Hanouna, Leymergie, Giesbert, Lellouche… : « fermer C8 est une honte ! »

Capture écran Touche pas à mon poste !
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Par décision de l’Arcom entérinée par le Conseil d’État, la chaîne C8 va cesser d’émettre vendredi 28 février. Les réactions, qui ont tardé à venir - comme si la France voulait laisser leur chance aux autorités concernées de revenir sur leur décision -, se sont faites bruyantes depuis le verdict définitif, et surtout hier 24 février. Le scandale est grand. Reportons-nous au Larousse. Scandale : effet fâcheux, indignation, produits dans l'opinion publique par un fait, un acte estimé contraire à la morale, aux usages. Synonymes : honte, infamie.

Homme de gauche, venu de France Télévisions où il avait créé et longtemps animé Télématin, la matinale de France 2, William Leymergie s’est adressé à ses téléspectateurs lors de son émission William à midi, sur C8, sur un ton bien différent qu’à l’habitude : « Cette émission s'arrêtera à la fin de la semaine, en même temps d'ailleurs que l'ensemble des programmes de la chaîne C8 qui cessera d'émettre par décision de l'Arcom et du Conseil d'État. Deux institutions de la République unies dans la honte pour supprimer, pour la première fois, vous savez, en France et en Europe d'ailleurs, toute une chaîne de télévision. » Et de conclure que « c'est une violence inédite qui est dirigée aussi contre vous. Vous, le peuple souverain. C’est vous qui décidez ou pas de regarder cette chaîne, elle vous est destinée. Mais qui a le droit de vous en priver sans vous le demander ? Donc, on vous méprise et on vous trahit. »

L’arrogance tranquille

Lors de sa visite au Salon de l’agriculture, Emmanuel Macron avait dénié tout caractère politique à cette affaire, se retranchant, avec toute l’arrogance tranquille dont il a le secret, derrière la légalité de la procédure et des institutions impliquées. Mais le simple fait d’interroger le chef de l’État sur cette question a malgré tout valu à Élodie Huchard, journaliste du service politique de CNews, une charge en règle de l’entourage présidentiel, qu’a évoqué en direct Pascal Praud dans L’Heure des pros : « Mais qui sont ces gens ? Élodie m’a dit "je me suis fait engueuler". Il y a le président de la République qui est au Salon de l’agriculture et il y a une obscure jeune femme de la communication qui vient lui dire qu’on n’interroge pas le président de la République ? Ces gens sont insupportables. »

L’Arcom, un faux nez

La sortie présidentielle résumant la mise à mort de C8 à une simple péripétie technique n’aura pourtant pas convaincu grand monde. Recevant Franz-Olivier Giesbert dans La Grande Interview , sur Europe 1, Sonia Mabrouk donne le ton : « Ce n'est pas une décision politique, a affirmé le Président Emmanuel Macron... Je dis à nos auditeurs qui ne vous voient pas que vous me faites un signe pour dire que c'est de la foutaise. Permettez-moi ce mot. C'est ce que vous voulez dire ? » Tout sourire, l’intéressé se jette sans détour : « Bon, c'est évidemment une décision politique. C'est une honte. L'Arcom est un peu... Comment dire ? C'est un peu ce que le pouvoir lui dit d’être, d'une manière ou d'une autre. C'est le faux nez de... Oui, bien sûr, Emmanuel Macron, évidemment, est derrière tout ça. » Et Franz-Olivier Giesbert de conclure en évoquant celui qui serait particulièrement dans le viseur des censeurs : « Je ne suis pas fan de Cyril Hanouna. Je n'ai jamais été dans son émission. Mais le sujet, ce n'est pas ça […] et ce qui me choque le plus, je vais vous dire, quand je dis que c'est une honte, c'est l'apathie générale avec laquelle cette décision a été accueillie, comme si c'était normal. Non, ce n'est pas normal. »

Galimatias en mode novlangue

Dans L’Heure des pros », sur CNews et Europe 1, l’ancien ministre Pierre Lellouche s’est chargé de la seconde couche : « Je vais vous lire une phrase qui montre à quel point toute cette affaire a été téléguidée politiquement. » Reprenant alors à l’antenne les motifs invoqués par le Conseil d’État, il poursuit : « L'Arcom était dans son droit parce qu'il fallait juger des projets qui contribuent au mieux à la sauvegarde du pluralisme du courant d'expression socio-culturelle, lequel participe de l'objectif constitutionnel de pluralisme de courant de pensée et d'opinion, et qui soit le mieux à même de répondre à l'intérêt public. » Au-delà d’un galimatias « en mode novlangue » devant sans doute faire office d’argument, c’est bien l’aboutissement d’un procédé à caractère très politique que véhicule cet arrêt. Pierre Lellouche remonte donc jusqu’à l’ancêtre, La Haute Autorité de la communication audiovisuelle (HACA, créée en 1982) : « Toute cette affaire commence par un démembrement de la liberté d'expression qu'on confie à une autorité soi-disant indépendante dont les membres sont nommés par les autorités politiques. »

Les années et sigles passent, mais le principe des nominations reste le même : « Trois par le président (de la République), trois par le président du Sénat, trois par le président de l'Assemblée nationale. On commence par [Michelle] Cotta et on termine par [Roch-Olivier] Maistre, que j'ai connu jadis à l'hôtel de ville de Paris quand il était un obscur membre du cabinet de Chirac et qui, aujourd'hui, se permet de fermer une chaîne de TV où il y a 400 personnes qui vivent, 1re chaîne de la TNT, plus de 2,5 millions de téléspectateurs. » Et finalement, conclut l’ancien ministre, « on va la supprimer parce que la sauvegarde du pluralisme des courants d'expression socio-culturelle n'était pas garanti ? C'est un scandale. »

C'est se foutre du monde !

C’est peu dire que la réaction de Cyril Hanouna était attendue. D’ailleurs, dans sa revue des audiences des chaînes du 24 février, Jean-Marc Morandini a fait remarquer que son émission TPMP avait « explosé les compteurs, avec près de 2,7 millions de spectateurs ». L’animateur vedette de C8 s’en est tout d’abord pris frontalement à Emmanuel Macron pour avoir osé dire « qu'ils vont pouvoir retrouver du travail, les 400 salariés [de C8] dans les deux chaînes qui ont été données » par l’Arcom. « Ils ont quatre euros pour faire leurs émissions, et ils vont payer 400 personnes ? » Et Cyril Hanouna d’en conclure que « c'est se foutre du monde de dire ça […] C'est vraiment prendre les gens pour des imbéciles ».

Au cours de cette émission, Cyril Hanouna a aussi annoncé du suspense à grand spectacle, pour jeudi 27 février, soir de la dernière de TPMP. Un bus devrait l’emmener, ainsi que tous ses chroniqueurs, jusqu’à l’immeuble de la chaîne qui l’accueillera après C8. « Il y aura quatre possibilités car quatre propositions m’ont été faites. »

Décidément, si certains auraient sans doute souhaité que C8 agonise en silence, c’est mal parti.

Vos commentaires

9 commentaires

  1. C8

    La fermeture de cette chaîne n’est pas un cauchemar dans une dystopie. C’es un événement réel, -parmi d’autres événement révélateurs -, dans un monde réel, – celui de la France dont la pensée DOIT s’uniformiser par rétrécissement de la liberté d’expression et où l’habitant DOIT être heureux consommateur sous contrôle.

  2. Bien sûr que cette décision de l’ARCOM est politique a tel point que le Conseil d’Etat l’a avalisé. Et cet aval vaut preuve. Quant aux arguments avancés, c’est du bidon. J’espère qu’ils s’en mordront les doigts, un jour.

  3. Cela fait de longues années que je ne regarde plus que très occasionnellement la télé! Je n’ai à titre perso jamais regardé C8! Je n’y suis donc rien dans le succès d’audience de C8! Cela dit, et même si la fermeture ne m’impacte en rien, je trouve que sa fermeture est un scandale et c’est digne de la Corée du Nord!

    Je fais partie de ceux qui ont signé la pétition de soutien! Les chaînes de propagande du système je les boycotte délibérément, mais ceux qui veulent être endoctrinés c’est leur droit!

  4.  Le chef de l’État est quelque peu inquiet que les gens aient des opinions différentes des siennes, mais surtout, qu’ils les diffusent et pire encore, qu’ils soient prêts, le cas échéant, à contester la politique actuellement mise en place.
    Quel toupet, ces gens ! Une opposition politique qui n’est pas totalement corrompue et déjà largement achetée ? Mais c’est insupportable ! Il ne manquerait plus que des mouvements populaires avec des leaders un peu crédibles et de bon sens, mais où irait-on ?
    Pensez donc : avec une telle occurrence, on commence ainsi et on se retrouve à réformer l’État, supprimer les administrations redondantes, à arrêter de cramer des dizaines de milliards tous les ans dans des associations lucratives sans but ou d’autres dizaines de milliards dans une aide au développement qui camoufle de plus en plus mal de simples détournements de fonds publics, à arrêter d’inonder les entreprises de ponctions et de contraintes administratives débiles, à poursuivre et à enfermer les criminels, les délinquants et les corrompus, et, de fil en aiguille, si l’on y prend garde, à retrouver un pays en ordre de marche pour le XXIᵉ siècle.
    Non, ce n’est pas possible, horrible ! ce serait véritablement cataclysmique pour la classe dominante qui, sans cette corruption, ces gabegies et cette propagande, se retrouverait au mieux au chômage, au pire en taule.
    Cependant, la suite logique ne surprendra donc personne : il va falloir censurer plus fort. Tiens ! y a CNews qui conteste ? Voyons voir…

  5. Tout le monde (ou presque) poussent des cris d’orfraie, l’échéance est là.
    Mais qui a mis le censeur en chef aux affaires?
    Pour la plupart, si je me souviens bien ont participé, de prés ou de loin, au cordon sanitaire anti RN.
    Nous avons les politiques que nous méritons.
    Maintenant, c’est un argument de campagne, pour les prochaines échéances électorales : rédonner un créneau de la T.N.T à C8 ou ce qui s’en raprochera.

  6. La fermeture de C8 est scandaleuse…. ! Incompréhensible… et depuis que l explication politique est donnée, je suis encore plus en colère ! Personne n a à me dire ce que je dois regarder,
    penser… je suis libre, et je n admets pas qu on touche à ma liberté ! C’est un scandale ce qui se passe ! Et, de plus, supprimer une chaîne et, forcément, des emplois, est insupportable !

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