baudis, aujourd'hui Jean-Luc Moudenc. Enfin, la ville rose, où la droite nationale était autrefois complètement absente, lui a offert en 2022 des scores historiques inattendus : Marine Le Pen à près de 10 % et Zemmour à 6,4 %. À Toulouse aussi, la droite a fait sa mue, et le maire devrait en tenir compte.

Si les instances de l'université Jean-Jaurès ne semblent nullement gênées par le tapis rouge qu'elles déroulent à M. Mélenchon, beaucoup de Toulousains et de Français en sont sans doute révoltés.

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Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

2 commentaires

  1. Dans ma circonscription (7e Rhône), le député LFI est allé rencontrer des élèves dans un lycée public. Il l’affiche dans son dernier tract « ce fut aussi l’occasion d’appeler les élèves à s’engager en politique ». Il me semblait pourtant que les interventions politiques n’étaient pas autorisées dans les établissements scolaires car les élèves y sont mineurs…

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