Marseille : le maire Benoît Payan sanctionne un élu mis en cause pour violences

Ce jeudi 13 mars 2025, quatre hommes avaient rendez-vous devant la Justice. Ils devaient être jugés en comparution immédiate, suite à l’agression de deux militants de La France insoumise. Parmi ces quatre personnes, des noms bien connus, à Marseille : Sébastien Jibrayel, adjoint socialiste aux sports de la ville, conseiller départemental et conseiller métropolitain ; son père, Henri Jibrayel, ancien député, conseiller départemental et conseiller général (PS) ; et Lyece Choulak, adjoint à la Jeunesse des XVe et XVIe arrondissements. Le quatrième larron est un certain Mohammed Aboud, « l’homme de main » des Jibrayel, selon Me Yones Taguelmint, l’avocat de l’une des deux victimes. Tous sont soupçonnés d’avoir participé à des violences volontaires en réunion. Ils se sont présentés à la barre après avoir été placés en garde à vue pendant 48 heures.
Pas encore jugé…
Les faits remontent au 18 janvier dernier, aux alentours de 14h30. Deux jeunes hommes de 24 et 26 ans sont en train de coller des affiches en faveur de La France insoumise aux abords de l’école Saint-Henri Raphel 2, dans le XVIe arrondissement de la ville, quand quatre individus s’approchent et les agressent. Le tout sous l'œil d’une caméra de vidéosurveillance de la ville. Après avoir été malmenés physiquement, au point de recevoir respectivement des ITT de deux et quatre jours, les militants décident de porter plainte. À cette occasion, l’un deux dit avoir reconnu Sébastien Jibrayel et rapporte que ce dernier aurait encouragé l’agression. Le visionnage de la vidéo permet de confirmer ses dires. Les images montrent un adjoint aux sports particulièrement véhément. S’il ne porte pas lui-même de coups, il semble inciter Mohammed Aboud à le faire. Une des victimes raconte qu’il aurait même crié « Vas-y, nique le ! »
Dans une salle comble de journalistes et de spectateurs, parmi lesquels Sébastien Delogu, les quatre protagonistes devaient donc répondre de ces actes et donner des précisions sur leur participation à l’agression. Comme il se doit, lors d’une comparution immédiate, le président de séance demande aux prévenus s’ils désirent être jugés le jour même ou solliciter le renvoi pour préparer leur défense. Mohammed Aboud souhaite que son procès se déroule cet après-midi même, tandis que Lyece Choulak, Sébastien Jibrayel et Henri Jibrayel demandent le renvoi. Les enjeux ne sont pas les mêmes pour les quatre hommes, les stratégies non plus.
Le casier judiciaire de Mohammed Aboud n’est pas vierge. Il a déjà été condamné en 2019 pour violence. Son avocate indique : « Monsieur Aboud a reconnu les faits, il veut les assumer. » Sébastien Jibrayel, dont le casier est vierge, lui, les « conteste », comme expliqué par son avocat, Me Sébastien Liautaud. Lyece Choulak, Henri Jibrayel et leurs avocats respectifs ne s’expriment que très peu.
Si la demande de renvoi est acquise de droit, il convient néanmoins d’en définir les contours. Le vice-procureur requiert le placement en détention provisoire pour Mohammed Aboud en raison de sa plus importante implication présumée et de son passé judiciaire. Il met également en avant « le risque de représailles pour les victimes, au regard du contexte politique dans lequel a été commise cette agression ». Concernant les trois autres prévenus, il demande le placement sous contrôle judiciaire.
… déjà condamné
Les deux avocats des victimes plaident à leur tour. Me Yones Taguelmint rappelle que des paroles telles que « On vous retrouvera » ont été prononcées lors de l’agression et que, de fait, les militants ont peur : « Les plaignants sont traumatisés, ils ont peur des représailles. Il faut qu’on puisse apporter une réponse aux plaignants pour que des pressions ne puissent pas être exercées sur eux. » Selon lui, il faut « a minima une interdiction d'entrer en contact » avec eux. Il sera écouté. Le procès est renvoyé au 22 mai prochain pour l’ensemble des prévenus, et jusqu’à cette date, ils ont l’interdiction de prendre contact avec les victimes. Ils sont aussi privés de contact entre eux, à l’exception de Sébastien et Henri Jibrayel, en raison de leur lien de parenté.
Pour le moment, l’affaire judiciaire en reste là. La Justice ne tranche pas, contrairement à la mairie. Contactée par BV, elle indique : « S’il reste élu, Sébastien Jibrayel n’est plus adjoint. Benoît Payan rappelle, en outre, que l’exemplarité est une ligne de conduite indispensable à l’exercice des mandats publics » et que « les comportements violents contre les personnes doivent être sanctionnés, sans compromis ni arrangements ». Pour une fois, on ne peut que lui donner raison. Acte II, le 22 mai.

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Un commentaire
Drôle de pays ou les ministres mis en examen restent en poste au nom de la « présomption d’innocence »,et ou un adjoint au maire est viré pour la même raison…