[POINT DE VUE] Serbie : les patriotes, dindons d’une révolution de couleur ?

Capture écran France 24
Capture écran France 24

Après trois mois de manifestations, les jeunes opposants au gouvernement du président serbe Aleksandar Vučić se prennent à rêver ouvertement d'une révolution de couleur. Dans les rues, ils sont de plus en plus nombreux à réclamer un « nouveau Maïdan », du nom de la révolution ukrainienne qui avait mis à bas le dictateur Viktor Ianoukovitch en 2013.

La comparaison entre les dirigeants s'arrête cependant là. Ianoukovitch était un satrape mafieux, avec un casier judiciaire long comme le bras (viol, braquages...) qui avait mis son pays en coupe réglée en s'appuyant sur un clan issu du crime organisé.

Le nationaliste Aleksandar Vučić est un chef d'État démocratiquement élu selon les standards européens, qui opère un rapprochement de plus en plus net avec l'UE, et spécialement la France.

Le problème de la corruption

Comme en Ukraine en revanche, la corruption demeure un problème en Serbie et la révolte étudiante est l'expression d'une crise profonde, que le gouvernement ne peut ignorer.

Pour rappel, le 1er novembre 2024, l'auvent fraîchement construit de la gare de Novi Sad, une ville située à 80 km de Belgrade, s'est brutalement effondré, faisant quinze morts. Le drame serait lié à un défaut de construction pouvant résulter d'un marché frauduleux. À Novi Sad, des milliers d’étudiants ont aussitôt manifesté pour réclamer justice, dénoncer la négligence en matière de sécurité publique et l'octroi de contrats publics sans appel d'offres transparent...

Comme en Ukraine, il s'agit d'une jeunesse patriote, voire identitaire, qui manifeste avec, comme objectif, une profonde volonté de changement. La démission du Premier ministre Miloš Vučević, annoncée mardi 28 janvier, n'a pas suffi à apaiser la colère. Parmi les mots d'ordre de ceux qui défilent contre le président Vučić, l'on entend : « Nous ne sommes plus seuls. »

Un patriotisme instrumentalisé

Et de fait, comme en Ukraine, les manifestants ne sont pas seuls. Derrière eux, on a rapidement vu apparaître les organisations discrètement ou ouvertement liées à l'Open Society, du milliardaire gauchiste George Soros. Comme dans la plupart des tentatives de révolution de couleur, ces organisations influencent désormais le mouvement et orientent la colère d'une jeunesse idéaliste.

En pointe de l'opposition se trouve la très controversée Amnesty International, qui a lancé une campagne de communication accusant le gouvernement serbe d'espionner l'opposition et la presse à l'aide du logiciel Cellebrite, fourni par Israël. Coup double pour l'ONG, qui ménage le Hamas, les Frères musulmans et divers groupes islamistes, expliquant souvent son antisionisme obsessionnel. Son attaque contre le régime du président Vučić ne repose cependant que sur les accusations gratuites de deux militants soupçonnant leur téléphone d'avoir été piraté par les services secrets.

Évidemment, Vučić n'a rien d'un ange et la répression de certaines manifestations à coups de gaz lacrymogènes rappelait tristement les méthodes de notre police contre les gilets jaunes ou la Manif pour tous. Pas de quoi, cependant, le comparer à Poutine, Assad ou à un dictateur avéré : seulement un Hollande ou un Macron fermement décidé à « emmerder » son opposition.

S'affichant ouvertement au cœur des manifestations, on trouve aussi l'Initiative des jeunes pour les droits de l'homme, le CRTA (Centre pour la recherche, la transparence et la responsabilité), le Comité d'Helsinki pour les droits de l'homme, Initiatives citoyennes, l'Association des journalistes indépendants de Serbie (sic), le Mouvement européen en Serbie, le Centre de recherche judiciaire (CEPRIS)...

L'ombre de l'USAID, de l'UE et de Soros

Comme Amnesty International, ces organisations sont financées par divers fonds étrangers, ainsi qu'on peut facilement le constater en lisant leurs rapports d'activité disponibles en ligne. Parmi leurs soutiens, on retrouve l'Union européenne, l'OSCE, le ministère des Affaires étrangères allemand et diverses ambassades européennes. L'Open Society Foundations soutient la quasi-totalité des ONG et mouvements structurant les manifestations. Tel est, aussi, le cas de l'Agence américaine pour le développement international (USAID), dont Elon Musk vient de geler l'activité. Le milliardaire américain a, notamment, dénoncé un soutien de plusieurs millions d'euros aux groupes LGBT en... Serbie.

Des médias comme RFI, Euronews, Le Grand Continent ou le quotidien anglais The Guardian ont illustré le rôle clé joué par ces ONG dans l'organisation des manifestations en Serbie. Elles coordonnent les actions, mobilisent via les réseaux sociaux, organisent des formations sur la désobéissance civile et les techniques d'agitation, offrent une assistance médicale et juridique ou fournissent un soutien logistique qui a permis d'inscrire le mouvement dans la durée.

Paradoxalement, ces structures franchement marquées à gauche, avec des prises de position wokistes, soutiennent sans scrupule des manifestants qu'ils classeraient à l'extrême droite et dénonceraient partout ailleurs qu'en Serbie ! Il est à craindre que la révolte des jeunes patriotes serbes se retourne contre leurs propres intérêts, leurs propres valeurs, et qu'ils finissent par être les dindons de cette mauvaise farce orchestrée par les drôles d'amis de George Soros.

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Pierre-Alexandre Bouclay
Journaliste - Reporter à Valeurs actuelles et au Spectacle du monde. Depuis 2004, il suit les questions relatives à l’Europe de l’Est et aux problèmes de sécurité.

Vos commentaires

17 commentaires

  1. Poutine n’ est pas un dictateur, Macron « oui », Poutine ne ferme pas des médias tous types (meme hostiles), Macron « oui », Poutine n’aime pas les déviants, Macron « oui », Poutine promeut l’eduquation, Macron « non », Poutine construit des hôpitaux, Macron les ferme, Poutine agriculture sur le podium mondial, Macron les tracteurs lui courent derrière, Poutine pas de dettes, Macron 3300 milliards Etc…Etc… Qui est le champion ????

  2. Mêmes pratiques que lors des Gilets Jaunes, dont l’apparition quasiment spontanée s’est rapidemernt vue cernée par des agitateurs professionnels évidemment issus de la gauche, voire de l’extrême-gauche. Dès lors, exit la spontanéité, et des chefs de file de l' »opposition populaire », au discours provocateur, sont apparus, qui n’avaient rien à voir avec les gens initialement soulevés contre une taxe de trop…

  3. J’ai lu cet article de PA Bouclay. On sait qu’il y a depuis longtemps de la corruption chez les hommes politiques ukrainiens. Là le journaliste exprime des accusations graves concernant Yanoukovitch, au delà de la banale corruption ; le journaliste pourrait-il citer ses sources ? Sont-elles fiables ?

  4. Un président corrompu en Servie ? Comme Zelinski alors qui, me semble t’il, aurait été condamné pour détournement de fond ? J’ai envie de dire que les Serbes se débrouillent, on a suffisamment de problèmes avec notre France en déclin. Et si BHL veut s’en mêler, qu’il y aille en faisant bien attention de ne pas salir sa belle chemise blanche et en n’oubliant pas de rendre les 750 000 € à ARTE, chaîne financée par le contribuable spolié.

    •  » J’ai envie de dire que les Serbes se débrouillent, on a suffisamment de problèmes avec notre France en déclin ». Ouvrez les yeux et vous pourrez constater qu’en France, en Serbie, en Ukraine, en Syrie, en Irak et ailleurs, les mêmes effets obéissent aux mêmes causes.

  5. En lisant bien son article, je ne suis pas sûr que votre journaliste ai bien compris ce qui se passe en Serbie. Trump et Musk assèchent l’USAID pour éviter ces  » révolutions de couleurs » menées par « des jeunes patriotes serbes ». Ce n’est pas sur BV qu’il faut écrire ce genre d’articles, mais plutôt sur Brut ou Franc tireur…

  6. Révolution de la jeunesse serbe où l’on va voir réapparaitre la silhouette à la chemise immaculée de … Bernard Henri Lévy, dit BHL, qui se prépare déjà à tourner son énième navet documentariste qui fera le tour de 3 salles et demi et 10 spectateurs !!

  7. Enfin un article qui parle pleinement des manipulations sorosiennes. On devrait en parler tous les jours. Il m’étonne que les marionnettes agitatrices de Soros ( BHL, Glucksman,..) ne soient pas encore allé en Serbie. A moins qu’il ne ressorte papy Cohn-Bendit qui avait déjà bien servi en 68.

  8. La révolution de Maïdan financée à hauteur de 5 mds de $, dixit une sous-secrétaire d’Etat US de cette époque, on en a vu le résultat. Plusieurs dizaines,ou centaines, de milliers de morts… Belle opération américaine de déstabilisation du monde.
    Tentative par les mêmes de déstabiliser la Serbie proche des russes, encore bien des tensions à prévoir. Un soutien serait une déclaration de guerre supplémentaire à la Russie. Il est temps de mettre fin aux actions de Sotros et d’Amnesty International dont on attends toujours la condamnation de l’arrestation de Boualem Samsal (ils condamnent simplement les conditions de son incarcération).

  9. Je suis stupéfait de voir des  »journalistes » qui n’ont assurément jamais mis les pieds en Serbie voir dans cette jeunesse pro UE des patriotes… Moi j’étais avec le peuple serbe lorsqu’une armée portant drapeau tricolore a bombardé un peuple frère qui durant les 2 guerres mondiales ne s’est jamais couché. Il y a encore 15 jours, j’étais en Serbie pour avoir entendu les  »étudiants » ceux ci sont plus prés de LFI que du RN et l’identité n’est pas leur tasse de thé. Ceux dans la rue, issue de la classe aisée pro UE citadine sont le produit des facs de science humaine ou de philosophie voire d’art. Ne parlez pas d’un pays que vous ne connaissez pas à BV !

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