« Maman va danser » ? Mince alors, on vient de redécouvrir la Lune !

Nouveau phénomène de société, des soirées réservées aux femmes sont de plus en plus organisées
@Smitty-Unsplash
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« Un homme, c’est lourd », aimait à répéter Yvette Roudy, ministre de la Condition féminine au siècle dernier, sous Mitterrand Ier. Lourdingue, l’époux, quant aux enfants, je ne vous dis pas… Quelle charge ! Rien que des boulets, des fardeaux, des empêcheurs de vivre en rond. Ça crie, ça pleure, ça s’oublie dans sa couche, ça pollue la planète, ça mange tout le temps et, pire que tout, ça vous déforme ! On comprend dès lors qu’elles soient si nombreuses à ne plus vouloir en fabriquer. Vivement que la location des ventres “se démocratise“ !

Mais alors, pour celles qui se sont laissées piéger, victimes d’un mâle cisgenre ou de l’horloge biologique qui fait tic-tac dans les ovaires, comment sortir de l’enfer ? En allant danser, pardi, sans mec et sans contraintes, bien moulée dans son petit short à paillettes.

« Laisser la charge mentale au vestiaire », qu’elles disent

C’est Le Parisien qui s’enthousiasme, ce mercredi, sur « le phénomène “Maman va danser“ » qui se répand dans toute la France. Parties de Berlin, la capitale de l’Europe festive, « ces soirées non-mixtes (…) attirent en masse les femmes avides de sorties festives », si bien qu’un collectif s’est créé pour populariser le phénomène et « proposer partout en France des rendez-vous réguliers ». A Paris, Marseille, Lyon, Nantes, Bar-le-Duc, La Rochelle, Limoges, Montélimar… « des centaines de femmes, des jeunes mères pour la plupart, se sont retrouvées dès 19 heures dans des bars pour des soirées dansantes non mixtes “Maman va danser“ ». L’objectif : « Lâcher prise entre femmes, faire la fête sans se ruiner ni veiller trop tard et “laisser la charge mentale aux vestiaires“, loin des enfants et de leurs papas. »

 

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Qui fréquente ces soirées ? Des fêtardes, comme elles se définissent elles-mêmes. « Pour la plupart, avec mes amies, on sortait beaucoup avant de devenir mères », confie l’organisatrice des soirées rouennaises. C’est vrai, je vous entends d’ici : on peut être fêtarde et bonne mère. Sans doute. D’ailleurs, certaines organisatrices envisagent d’installer une garderie d’enfants à proximité de la fête.

Et puis il faut comprendre : l’âge de la maternité arrive de plus en plus tard. Si, autrefois, « on faisait avec », on attend maintenant les conditions idéales pour faire un enfant : logement, travail, revenus… Il en faut, des prérequis, pour se lancer à être parent. Alors forcément, le temps qu’arrive le bon moment en question, on a pris des habitudes de vie : sorties en boîte, histoires d’un soir, ronron des réseaux sociaux…

Récupération mercantile et féminisme politique

La presse est enthousiaste devant ce qu’elle présente comme une grande avancée sociétale. En réalité, rien de nouveau sous la Lune. Dans les couples d’hier, on savait aussi se ménager des plages à soi : pratiques artistiques, sport, vie associative… à chacun son moment pour peu qu’on s’entende.

Aujourd'hui, où tout doit se penser et se présenter sur le mode victimaire, il faut l’appropriation féministe comme justification d’une revendication somme toute banale, celle d’avoir un moment à soi loin des contraintes. Ici, c’est la ségrégation assumée, « loin des mecs ». Et comme tout se récupère, un dénommé Simon Boccanegra, « salarié dans l’administration de spectacles et DJ », nous dit Le Parisien, « assume l’idée de créer des “soirées engagées“ pour les droits des femmes à un tarif très accessible ».

Dans la même veine, alors qu’on nous rebattait les oreilles de la très consumériste Saint-Valentin,  Le Parisien consacrait un article au « collectif de fêtardes » La Bringue, créé en 2017, qui multipliait les soirées non-mixtes autour du concept de « Sans Valentin ».

« Au départ, nul élan féministe ne motivait les organisatrices », disait alors l’organisatrice de la soirée parisienne, mais « on s’est politisées malgré nous ». Et d’expliquer : « Ici, on ne filtre personne sur son âge, son orientation sexuelle. Il y a pas mal d’étudiantes, beaucoup de lesbiennes mais aussi plein de femmes hétéros, quelques-unes plus âgées ». Elle ajoute : « À chaque fois, des artistes féminines et des Djettes sont conviées » pour animer les soirées.

Dans le cœur de Paris, là où niche la start-up nation, on prévoit pour le 19 juin prochain une « Mum’s party », ouvertes à toutes sans discrimination, trans et femme ménopausées sans doute. Déjà, les stickers sont prêts avec leurs slogans choc : « Pause biberon, place au bourbon », et « Du lait à la vodka, il n’y a qu’un pas ». Qu’en disent les addictologues qui protestent contre la réouverture des bistrots de campagne ?

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Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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