Ici, on décolonise : la maison natale de Shakespeare en proie au wokisme

Le dramaturge est accusé d'avoir servi aux « récits impérialistes de suprématie culturelle ».
Par Stuart Yeates [1] — https://www.flickr.com/photos/stuartyeates/43979694/, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1632413
Par Stuart Yeates [1] — https://www.flickr.com/photos/stuartyeates/43979694/, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1632413

« Le lieu de naissance de Shakespeare sera décolonisé, suite à des soupçons de "suprématie blanche" », a récemment alerté le Telegraph. D’autres journaux ont emboîté le pas, réagissant vivement au bouleversement annoncé des collections de la maison natale du dramaturge. Le Shakespeare Birthplace Trust (SBT), qui gère les bâtiments de Stratford-upon-Avon, a immédiatement chercher à calmer le jeu… sans convaincre.

« Célébrer Shakespeare, explorer nos collections » : par ces mots rassurants, le SBT a paru démentir l’accusation de wokisme. Le texte est des plus lénifiants. Cependant, dès qu’on parle d'« explorer l’histoire des collections », de prendre en compte « l'évolution des interprétations de nos objets et documents » qui est « un sujet sur lequel tous les musées doivent se concentrer », il y a de quoi être méfiant. La rhétorique est connue.

« Nous devons être absolument radicaux »

Ce 21 mars, la présidente du SBT, Rachael North, affirme que le projet du musée a été « déformé par la presse »… tout en réaffirmant que le SBT ne perdra pas de vue son objectif qui est de rendre « ses collections accessibles et inclusives », selon nos confrères d’Arts Professional. « Je pense que nous devons être absolument radicaux sur ces points », assure-t-elle. Encore du vocabulaire woke.

La presse anglaise n’a pas publié de « fake news ». Sur son site même, le SBT admet que les visiteurs des collections « peuvent être confrontés à des propos ou des représentations racistes, sexistes, homophobes ou autrement préjudiciables ». Il reconnaît mettre en œuvre « des pratiques qui visent à traiter les descriptions offensantes ou nuisibles dans le cadre de notre travail de catalogage ». Un projet soutenu par la Esmée Fairbairn Foundation, un poids lourd du wokisme muséal, via le « réexamen » des collections.

« Shakespeare comme outil de suprématie culturelle »

En l’espèce, la relecture inquisitoriale est incarnée par une universitaire de l’université de Birmingham, Helen Hopkins. Ses recherches visent « à identifier une forme de diplomatie culturelle inclusive, anticoloniale et décoloniale qui remette en question l'utilisation historique de Shakespeare comme outil de suprématie culturelle ». Là encore, une rhétorique identifiée.

En 2021, Helen Hopkins a fait sa thèse de doctorat sur la collection Shakespeare. Depuis, celle-ci est devenue son cheval de bataille et son fonds de commerce. Helen Hopkins a reçu un financement en 2022 pour faire des propositions concrètes concernant cette collection. Il y a « urgence » à agir sur trois axes : « reconnaître le rôle que Shakespeare a été forcé de jouer dans l’établissement et le maintien des récits impérialistes de suprématie culturelle » ; purger les collections « de la pensée anglocentrique et colonialiste » ; les rénover « pour lutter contre les inégalités sociales qui sont ancrées dans l’impérialisme ». Toujours pas woke ?

La preuve par le bol de céramique

Pauvre Yorick, et surtout, pauvre Shakespeare ! En décembre dernier, Ian McCormick publiait Woke Shakespeare : « Dans quelle mesure le travail avec Shakespeare implique-t-il des perspectives globales et des perspectives postcoloniales qui pourraient contribuer à la décolonisation du programme scolaire ? » Quel déploiement de moyens pour contextualiser un homme dont on a pu prétendre qu’il n’existait pas - cancel culture avant la lettre dont Alphonse Allais avait fait justice : « Shakespeare n’a jamais existé. Toutes ses pièces ont été écrites par un inconnu qui portait le même nom que lui. »

Helen Hopkins prépare une monographie sur les collections du SBT qu’elle s’apprête à mettre cul par-dessus tête. Quelle est l’ampleur du crime shakespearien ? De quoi parle-t-on concrètement ? Deux exemples. Un bol de céramique « met en lumière le fonctionnement de l’impérialisme. » Un buste de Rabindranath Tagore offert par l’Inde « soulève des questions sur l’héritage de l’impérialisme ». Haine de soi, indigence culturelle et paresse intellectuelle sont les trois mamelles du wokisme.

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Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

27 commentaires

  1. Un scandale chez Sa Majesté Charles III !
    Le déni historique n’a d’autre origine que la présence au « Nr 10 » de Keir Starmer et de sa troupe d’extrémistes gauchistes (Labour*) qui mettent actuellement le pays sans dessus-dessous.
    La nomination de Lisa Eva Nandy au « Secretary of State for Culture, Media and Sport », aurait même semble-t-il horrifiée le « Palais ».
    Heureusement, ces gens-là, ces gauchistes qui font fuir en masse élus et les plus ardents de leur base électorale, voient leurs jours comptés.
    Il faut juste souhaiter que leur départ se concrétise de toute urgence.
    D’énormes scandales à la fraude électorale, des CV bidons des plus hauts détenteurs « Secretary of State » (ministres chez nous)…
    Il y a même une « demande pressante » auprès du Roi Charles III d’user de l’un de ses rares privilèges politiques en tant que Monarque, afin qu’il appelle à des élections générales anticipées.
    PS. Je réside à Londres depuis 30 ans, suis ce scandale, et comme nombre de britanniques, suis horrifié par les actes de ces wokes.
    * « Labour », socialistes qui n’ont rien à envier au NFP chez nous.

    • Oui mais comme en France, les immigrés votent à gauche (savent-ils eux-mêmes pourquoi ?) et l’état du Royaume-Uni est tel que la gauche, le labour, ne risque rien en cas d’élection. Par contre, je pense que dans les personnes « horrifiées » dont vous parlez, tout comme en France, bon nombre ont voté et continue de voter pour un parti dont ils ne partagent pourtant pas les idées en général. Consternant !

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