Congrès conservateur à Washington : Bardella annule son intervention

Capture d'écran LCI
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Rien ne s’est passé comme prévu. Alors qu’il devait prendre la parole à la Conservative Political Action Conference (CPAC), grand-messe des conservateurs américains, Jordan Bardella a annulé son intervention à la suite d’une provocation sulfureuse de Steve Bannon, figure incontournable de la droite américaine. Le RN soutient le trumpisme, mais pas à n’importe quel prix.

La Conservative Political Action Conference (CPAC) se déroule actuellement à Washington. Ce grand rassemblement de la mouvance conservatrice et patriote américaine réunit 10.000 personnes, parmi lesquelles toutes les personnalités influentes des droites nationales à travers le monde. On y retrouve, évidemment, J.D. Vance, Elon Musk, les grands responsables du Congrès américain ou de l’administration Trump. Parmi les délégations étrangères, on notera la présence de Javier Milei, l’incontournable président argentin, Giorgia Meloni, le Premier ministre italien, Nigel Farage, la tête de file des nationaux britanniques, Robert Fico, le Premier ministre slovaque, ou encore le Hongrois Balázs Orbán, conseiller politique de l'ombre du Premier ministre Viktor Orbán.

Du côté tricolore, l’eurodéputée Reconquête Sarah Knafo est invitée en sa qualité de vice-présidente du groupe « Europe des nations souveraines » au Parlement européen. Il en est de même pour Jordan Bardella, président du Rassemblement national et du groupe « Patriotes pour l’Europe » à Bruxelles. Ce dernier devait intervenir ce vendredi 21 février « sur les liens entre les États-Unis et la France ainsi que sur la récente dynamique électorale des partis patriotes en Europe ». « La France a inventé le concept de nation et nous ne voulons pas que la nation française disparaisse. Nous voulons qu’elle inspire le reste du monde, à l’image de la victoire de Donald Trump et de la victoire du patriotisme américain », avait-il répondu au New York Post.

Provocation étrange

Une prise de parole très attendue de celui que la presse américaine décrit comme une « rock star française », avec son « allure de star de cinéma ». La « nouvelle étoile montante de la droite française » prenant la suite de Marion Maréchal car, depuis 2018 et le discours de la nièce de Marine Le Pen, aucun Français n’avait eu le privilège d’intervenir au CPAC. Mais entre-temps, Steve Bannon est passé par là. Le très influent conseiller politique américain, figure majeure des conservateurs, acteur de la victoire de Donald Trump en 2016, s’exprimait sur l’estrade, jeudi. Une prise de parole musclée, qu’il concluait par « Fight, fight, fight » (combattez), formule désormais entrée dans l’Histoire puisqu’elle fut lancée par Trump en Pennsylvanie, alors qu’il venait d’échapper de justesse à une tentative d’assassinat. Bannon tend alors le bras, laissant les observateurs perplexes. Salut nazi ? Salut romain ? Le geste est aussi affirmé que l’homme est sûr de lui. Et la provocation étrange. C’est le moins que l’on puisse dire. Si, aux États-Unis, la charge symbolique d’un tel comportement n’a peut-être pas la même force, Bannon ne peut ignorer le scandale qu’il provoque, la même polémique ayant éclaté, en janvier, avec Elon Musk lors de la cérémonie d’investiture de Donald Trump. Par conséquent, Jordan Bardella a annoncé dans un communiqué, aujourd’hui, qu’il a « pris la décision immédiate d’annuler [son] intervention prévue cet après-midi lors de l’événement ». « À cette tribune hier, alors que je n’étais pas présent dans la salle, l’un des intervenants s’est permis, par provocation, un geste faisant référence à l’idéologie nazie », a-t-il justifié.

« C’est un petit garçon, pas un homme »

Steve Bannon s’est fendu d’une réponse peu amène : « C’est un petit garçon, pas un homme, et seuls les hommes ou les femmes forts peuvent diriger la France », expliquant son geste par la même occasion : « Je le fais à la fin de tous mes discours pour remercier la foule. »

La réaction de Jordan Bardella illustre la prudence avec laquelle le Rassemblement national regarde ce qui se passe outre-Atlantique. Si le trumpisme s’écarte du discours dominant et véhicule les valeurs souverainistes et patriotes chères au parti de Marine Le Pen, tout un pan des positions des conservateurs américains est regardé avec circonspection par le RN. Les propos chocs de Trump, Vance, Milei sur l’avortement, le wokisme, la propagande LGBT : autant de sujets épineux dans l’Hexagone qui pourraient égratigner l’image de respectabilité de Marine Le Pen et d’un Rassemblement national qui cherche à se dédouaner d’un certain passé qui lui a fait abandonner le nom historique de Front national. Rajoutez à cela le style provocateur et parfaitement désinhibé propre aux Américains ; Marine Le Pen et Jordan Bardella sentent le terrain mouvant. Comme une nécessité d’anticiper l’imprévisible.

Vos commentaires

144 commentaires

  1. Sur BV il y à les pros RN et aussi les anti-RN certainement par jalousie de voi le RN aussi haut par rapport à reconquéte et autre,quand à Banon de faire un salut nazi pourquoi fait t’il ce geste qui n’est pas anodin ce qui ne disent rien sont aussi responsable que Banon.

  2. Je veux bien croire que ce n’était pas un salut nazi, comme celui de Musk ne l’était pas non plus. On peut accorder le bénéfice du doute. Mais à force, si ils recommencent régulièrement, on va avoir un doute… . Un peu comme les mêmes qui en février 2022 assuraient la main sur le coeur que non non non, l’armée russe se masse à la frontière ukrainienne, mais ce n’est pas du tout pour envahir l’Ukraine…

    • « On peut accorder le bénéfice du doute ». Le doute c’est le résultat de l’emprise de la gauche sur les esprits. Il y a doute seulement parce que c’est la gauche qui affirme et dit que ce la ne fait aucun doute. Alors il y a ceux qui doutent, ceux qui se couchent prudemment et ceux qui disent ….. « ben voyons ».

  3. Jordan Bardella n’aurait jamais dû annuler son discours Il a fait preuve de lâcheté Au contraire il avait la possibilité de prendre la parole et d’exprimer sa pensée Mais il en été incapable Il avait un discours préparé d’avance appris par cœur Tout simplement il n’était pas à la hauteur Après l’élection de Richard Ferrand grâce au RN pour sauver le soldat Ryan Le RN déçoit beaucoup
    C’est tromper ses électeurs

  4. La politique se joue dans une arène où tous les coups sont permis….et où l’audace, la détermination assurent le pouvoir.
    A force d’être « prudent », et de  » s’abstenir « ….( Prudence qui peut s’apparenter à du « dégonflage », du renoncement ) ce parti RN est de plus en plus décevant et désespérant.
    A vouloir rentrer gentiment dans le rang du politiquement correct, il s’y diluera de façon insipide !

  5. Consternant de voir à quel point le RN se couche et qu’il n’est pas la solution. Ce qui ne l’empêchera pas d’être diabolisé pour remplir sa fonction : être l’opposition officielle, permettant aux mêmes d’être élus et de poursuivre leurs politiques toxiques, mondialistes et wokistes auxquelles il ne déroge pas vraiment. Décidément, ce RN est un leurre !

  6. L’obsession du nazisme nous vient tout droit de de l’Allemagne, qui nous a contaminés avec sa culpabilité honteuse et maladive pour les abominations que son peuple a commises. Aux USA, on ne souffre pas de ce complexe et on fait sans honte ce salut que les gladiateurs faisaient à César avant de combattre. Le fameux « Ave Cæsar, morituri te salutant » était accompagné de ce geste. Plus tard, on a tendu le bras , main ouverte, pour montrer que l’on ne portait pas d’arme. Il y a urgence à guérir de cette obsession qui fausse toute forme de débat. Nous ne sommes pas Allemands, nous n’avons pas créé Hitler.

  7. On lit « La réaction de Jordan Bardella illustre la prudence », mais ne pourrait-on pas remplacer le mot prudence par lâcheté ? Jordan Bardella vient de donner au monde un bien mauvais signal en abandonnant le combat avant de l’avoir livré : il aurait dû au contraire monter à la tribune et expliquer ses valeurs, à savoir refuser toute forme de revendication d’extrême-droite. Bannon aurait compris la leçon et cela aurait grandi Jordan Bardella. A contrario, il montre qu’il « se couche » au premier coup dur. Il donne raison à Steve Bannon qui le traite de petit garçon incapable d’affronter l’adversaire et donc de gouverner un pays aussi rebelle que la France. Jordan Bardella a-t-il eu raison ? Bien sûr que non et il vient même de faire un beau cadeau à Reconquête qui sera considéré aux USA comme le seul opposant à Macron et à la bien-pensance. Ça commence très mal pour le RN sur la scène internationale.

      • De toute manière, il a déjà été accablé dès qu’il a annoncé sa participation à la conférence. Avec ou sans discours, il était déjà condamné. Il aurait mieux fait de monter à la tribune et d’affirmer les positions du RN.

    • . Le RN a su devenir le premier parti de France grâce à son extrême vigilance, à son rejet sans concession de cette ignominie nazie. Certains Américains, nous dit-on, cultivés, semblent pourtant vouloir jouer avec le diable. J. Bardella a eu évidemment raison, même si cela peut nous faire perdre quelques voix au demeurant bien peu reluisantes.

  8. Autant il y avait ambiguïté sur le geste de Musk, autant le geste de Banon ne souffre aucune interprétation. C’est bel et bien un salut nazi ! Et un tel salut ne peut que déshonorer et discréditer à jamais celui qui le commet.
    Je ne suis pas un fan de Bardella. Il n’est qu’un homme de paille pas encore sèche comme le disait si bien Coluche à propos d’un politicien des années 70. Mais sur ce coup-là il a eu raison de montrer sa désapprobation. Personnellement je pense qu’il aurait dû prendre la parole, et indiquer d’emblée dans son discours que les conservateurs ne sont pas des nazis et qu’un tel geste est ignoble.

  9. C donc confirme le RN cherche à être élus à n’importe quel prix pas de défense de C8 permet l’élection de Ferrand en magouillant avec lui le RN va pouvoir accompagner la France ds le précipice vu des US le RN c les LR et les socialistes ensembles

  10. Déception pour ceux qui croyaient encore au RN. Étrillés aux élections par le “barrage”, humiliés par tous, évincés des postes au parlement, mais ne votant pas pour autant systématiquement la censure et bien copains avec Ferrand dans le fond. Je connais quelques représentants de leur électorat qu’on n’y reprendra plus. Inutile de voter pour des hyper dé-diabolisés qui ne feront rien de plus que les autres..

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