Provins : une tour médiévale détruite ou « mise en sécurité » ? Débat ouvert…
![Provins tour démolie La tour n°18 sous les assauts de la pelleteuse. Provins © Julien Limongi](https://media.bvoltaire.fr/file/Bvoltaire/2025/02/IL20250218154712-provins-julien-limongi-scaled-929x522.jpg)
Émotion, chez les Provinois et, au-delà, chez les défenseurs du patrimoine : début février, une tour du XIIIe siècle a été détruite à Provins. À Provins, ville où la tour César, l’église Saint-Quiriace, la Grange aux Dîmes, les Remparts, etc., forment un ensemble médiéval classé à l’UNESCO ! Le maire Olivier Lavenka (LR) s'en défend : pour lui, il n’a fait que « mettre en sécurité une tourelle » dans le cadre de l’aménagement de la Ceinture verte.
Trois petites tours et puis s'en vont
Nous sommes boulevard du Grand-Quartier-Général, qui marque la limite est de la vieille ville. À la périphérie du noyau médiéval qui fait la gloire de Provins. C’en est un élément « confidentiel », pour reprendre le terme d’un document technique officiel de 2017, qui parle d’une « séquence urbaine, paysagère et patrimoniale », d’« un ensemble de qualité » (p. 42). Soit trois tours, coupées à leur premier niveau. Elles sont « très homogènes dans leur conception et leur réalisation », écrivait l’historien Jean Mesqui. Elles ne sont plus que deux, désormais.
À la tête du Collectif pour l’intégrité de la Promenade provinoise (CIPP), Françoise Sistel avait déjà alerté sur la quarantaine d’arbres coupés pour créer la « Ceinture verte ». Une première atteinte patrimoniale. Mais le 5 février, elle n’en a pas cru ses yeux en voyant un instrument de chantier s’en prendre à la tour. « Nous n’avons pas vu venir le coup, explique-t-elle à BV. Nous avons été sidérés et avons beaucoup discuté de ce qui ce passait, entre Provinois. »
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- Extrait de Jean Mesqui, « Provins, La fortification d’une ville au moyen-âge » (Droz, 1979). La tour démolie est la n°18.
Le maire nie toute destruction
La destruction en cours a été signalée dès le 5 février, sur Facebook, par le CIPP, mais aussi sous forme d’un communiqué par Julien Limongi, Provinois et député RN de Seine-et-Marne. Dans une tribune publiée par nos confrères de Frontières, il s’interroge sur l’argument utilisé par le maire de Provins selon lequel la tour « n’était pas classée ni inscrite aux Monuments historiques ». Auprès de BV, le député constate que « cela pose un vrai débat sur tout le patrimoine non classé en France : églises, châteaux, etc., dont on pourrait faire ce qu'on veut ». Le maire conteste cette interprétation : « En précisant que la tour n'était pas classée, je ne donnais pas un argument, je rappelais juste une réalité factuelle et juridique », explique-t-il à BV.
Quelle est sa version des faits ? Il nous la donne bien volontiers : « Les vestiges de la tourelle surplombent le futur jardin public. Ce sont donc des contraintes de sécurité du site et du parcours qui ont justifié les travaux de mise en sécurité de cette tourelle et qui seront suivis de sa restauration à l’identique. » Il conteste donc « absolument » le terme de destruction : « La tourelle a été mise en sécurité sur toute sa partie supérieure qui menaçait de s’ébouler. Ses deux voisines, en bon état, ne seront d’ailleurs pas touchées. » Et il rappelle à BV que « la ville continue de faire les preuves de son engagement sans failles dans la restauration de son patrimoine ».
Le député réclame les expertises et les contrats
De son côté, Julien Limongi est dubitatif sur le fait que la tour allait s'ébouler. « La tour était visuellement en bon état. Il a fallu quatre jours de pelleteuse pour en venir à bout… » Il dénonce une municipalité où la communication est déficiente. « Provins, jadis la ville d’Alain Peyrefitte, ancien fief de Christian Jacob, est aujourd’hui la ville d’Olivier Lavenka. La mairie verrouille tout. C’est comme une vieille baronnie où personne n’ose lever le petit doigt. » Julien Limongi attend maintenant des documents pour comprendre ce qui s’est passé : « Je demande l’expertise qui a conduit la mairie à dire que la tour était fragilisée et qu’il fallait la détruire pour la reconstruire, mais aussi le contrat entre l’entreprise de bâtiment et la mairie. J’aimerais savoir si la destruction de la tour était planifiée et combien cela a coûté. »
Car, enfin, une tour du XIIIe qui est détruite puis « reconstruite », quelle valeur a-t-elle ? Fait-elle encore partie de notre Histoire ou n’est-elle plus qu’un décor de carton-pâte ? Le député RN a alerté Rachida Dati, les Bâtiments de France, l’association Urgence Patrimoine… Il l’affirme à BV : « Le sujet est plus politique que technique, désormais. » Quant à savoir si la tour est détruite ou « mise en sécurité », nous laissons nos lecteurs juger.
![](https://media.bvoltaire.fr/file/Bvoltaire/2025/02/provins-source-facebook-cipp.jpg)
Source: Facebook CIPP
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2 commentaires
Détruire un authentique vestige du XIIIe siècle pour reconstruire le même tout neuf est est un véritable non sens ; il suffisait de consolider les parties fragiles , ce qui aurait coûter moins cher et permis de garder le patrimoine intact ; un chantier qui a dû rapporter gros à un copain ?
Meme en menaçant de s’écrouler.
On pouvait fort bien sécuriser les alentours .
Pour empêcher le public de circuler autour