Malgré une pétition, Elon Musk reste membre de la Royal Society britannique

Abondamment cosigné, le texte alignait quelques vagues accusations.
Capture d'écran © Youtube TED
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Le 11 février, le Pr Stephen Curry a publié une lettre s’étonnant que la Royal Society - l’équivalent de notre Académie des sciences - tolère des propos d’Elon Musk contraires au code de conduite de l’institution (selon lui). Demandant implicitement son exclusion, la lettre s’est transformée en une pétition signée par 3.494 scientifiques, dont une petite quarantaine de Français.

La fameuse « théorie du complot »

Qui est Stephen Curry ? Jeune retraité, il a été un biologiste de l’Imperial College (Londres), spécialisé ès virus. Il a également été « premier vice-recteur à l’égalité, à la diversité et à l’inclusion » du Collège. La science d’un côté, le sociétal de l’autre. Ici la rigueur, là l’opinion. Curry joue sur les deux tableaux. Loin d’être établies, ses accusations contre Musk sont vagues. Il est question de « promotion de théories du complot infondées » (il y en aurait donc de fondées ?), d’« accusations malveillantes envers Anthony Fauci ». Comme Musk, Fauci est membre de la Royal Society. Pas Stephen Curry. Mais si la place de Musk se libérait, n’est-ce pas…

Autres griefs : l’administration Trump « s’est lancée dans une attaque contre la recherche scientifique ». Mené par Musk, le DOGE a en effet sabré dans des dépenses souvent absurdes - nuance, mais Curry préfère parler d’« un régime de censure ». L’attaque viserait particulièrement « les femmes, les personnes issues de minorités ethniques et les chercheurs handicapés et LGBT ». Sur quoi se base Stephen Curry, précisément, pour affirmer cela ? Atteint d’un syndrome autistique, Musk est lui-même un handicapé.

La tentative tourne en eau de boudin

Autre opposant à Musk, Geoffrey Hinton, spécialiste des réseaux neuronaux artificiels et membre de la Royal Society, s’est déclaré favorable à l’exclusion de Musk. « Non pas parce qu'il propage des théories du complot et fait le salut nazi, a-t-il expliqué, sur X, mais à cause des énormes dégâts qu'il cause aux institutions scientifiques aux États-Unis. » Ce à quoi Musk lui a répliqué que « seuls les imbéciles, poltrons et peu sûrs d'eux-mêmes se soucient des récompenses et des adhésions ». Qualifiant les mots de Hinton d’« ignorants, cruels et faux », il s’est engagé à se corriger sur des points précis qu’on aurait à lui reprocher. Silence du Pr Hinton.

La pression montant, 150 membres de la Royal Society se sont réunis ce 3 mars. Bien sûr, la Royal Society convient « de la nécessité de défendre la science et les scientifiques du monde entier face aux défis croissants auxquels la science est confrontée ». Bien sûr, elle s’inquiète « quant au sort de collègues aux États-Unis qui risqueraient de perdre leur emploi ». Mais il n’est pas question de Musk dans le communiqué. La chasse au sorcier a tourné court.

Les armes de la Royal Society. Par MostEpic — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=116754312

Sur le site de l’institution, la fiche de Musk nous rappelle qu’il a été élu en 2018 en raison des avancées technologiques majeures auxquelles ses sociétés contribuent. SpaceX est « pionnier dans le développement de fusées réutilisables ». Tesla est à la pointe dans « la transition mondiale vers une énergie durable ». Neuralink « développe des interfaces cerveau-machine ».The Boring Company travaille sur « une technologie de tunnelage rapide et abordable avec un système de transport public entièrement électrique ». Ce CV ferait-il des jaloux ?

Une journée de mobilisation internationale est organisée, ce vendredi 7 mars, en faveur de la science américaine qui serait menacée. Agnès Buzyn elle-même appelle à la résistance contre « cet obscurantisme qui envahit les États-Unis ». Décidément, contre Trump et Musk, que de déclarations vagues, de ces déclarations dont la devise de la Royal Society invite à se méfier: « Nullius in verba » (« ne croire personne sur parole »).

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Samuel Martin
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