C8 : Jean-Noël Barrot patauge dans la liberté d’expression

Au micro d'Europe 1, Jean-Noël Barrot peine à justifier la fermeture de C8. Selon le ministre, la décision serait presque une preuve de... la liberté d'expression !

Il fallait un volontaire pour justifier la fermeture de C8, sur Europe 1. Un tirage au sort désigna Jean-Noël Barrot. Pas de chance. L'homme allait devoir patauger dans les eaux saumâtres d'une censure décidée en haut lieu. Par quel bout prendre cet amas de liberté d'expression en état de décomposition avancé ? C'est un médecin légiste que la radio devait convier.

L'invité du Grand Rendez-vous va s'employer à rassurer les auditeurs éplorés par ce décès subit. La chaîne n'a pas été éliminée d'une balle dans la nuque. Ne nous méprenons pas. L'Arcom lui a simplement ôté son autorisation de respirer. Jean-Noël Barrot nous livre les conclusions de l'expert : « L'Arcom n'a pas fermé C8, elle a décidé de retirer l'accès à la fréquence de C8, c'est-à-dire l'accès au domaine public hertzien de l'État. » Il ne serait jamais venu à l'idée de l'État de tirer à bout portant sur une chaîne sans défense. L'avocat des causes perdues enfonce le clou. Il ne s'agissait « en aucun cas de fermer C8 ». Le coup est parti tout seul, ou quelque chose comme ça. En aucun cas, non plus, il ne fut question « d'empêcher les journalistes, les animateurs, les professionnels de travailler ». Ce ténor de Barrot « souhaite que tous ces talents puissent exercer pleinement heu.... au sein des médias du groupe ». Ils seront également sollicités par Radio Nostalgie pour venir parler du bon vieux temps de la libre parole. Un avenir radieux les attend.

Le mot « censure » prononcé par Mathieu Bock-Côté contraint le maître des ciseaux à redéballer les éléments de langage qu'il venait de ranger dans leur écrin. Donc, nous avons une porte que l'Arcom n'a pas fermée. « Il faut dire les choses précisément », recommence-t-il : (décidément, ils ne comprennent rien) ici, nous avons les charnières de la porte. Dans le cas de Sputnik et RT France, elles permirent que le couvercle se referme sur leur cercueil. Pour C8, ce fut un courant d'air inopportun. Et vlam ! Mais coupons là cette affaire de bricolage. En fait, la grande faute revient au cahier des charges qui régit les chaînes de la TNT. Trop lourd. Sans doute trop sévère. Oh, le vilain cahier ! Mais il permet de « garantir le pluralisme ». C8 n'est pas mort pour rien. Ces règles suivies par l'Arcom, c'est « pour que toutes les opinions, toutes les expressions puissent avoir lieu dans notre pays ». Un grand pas en arrière pour aller de l'avant ! Débarrassé de sa mission première consistant à marteler le concept de non-fermeture, Jean-Noël batifole dans la pataugeoire qu'Europe 1 lui propose. En fin d'interview, le bilan est lourd. Une chaîne tuée dans la force de l'âge et un ministre noyé dans son propre verre d'eau. La liberté de s'ébrouer est en danger.

Jean-Noël Barrot : « L’ARCOM n’a pas fermé C8, elle n’a pas censuré ses animateurs, elle a juste décidé de lui retirer sa fréquence hertzienne d’État, ce n’est pas pareil »

Ah ouais, en gros. L’État n’a pas empêché à Cyril Hanouna de conduire, elle lui a juste volé sa voiture.… pic.twitter.com/6FlTExTJ1W

— Bleu Blanc Rouge ! (@LBleuBlancRouge) February 23, 2025

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