Macron chez Trump : la planète européiste ne répond plus…

Capture écran WSJ News
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Il est 18h30 à Washington, ce 24 février. La voiture qui conduit le président Macron à la Maison Blanche stoppe devant le portail où Donald Trump attend seul, debout dans l’embrasure de la porte. Macron descend. Serrement de mains : Trump s’adresse à quelqu’un en direction de la caméra, puis Macron pose une main sur le bras de Trump... sans retour de la part du président américain. Les spécialistes des relations entre les deux pays notent que l’accueil est frais, beaucoup plus frais qu’en 2017. Macron aura consciencieusement saccagé cela aussi. Quelques heures plus tôt, à son arrivée à la Maison Blanche, il a été reçu plus fraichement par la responsable du protocole yankee… Les deux hommes ont eu un entretien en tête-à-tête, suivi d'un déjeuner et d'une conférence de presse conjointe. Révélatrice, la conférence de presse. Trump explique qui est Mimile, en faisant du président français le pot de fleur passif durant de longue minutes de cet entretien avec les journalistes.

Au cas où Trump ait oublié l'intérêt des USA...

Les efforts franco-européens ont quelque chose de touchant. On réagit encore à Bruxelles et à Paris comme les salariés de l’USAID, promis à des licenciements massifs, voilà quelques semaines : on n’y croit pas. On continue comme si rien n'avait changé. L’Europe peut d’ailleurs compter, pour soutenir sa mollesse, sur le ventre mou Onusien. L’ONU a redit ce lundi officiellement son soutien à l’Ukraine. Erdogan vole au secours du pays envahi par la Russie : l’Europe doit « absolument être incluse dans ce processus », affirme ce bon apôtre qui frappe aux portes de l’UE. Sans arrière-pensées, bien sûr ! L’Europe du nord envoie le même message. Macron n’est pas en reste, la prétention en plus : « Notre soutien à l'Ukraine restera inébranlable. Je suis à Washington pour le rappeler et avancer avec le Président Trump et nos alliés », dit-il. Il a expliqué aux Français ce qu’il allait dire à Trump, en somme qu’il était dans l’intérêt du président américain de s’aligner sur les positions françaises et européennes sans quoi ce serait pris par la Chine ou l’Inde comme une marque de faiblesse. Au cas où Trump ait oublié ce matin en se rasant l’intérêt des Etats-Unis… L'Europe est prête à "renforcer" sa défense, dit lundi Emmanuel Macron, toujours riche, à Donald Trump … De son côté, le Conseil de l’UE, incapable de sortir de sa logique, sort un seizième train de sanctions anti-Russes, contre les « responsables d’actions compromettant ou menaçant l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance de l’Ukraine ». Les gentils attaquent.

Pendant ce temps, durant la même journée de ce lundi, Trump annonce la signature d’accords économiques avec… la Russie. « J'ai de solides discussions avec le président russe Vladimir Poutine concernant la fin de la guerre et aussi des opérations majeurs de développement économique entre les Etats-Unis et la Russie. Les discussions se passent très bien ! »,, écrit-il sur son réseau Truth social. Il estime que la guerre sera finie « dans quelques semaines ». Et quand Macron réclame des forces européennes de maintien de la paix (à nos frais...), Trump répond, bon prince, que Poutine acceptera.

Mais les Etats-Unis opposeront leur veto à tout amendement qui prétendrait atténuer leur résolution à l'ONU. L’ambassadrice américaine à l’ONU insiste : elle veut « une résolution qui se concentre sur une idée simple, mettre fin à la guerre, un chemin vers la paix ». Pour les durs d’oreilles européens. Et à destination des sourds et malentendants, les Etats-Unis expliquent ce 24 février : « Nous opposerons notre véto aux amendements des Européens s'ils sont soumis au Conseil de sécurité ».

En clair, l’Europe aboie, la caravane trumpiste passe.

Barrot part en guerre

Le président français et les Américains ne vivent plus sur la même planète. La planète euro-macroniste a déconnecté, victime d’un décrochage massif de la réalité. Le réel, c’est le poids des forces en présence et le choc des intérêts. A ce petit jeu, qui est depuis toujours celui des nations, Trump et Poutine ont toutes les cartes en main. Les grands discours de puissance de l’UE, les rêves des pères de l’Europe, montrent chaque jour ce qu’ils n’ont jamais cessé d’être : une initiative assez efficace dans l’autodestruction mais incapable de répondre aux grands défis du temps. Un biznounours égaré sur un champ de bataille.

Pour reprendre confiance, on peut compter sur notre ministre des affaires étrangères. L’inénarrable Jean-Noël Barrot poursuit seul l’offensive contre les Russes, comme ces soldats cachés dans les bois qui ignoraient que la guerre était finie : « Trois ans après l’invasion de l’Ukraine, nous renforçons la pression sur la Russie : nouvelles sanctions européennes contre 83 personnes et entreprises, 74 navires, 14 banques, 5 ports, 6 aéroports, 8 médias. Nous durcissons également la lutte contre le contournement des sanctions ». Ça va barder... pour l'Europe.

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Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

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