La gauche s’abstient sur une demande de libération de Boualem Sansal

Les députés socialistes ont suscité l'indignation en s'abstenant de voter un texte en faveur de l'écrivain emprisonné.
Capture écran Le Figaro TV
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Arrêté à l’aéroport d’Alger le 16 novembre 2024, Boualem Sansal, 75 ans, toujours incarcéré sans procès malgré un cancer, était au centre des discussions, mardi 4 mars, à l’Assemblée nationale. La commission des Affaires étrangères examinait une proposition de résolution européenne « appelant à la libération immédiate et inconditionnelle » de l’écrivain franco-algérien.

Honteux et choquant

Si le texte a finalement été adopté grâce au vote de l’ensemble des parlementaires de la droite et du centre présents lors de la séance, à gauche, les représentants des groupes Socialistes, La France insoumise et Écologiste & social se sont abstenus, et les communistes sont même sortis avant le vote, suscitant plusieurs réactions indignées. L’un des députés du Rassemblement national présents, Sébastien Chenu, a ainsi déclaré au JDD qu’un « parti dit de gouvernement comme le PS n’adopte pas une telle résolution pour la liberté, c’est à la fois honteux et choquant ». Le socialiste Pierre Pribetich, nous apprend Le Figaro, a justifié l’abstention de son groupe, sans vraiment donner de précisions : « Nous sommes pour la libération immédiate et inconditionnelle de Boualem Sansal », a-t-il rappelé, mais pour ajouter ensuite : « Ils ont profité de ce texte pour faire rentrer une liste de courses pour rentrer dans un rapport de force et contraindre l’Algérie. Cela ne nous convient pas », pointant notamment le groupe Ensemble pour la République (dirigé par Gabriel Attal).

Le PS avait voté le même texte le 5 février

Afin d’en savoir plus sur le déroulement de cette séance et sur les raisons de l’abstention générale à gauche, nous avons contacté Constance Le Grip, apparentée Ensemble pour la République et rapporteur du texte. Parce qu’autant l’attitude des écologistes, des communistes et plus encore des insoumis peut s’expliquer par des motifs purement « électoralistes », autant la réaction des socialistes étonne un peu. « Je partage votre perplexité, et ce, d’autant plus que le 5 février, j'avais selon l’usage présenté mon projet de proposition de "résolution européenne" en commission des affaires européennes, et les représentants du groupe socialiste avaient voté en faveur de la proposition. » Le texte sur lequel les parlementaires socialistes se sont abstenus, le 4 mars, était-il différent de celui qu’ils avaient approuvé, le 5 février ? « Bien sûr que non. Le texte présenté à l'examen des collègues de la commission des Affaires étrangères est bien celui issu des travaux de la commission des Affaires européennes. » Comment expliquer, dès lors, un tel revirement ? Ayant pu écouter en direct les diverses interventions durant la séance du 4 mars, et au vu des amendements déposés, Constance Le Grip a pu réunir quelques éléments de réponse : « En vrac, il nous a été reproché d’avoir demandé dans ce texte à Alger la création d'une mission médicale internationale pour examiner Boualem Sansal, étant très inquiets quant à son état de santé. Mais aussi d’avoir listé des faits absolument incontestables, par exemple que l'Algérie a régressé à la 139e place dans le classement mondial de la liberté de la presse. » D’autres points semblent avoir froissé les socialistes, comme « le rappel de la privation par les autorités algériennes à Boualem Sansal de ses droits fondamentaux, à commencer par la protection consulaire et le droit à la défense », mais aussi « la mention du durcissement du régime et de l'accroissement de la répression politique qui s'abat sur des journalistes, des militants politiques, des militants associatifs ».

Ne pas déplaire au régime algérien

Constance Le Grip cite, enfin, « les appels à ce que l'Algérie soit en cohérence avec tous les engagements internationaux, ces conventions et autres chartes qu'elle a elle-même signées. Qu’elle respecte donc ses engagements pris sur les droits fondamentaux, les droits humains, etc. » Pour la députée des Hauts-de-Seine, « toutes ces considérations ont manifestement déplu et semblent être considérées comme parfaitement inutiles, superfétatoires. Pour les groupes de gauche, mon texte mettrait la pression sur le régime algérien, lui imposerait des conditions, lui donnerait des leçons. Finalement, ils auraient voulu réduire le texte à un article unique se bornant à demander "la libération immédiate et inconditionnelle de Boualem Sansal". »

Le texte, adopté le 4 mars par la commission des Affaires étrangères, doit désormais faire l’objet d’une discussion et d’un vote final. Si la date de passage du texte dans l'Hémicycle n'a pas encore été fixée, ce sera « probablement début avril », précise son rapporteur. La question étant de savoir si les socialistes se laisseront alors à nouveau entraîner par l’extrême gauche dans un « vote de confiance » au régime algérien.

Vos commentaires

16 commentaires

  1. honte à cette gauche, il ne sont déjà pas nombreux , mais j’espère qu’aux municipales il ne restera pas beaucoup d’élus , les français se rappelleront qu’ ils se sont alliés au pire : LFI et l’extrême gauche.

  2. La gauche et les communistes ont toujours combattu les intérêts français
    Faudrait pas oublier leurs actions antifrançaises lors des conflits indochinois et algériens
    Et ils continuent aujourd’hui
    Qu’ils regardent ce que sont devenu les communistes en Iran (n’oublions pas que le shah a été renversé par les communistes ) les ayatollahs une fois au pouvoir
    Mais réfléchir est ce à leur portée ??????

  3. la gauche et les autres écolos lfi sont une honte pour notre pays si nous avions un gouvernement responsable il prendrait des décisions radicales contre ces anti France. Monsieur Sansal est un Français otage d’un despote qui participe à la destruction de notre pays et Macron ne fait rien.

  4. Primo, il ne faut pas fâcher les électeurs. Secundo, la liberté ne s’exprime pas particulièrement dans les pays gouvernés par la gauche (ex-Union Soviétique, Chine, Corée du Nord, Cuba), il faut arrêter avec cette idée que les dictateurs sont tous de droite et les défenseurs des libertés tous de gauche.

  5. Avec notre courageux président et une justice idéologisée le malheureux Monsieur Sansal va décéder dans les geôles de cet état totalitaire. Ces valeureux juges et président auront sa mort sur la conscience, encore qu’ils doivent être nés sans ou avoir eu une ablation ?!?

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