14 mars 1590 : à la bataille d’Ivry, « Ralliez-vous à mon panache blanc ! »

Le 14 mars 1590, la plaine d'Ivry, en Normandie, est le théâtre d'une bataille décisive des guerres de Religion opposant les forces de la Ligue catholique aux troupes royales, menées par un Henri IV encore protestant. Ce combat, marqué par la célèbre exhortation du Vert Galant « Ralliez-vous à mon panache blanc », permit au roi huguenot d'affermir son autorité sur le royaume de France et de progresser vers la reconquête de Paris.
Pas de roi protestant dans une France catholique
En 1590, la France est encore ravagée par les nombreuses guerres de Religion qui opposent catholiques et protestants. Après l'assassinat du roi Henri III en 1589, Henri de Navarre, chef des huguenots et héritier légitime selon les lois de succession, revendique alors la couronne. Cependant, ces prétentions sont contestées par la Ligue catholique, soutenue par l'Espagne et dirigée par Charles de Lorraine, duc de Mayenne, qui refuse catégoriquement qu’un hérétique puisse accéder au trône des rois catholiques de France.
Dans ce contexte explosif, Henri IV doit alors affirmer ses prétentions et son autorité par les armes. Après sa victoire à Arques, en septembre 1589, il entend poursuivre son offensive pour s’emparer de Paris, alors contrôlé par la Ligue. Cependant, pour y parvenir, il doit écraser une bonne fois pour toutes les armées rebelles du duc de Mayenne.
« Je veux vaincre ou mourir avec vous »
Ainsi, le 14 mars 1590, les deux armées se font face sur les plaines normandes près d'Ivry (aujourd'hui Ivry-la-Bataille, dans l'Eure). Henri IV aligne environ 10.000 hommes, dont une cavalerie aguerrie et des mercenaires suisses. En face, les ligueurs de Charles de Lorraine comptent environ 13.000 soldats, renforcés par des troupes espagnoles.
Conscient de son infériorité numérique, Henri IV mise sur le courage et la vaillance de ses soldats pour changer l’issue du combat. Avant l'affrontement décisif, il s’adresse à eux en ces termes : « Mes compagnons, si vous courez aujourd’hui ma fortune, je cours aussi la vôtre ; je veux vaincre ou mourir avec vous. Dieu est pour nous. Voici ses ennemis et les nôtres. Voici votre roi. Gardez bien vos rangs, je vous prie ; si la chaleur du combat vous les fait quitter, penser aussitôt au ralliement ; c’est le gain de la bataille. […] Si vous perdez vos enseignes, cornettes ou guidons, ne perdez point de vue mon panache ; vous le trouverez toujours au chemin de l’honneur et de la victoire. » L’Histoire résumera cette harangue en une phrase devenue légendaire : « Ralliez-vous à mon panache blanc ! »
Ce discours prononcé, la bataille peut enfin commencer. Après quelques salves d’artillerie, les cavaleries des deux camps se précipitent l’une contre l’autre, dans une terrible charge provoquant un effroyable fracas de sabots et d’acier. Lames entrecroisées, chevaux affolés : le choc est d’une violence inouïe. Henri IV mène personnellement ses troupes, son panache blanc flottant au-dessus du tumulte. Grâce à la discipline de ses soldats et à sa propre bravoure, il parvient à repousser les assauts des ligueurs. La confusion s’empare alors du camp adverse et l’armée de Mayenne finit par fuir, abandonnant le champ de bataille et offrant la victoire au roi de Navarre.
Une victoire de la légitimité royale
La victoire d'Ivry permet à Henri IV d’affirmer son autorité militaire et politique. Après la fuite du duc de Mayenne, il met le siège devant Paris, mais la ville lui résiste farouchement. Comprenant que son protestantisme constitue un obstacle insurmontable à son règne, il finit par abjurer sa foi huguenote le 25 juillet 1593, admettant que « Paris vaut bien une messe ». Cette conversion lui permet d’être reconnu comme le roi légitime du royaume de France par ses sujets et d’être sacré le 27 février 1594 à Chartres.
Ainsi, le souvenir d’Ivry demeure associé au courage et à la stratégie d’Henri IV. Son panache blanc, devenu un symbole de bravoure et de fidélité, incarne l’image éternelle du roi chevalier, à la fois meneur d’hommes et habile politique. Cette bataille marque également une étape essentielle vers la pacification de la France et l’avènement d’un pouvoir fort, incarné par Henri de Navarre, qui sut imposer la dynastie des Bourbons face aux divisions de son royaume.
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2 commentaires
Merci pour ce rappel de paroles historiques, plus ou moins authentiques, qui accompagnèrent l’intronisation d’Henri IV.
Dans BV , on s’informe , on s’offusque , on se scandalise de ce que révèlent les articles, mais on se cultive aussi . Je ne me souvenais pas de la signification exacte de ces phrases célèbres , « Ralliez vous à mon panache blanc ! » et « Paris vaut bien une messe » . Voilà une lacune qui est corrigée grâce à vous monsieur de Mascureau . Merci pour ces précisions , il ne faut pas mourir idiot .