Étiquette énergie : une invention du Parlement européen sans queue ni tête

Analyse, signée BV, sur ce système de notation de l'électroménager sans le moindre intérêt.
étiquette énergie

Comme beaucoup de « grandes idées », les étiquettes énergie sont à mettre au crédit du Parlement européen. Ces étiquettes sont nées d'une directive « concernant l’indication, par voie d’étiquetage et d’informations uniformes relatives aux produits, de la consommation en énergie et en autres ressources des produits liés à l’énergie » qui remonte à 2010. Elles sont appliquées en France depuis quatre ans.

Comme pour le diagnostic de performance énergétique (DPE) ou le Nutri-Score, elles se présentent sous la forme de pyramides de couleurs, de vert à rouge, accompagnées de notes allant de A à G. Leur but ? Si l’on en croit le ministère de l’Économie qui s’adresse au Français comme à des enfants en bas âge, « elle vous apporte des informations précieuses afin de vous équiper de manière écologique et économique ». Bercy explique également : « Les lettres A ou A+++ (selon la catégorie de l’appareil, par exemple : fours et hottes) sont attribuées aux appareils les plus économes, les lettres D ou G […] sont attribuées aux appareils les plus énergivores. » Sur le papier, ça a l'air simple. Et si on y regardait de plus près ?

Illogique

BV s’est rendu dans un grand magasin d’électroménager et a comparé plusieurs produits. Direction le rayon télévisions, pour commencer. Les modèles ne manquent pas. Les deux premiers observés sont respectivement notés F pour une consommation de 77 kWh/1.000h [kilowattheure pour 1.000 heures, NDLR] et E pour une consommation de 64 kWh/1.000h. Jusqu’ici, cela semble assez cohérent. Moins le téléviseur consomme, meilleure est sa note. Il s'avère que ce n’est en rien une règle absolue. Un peu plus loin, un appareil est noté G, la plus mauvaise note, alors qu’il ne consomme que 70 kWh/1.000h, soit moins que le premier appareil étudié, lui, estampillé F. Trois télévisions plus loin, encore un G, mais cette fois pour une dépense de 53 kWh/1.000h. Que faut-il comprendre ? Difficile à dire.

Ce manque de cohérence est-il propre aux télévisions ? Que nenni ! Du côté des réfrigérateurs, il en est exactement de même. Un appareil qui dépense 217 kWh par an est classé D, tandis qu’un autre modèle ne consommant que 165 kWh par an s’est vu attribuer la note de E. À part ça, l’étiquette énergie est censée aider les consommateurs à « mieux évaluer la performance énergétique » des produits qu'ils achètent.

Trompeur

Elle devrait aussi leur permettre de jauger, en un clin d'œil, l’impact des appareils sur les factures d’énergie. Un appareil classé G avec un curseur dans le rouge devrait, en toute logique, coûter cher et, a contrario, un électroménager en A, voire A++, être plutôt économique. Là encore, il n’en est rien.

Reprenons l’exemple de notre télévision bénéficiant de la plus mauvaise note possible, avec une consommation de 53 kWh pour 1.000 heures (soit 0,053 à l'heure). Si l’on considère, comme indiqué par Médiamétrie, que les Français passent en moyenne 3 heures 30 minutes devant leur poste chaque jour, soit 1.277 heures par an. Sachant que le kilowattheure d'électricité vaut actuellement 0,2016 euro, à la fin de l’année, ce téléviseur aura coûté 13,60 euros à son propriétaire, soit 1,1 euro par mois. Il n’y a pas de quoi fouetter un chat mais, surtout, il n’y a pas de quoi crier au scandale énergivore, comme pourrait le laisser penser la lettre G.

Vous l’aurez compris, ce système de notation n’a ni queue ni tête. Il a été pensé dans des bureaux strasbourgeois par des petits hommes gris qui n’ont aucun sens des réalités et veulent absolument régir les achats des Européens. Le tout en infantilisant les consommateurs et en leur faisant avaler n’importe quelle ineptie à grand coups de note et de code coloriel inquiétant. Jusqu’à quand ?

Vos commentaires

25 commentaires

  1. Tout çà pour en foutre plein la vue aux personnes non techniciens.
    A savoir :
    . k = 1000
    . énergie (ou dépense énergétique dans le cas) = puissance X temps
    ==> wh = 1w X 1h
    ==> kwh = 1000w X 1h = 1w X 1000h … etc.
    Quelque soit la façon :
    kwh/1000h = 1000wh/1000h = 1 wh/1h, autrement dit une puissance de 1w !
    ==> 53 kwh/1000h ==> puissance de 53 w

    • Complètement d’accord. Le standard, c’est le kwh, soit le nombre de kw consommés pour une heure de fonctionnement. Des kwH par 1000H, euh …. Ou alors on parle de kw/1000h. Sachant que 1000 heures / 365 = , ça fait 2.74 heures par jour. ça correspondrait à une utilisation que l’on veut nous présenter comme standard. Même pas 3 heures par jour ? Je m’étonne …

  2. Tout est fait pour infantiliser les consommateurs et le peuple. Mais le plus dramatique est qu’au pays de Descartes, ces procédés fonctionnent. A l’heure de l’informatique, pour ceux qui auraient des difficultés avec le calcul mental, il est pourtant aisé de faire des petits calculs permettant de mesurer l’économie réelle sur le long terme. Mais, pour cela il faut être curieux et oser remettre en cause les discours lénifiants.

  3. Est-ce que les apparentes anomalies ne s’expliqueraient pas par les caractéristiques des produits? Par exemple, un téléviseur de 65″ consommera toujours plus qu’un de 32″ (logiquement jusqu’à 4 fois plus). Donc comparer les consommations et notes n’a pas de sens si on ne donne pas les caractéristiques de l’appareil. Idem pour les réfrigérateurs, en fonction de leur capacité. Article trompeur, éventuellement malhonnête.

Laisser un commentaire

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Quand un pays peut mobiliser sa diaspora contre vous, comme l’Algérie, il vous tient
Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois