Elon Musk s’enthousiasme pour Marine Le Pen

Capture écran Marine Le Pen
Capture écran Marine Le Pen

Insolite. En réaction à un tweet annonçant une supposée victoire de Marine Le Pen à la prochaine élection présidentielle française, Elon Musk a réagi, sur X, par un message aussi laconique que lourd de sens : « Wow ». Au RN, la stratégie à adopter face au trumpisme est plurielle.

Évidemment, dans la langue de Molière ou de Shakespeare, me direz-vous, l’expression semble limitée. Et pourtant, on aurait tort de ne pas s’arrêter sur cette réaction d’un des hommes les plus puissants de la planète. Entre son empire financier, ses conquêtes technologiques sans limites et sa connivence extrême avec Donald Trump, désormais président des États-Unis d’Amérique, Elon Musk appartient à cette catégorie d’hommes que chaque parole, prise de position, réaction engagent.

Adhésion sans réserve ou enthousiasme réservé ?

Or, il important de considérer que c’est bien la première fois qu’Elon Musk s’exprime publiquement sur une potentielle victoire de Marine Le Pen, en ne faisant pas mystère de ses soutien et enthousiasme. Si la source du sondage en question n’est pas identifiée et semble être une interprétation américaine de données anciennes, l’exclamation du milliardaire américain, elle, est indiscutable.

Ces derniers temps, au Rassemblement national, il faut répondre à la vague conservatrice qui envahit le monde et brise le « mur du silence ». Adhésion sans réserve ou enthousiasme réservé ? Trump, Musk, Vance, Milei : autant de personnalités qui ne font pas mystère de leurs positions conservatrices, en particulier sur les sujets sociétaux et moraux. On ne compte plus leurs déclarations et prises de position anti-woke, anti-avortement et anti-lobby LGBT. Deux derniers points qui font grincer des dents certains caciques au RN. Un parti qui n’a eu de cesse, depuis dix ans, de se défaire de l’étiquette très encombrante « réac et néo-facho » dictée par la gauche. La récente charge de Jean-Philippe Tanguy, député RN, contre le ministre de l’Intérieur est révélatrice. Le 16 février, sur LCI, il attaquait une nouvelle fois Bruno Retailleau, accusé d’être « contre le droit à l’avortement, contre le mariage pour tous, contre le droit des femmes, contre la lutte contre un certain nombre de discriminations qui ne sont pas inventées ».

À deux reprises récentes, Marine Le Pen, quant à elle, soufflait le chaud et le froid. Le trumpisme oui, mais à dose raisonnable. Au début du mois à Madrid, lors d’un rassemblement des droites nationales et souverainistes européennes intitulé « Make Europe Great Again », la présidente du groupe RN à l’Assemblée saluait la victoire de Donald Trump et invitait l’Europe « à suivre ce mouvement de renaissance », avant de marquer sa différence en s’affirmant très « française » face à un président des États-Unis « très américain ».

Quelques jours plus tard, elle insistait auprès du média espagnol El Debate : « Nous avons du respect pour le patriotisme de Donald Trump. Ça ne veut pas dire qu’il faut s’aligner sur lui, ça n’aurait aucun sens. »

Bardella à Washington

Une légère prise de distance qui ne passe pas inaperçue, d’autant que pendant ce temps-là, les signaux envoyés par Jordan Bardella semblent sans équivoque. Celui-ci participe, en cette fin de semaine, à la Conférence d'action politique conservatrice (CPAC) à Washington, grand raout politique américain où se retrouvent tous les hommes politiques de la droite conservatrice à travers le monde. Le président du RN doit y intervenir. La semaine dernière, il affirmait : « Avec les électeurs de droite, je partage l’essentiel. » Quelques jours auparavant, interrogée sur la question de la réduction de la masse salariale de la fonction publique, Marine Le Pen répondait : « Non, non, ça, c’est des trucs de droite ! » Au même titre qu’elle insiste pour marquer son opposition à la politique anti-étatiste du président argentin Javier Milei.

Lors de ses vœux à la presse, en début d’année, Bardella affirmait : « La stratégie de Trump, c’est réconcilier le vote populaire et l’élite économique : c’est celle qu’on doit avoir si on veut gagner. » Réagissant à la participation de ce dernier au grand rendez-vous conservateur américain, Gilles Lebreton, ancien député européen (RN), s’est exclamé, sur X : « Attention à ne pas perdre notre âme : contrairement à Reconquête, le RN n’est pas conservateur, il est l’héritier du gaullisme social, c’est pourquoi je l’ai rejoint ! »

Au Rassemblement national, deux lignes se dessinent. « Répartition des rôles », volonté d’« élargir le spectre » de l’électorat, indique un des principaux conseillers de Marine Le Pen. Reste un défi pour le parti lepéniste : harmoniser ces nuances, au risque de les voir se transformer en contradictions.

Vos commentaires

105 commentaires

  1. Avec son rejet apparent de la droite et son addiction à la pêche aux électeurs variés, MLP fonce vers son échec, car beaucoup de ceux qui ont rejoint le RN risquent d’être fort d’être déçus, et n’attendront pas une éventuelle remise dans la bonne direction de Bardella…

  2. Le « Non, no, ça c’est des trucs de droite » est, à propos du poids de l’Etat est très révélateur de ce qu’est réellement MLP : Une droite qui a honte et qui est en vérité un parti gauchisant et ça c’est déjà une trahison des Français. Sans remise en cause de l’ensemble des statuts étatiques la France ne se relèvera pas. Mais, une France qui marche est plus difficile à gérer qu’une France qui souffre… Conclusion ?

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