[PEOPLE] Louane a-t-elle une chance de remporter le très woke Eurovision ?

Le 17 mai prochain se tiendra, à Bâle en Suisse, le 69^e concours de l’Eurovision et, cette année, la France sera représentée par Louane, une jeune artiste de 28 ans, repérée dans l’émission The Voice quand elle avait 16 ans. La chanteuse a aussi démontré ses talents d’actrice en remportant le César du meilleur espoir féminin grâce à son rôle dans le film La Famille Bélier, une véritable ode à la famille.

D’ailleurs, c’est par un message émouvant adressé à sa maman, disparue en 2014 d’un cancer, que la jeune femme a annoncé sa participation au concours. Celle qui lui avait déjà dédiée une chanson en 2015 représente un vent de fraîcheur dans le paysage artistique français. Hommage à sa mère, déclaration d’amour à sa fille, Esmée, née en 2020, dans sa chanson Secrets, la jeune chanteuse ne doit son succès qu’à son seul talent. Pas de discours de victimisation, pas de luttes communautaires, pas de revendication dans le vent, la chanteuse originaire du Pas-de-Calais réussit parce qu’elle travaille et qu’elle est douée. Celle qui a remporté pour son premier album, Chambre 12, la Victoire de l'album révélation de l'année en 2016, semble tout indiquée pour représenter l'excellence de la chanson française.

 

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Quelles chances a-t-elle alors de remporter l’Eurovision ?

On sait, pour le constater depuis plusieurs années avec les choix des sélectionnés, que le concours n’est pas seulement artistique, que les engagements politiques ou sociétaux peuvent être de sacrés tremplins pour accéder au podium… D’ailleurs, chez Pascal Praud, le 31 janvier, sur Europe 1, Dimitri Pavlenko considérait que Louane « n’avait aucune chance » puisque « c’est devenu tellement woke, l’Eurovision », en prenant à témoin « les trois dernières éditions ». On se souvient en effet de la victoire remportée par la drag-queen autrichienne Conchita Wurst, en 2014 , ou encore, en 2018, de l’Israélienne Netta Barzilai, qui avait surfé sur la vague #MeToo et remporté le premier prix. Et enfin, pour terminer, en 2024, du chanteur non binaire suisse Nemo qui avait obtenu le plus grand nombre de votes du jury malgré sa 5^e place dans les télévotes, lui permettant d’accéder ainsi à la première marche du podium. En bref, de la chanson, oui, mais pas seulement !

La chanteuse, originaire d’Hénin-Beaumont, se disait à l’origine plutôt indifférente à la politique. Elle l’expliquait en 2015 à un Thomas Sotto provocateur qui lui demandait : « Chanter à Hénin-Beaumont aujourd’hui, vous le feriez ? » Elle avait répondu : « Oui, je le ferais, c’est ma ville. En vrai, j’en ai rien à faire, de ce qui se passe là-bas, politiquement parlant. C’est ma ville, j’y ai toujours vécu. Bien sûr que je chanterais à Hénin-Beaumont ! » Louane a, depuis, revu sa copie. Ainsi lit-on dans Gala qu’elle se dit engagée contre le RN. Elle a appelé ses abonnés sur Instagram à voter aux dernières européennes pour défendre « nos droits » sans plus d'explications, mais elle ne fait pas étalage de ses opinions politiques et ne se permet pas, comme certains, de donner des consignes de vote. Louane se dit « très fière et très honorée d’avoir la chance de représenter la France, qui est mon pays et le pays qui a accueilli ma maman » (qui a des origines portugaise et brésilienne), comme on peut le lire dans Midi libre, un discours qui ne peut que plaire ! D'ailleurs, aujourd'hui, sur France Inter, Alexandra Redde-Amiel, chef de la délégation française à l'Eurovision, expliquait cet engouement autour de la sélection de Louane : « C'est une enfant de la France », et Léa Salamé de renchérir en la qualifiant de « petite fiancée des Français ». Louée pour son « authenticité et son naturel », la chanteuse rassemble plus qu'elle ne divise. Alors, aura-t-elle le bon pedigree pour remporter le concours européen ? Sur Europe 1, Pascal Praud considérait que son « vive la France » était « presque courageux, aujourd’hui ».

Peut-être n’a-t-elle aucune chance ? Ou peut-être qu’au contraire, Louane représente le retour à la méritocratie et au bon sens ? Il n’est pas interdit d’espérer que l’Eurovision retrouve sa vocation première, celle de célébrer la variété plutôt que les idées. En attendant de connaître le titre qu’elle chantera au concours, réjouissons-nous du choix de cette artiste reconnue pour ses chansons plutôt que pour ses engagements politiques ou communautaires… Le 17 mai, c’est le mérite français qui sera représenté, alors « vive la France ! »

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