[REPORTAGE] Au Salon de l’agriculture, l’espoir Bardella

Jordan Bardella et Eric Ciotti au Salon de l'Agriculture, 2025. ©JeanBexon
Jordan Bardella et Eric Ciotti au Salon de l'Agriculture, 2025. ©JeanBexon

Malgré le ciel gris parisien, une ambiance festive règne, ce lundi 24 février, au Parc des expositions. Pour le troisième jour consécutif, les visiteurs affluent de Paris et des quatre coins de la France pour rencontrer éleveurs et agriculteurs, venus exposer leurs bêtes et leurs productions dans une atmosphère où résonnent une multitude d’accents régionaux.

Un accueil enthousiaste

« Moi, je veux d’abord voir Bardella. » À peine franchis les portiques de sécurité, cette passante donne le ton. Si les visiteurs viennent avant tout découvrir les spécialités régionales et échanger avec les agriculteurs, la présence du président du Rassemblement national, accompagné d’Éric Ciotti, suscite un véritable engouement. Partout où il passe, Jordan Bardella trouve sur son passage des adhérents, des soutiens, parfois même des fans, heureux de le rencontrer pour la première fois ou de recroiser son chemin. En famille ou entre amis, ils sont nombreux à réclamer un selfie, une signature ou un bref échange. « Vivement 2027 », lâche un visiteur à sa mère, satisfait d’avoir pu serrer la main de l’eurodéputé.

Côté syndicats agricoles, la rencontre avec Jordan Bardella « s’est très bien passée », affirment les Jeunes Agriculteurs. Même satisfaction pour la Coordination rurale, qui a particulièrement bien perçu la venue du Rassemblement national et de l’UDR, même si ses membres s’efforcent de rencontrer les élus de tous bords. « Ça fait du bien d’avoir des gens heureux de venir nous voir et qui s’intéressent vraiment à nous. Avec les autres, on a l’impression d’être des parias. » Même si le Parti communiste ou Les Verts ont déjà rencontré Véronique Le Floch, la présidente du syndicat, cet éleveur de vaches laitières ne cache pas son enthousiasme envers Jordan Bardella dont il est convaincu de la sincérité sur les questions agricoles.

Macron aux abonnés absents

À l’inverse, l’homme ne cache pas sa déception devant l’absence d’Emmanuel Macron. Après une apparition écourtée, samedi, en raison de l’attentat de Mulhouse, le chef de l’État n’a donné aucun élément sur une éventuelle nouvelle visite. Ils ne s’en étonnent plus. « Il n’a pas le courage de se confronter à nous », tranche une agricultrice.

Même pour ceux que la venue du RN et de l’UDR laisse indifférents, l’absence présidentielle, en revanche, interroge et fait soupirer. « Je ne comprends pas qu’ils ne manifestent pas tous. Ils ont l’air d’avoir oublié. » Cette femme d’éleveur ovin, qui aide son compagnon à la ferme, regrette presque cette ambiance apaisée, en comparaison de l’édition 2024. « Les gens sont fatigués de se battre et ils sont contents de se retrouver après une telle année », explique-t-elle.

Pourtant, pour Sophie et son mari Jean-Emmanuel, la colère ne s’estompe pas. Le « revenu décent », grande revendication de l’an dernier, reste un mirage. Mais ce qui inquiète encore davantage ce couple, c’est l’avenir des jeunes agriculteurs. « Aujourd’hui, si on n’est pas millionnaire, c’est impossible de s’installer quand on est jeune agri », renchérit un membre de la Coordination rurale. « En fait, on nous laisse crever, et cette année encore, rien n’est fait, alors qu’on leur a fait confiance l’année dernière », conclut-il.

Samedi, Emmanuel Macron assurait, sur X, sa volonté de permettre aux agriculteurs de produire « comme ils savent si bien le faire, avec le cœur ». Mais ce que ne savent que trop bien les exploitants, c’est qu’aujourd’hui, leur bon cœur et la passion ne suffisent plus à les faire vivre. Si le président de la République tarde à en prendre conscience, certains espèrent que le Rassemblement national, lui, l’a bien compris.

Vos commentaires

4 commentaires

  1. … « comme ils savent si bien le faire, avec le cœur ».
    Mon Dieu, du Macron pur jus !
    Il n’en pense pas un mot, mais il est content, il a déroulé son compliment, pondu une belle phrase sans aucune empathie.
    Du discours d’instituteur élu local style 3ème République, lors de la remise des certificats d’étude dans la salle paroissial, du patelin, avec remise du dictionnaire Larousse.
    Parler comme ça aux agriculteurs et aux éleveurs, c’est vraiment se foutre de leur…
    « Un président ça ne devrait pas parler comme ça ! »
    C’est très bien qu’il soit auprès de Donald Trump, qui lui fait la leçon avec un sourire narquois.
    Je le regardais sur FOX, il avait l’air tellement mal à l’aise, tel un gamin appeler chez le dirlo, et qui sait qu’une fois en tête-à-tête, il va se faire remonter les bretelles.
    Et dire qu’il pense posséder autorité pour faire plier Poutine…
    Pathétique !
    Macron a trouvé son maître en Jordan Bardella, qui lui parle comme tout le monde, sans recherche d’effet…

  2. Pierre Dac disait ; « Parler pour ne rien dire, rien dire pour parler sont les deux critères fondamentaux et rigoureux de tous ceux qui feraient mieux de la fermer avant de l’ouvrir !! en écrivant ceci je pense à macron et bien d’autres politicards.

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