Narcotrafic : face à LFI, le gouvernement peut remercier le RN

La majorité ayant déserté les bancs de l'hémicycle, le gouvernement a pu compter sur la présence du RN.
© Capture d'écran Public Sénat
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« Victoire exceptionnelle ! » Ce 24 mars, en fin d’après-midi, l’Institut pour la justice (IPJ) se réjouissait de voir l’une de ses propositions pour lutter contre le trafic de drogue adoptée par les députés. Reprise par Edwige Diaz, députée du Rassemblement national, et Olivier Marleix, député de la Droite républicaine (Les Républicains), cette proposition vise à obliger (sauf rares exceptions) les juges à prononcer une peine d’interdiction du territoire français contre « tout étranger condamné à une peine de prison d’au moins cinq ans pour ce type d’infraction ». « Si tout se passe bien, dans quelques mois, les juges auront l'obligation d'expulser les étrangers trafiquants de drogue », se félicite l’IPJ. Cette nouvelle mesure, désormais intégrée à la proposition de loi visant à sortir la France du piège du narcotrafic, vient s’ajouter aux nombreuses dispositions prévues par Gérald Darmanin et Bruno Retailleau pour lutter contre l’emprise du narcotrafic sur le sol français. Compte tenu du nombre trop important d’amendements déposés, le vote solennel du texte, d’abord prévu pour ce 25 mars, a finalement dû être reporté.

Le soutien du RN

Adoptée à l’unanimité par le Sénat, la proposition de loi, qui revêt une grande importance symbolique pour le garde des Sceaux et le ministère de l’Intérieur, a été largement détricotée par les députés en commission. Activation à distance d'objets connectés : supprimée en commission. Accès aux messageries chiffrées : supprimé. Création d’un dossier-coffre pour préserver l’enquête : également supprimé. Réintroduites en séance publique, Bruno Retailleau a pu compter sur l’appui du RN pour voir ces dispositions phares du texte finalement adoptées, à l’exception de l’accès aux messageries chiffrées. En effet, au sein du camp présidentiel, beaucoup, mal à l’aise avec le texte, ont préféré déserter les bancs de l’Assemblée nationale. Dès lors, faute de soutiens dans leur propre camp, les ministres ont pu profiter de la présence du RN. Michaël Taverne, député du parti à la flamme investi sur ce texte, ne se trompe pas lorsqu’il affirme que c’est « grâce au travail du groupe Rassemblement national [que] le texte, même s’il n’est pas parfait, a retrouvé sa cohérence après les tentatives de la gauche et de l’extrême gauche de le restructurer et le vider de sa substance ».

Un exemple emblématique : l’adoption des « dossiers-coffre », cette mesure controversée qui permet la création d’un procès-verbal distinct, inaccessible aux avocats de la défense, afin de mettre en sécurité des témoins « gravement en danger ». La disposition a été fustigée par la gauche car elle irait, selon eux, contre le droit à la défense des accusés. Sur les 88 députés présents, 57 ont voté en faveur du dossier-coffre, dont 33 membres du groupe Rassemblement national. Sans eux, la mesure aurait pu ne pas être adoptée alors que 31 députés issus du Nouveau Front populaire ont voté contre. De la même façon, Bruno Retailleau et Gérald Darmanin ont pu compter sur le soutien du RN pour faire adopter une mesure permettant aux préfets de prononcer « une interdiction de paraître » contre des trafiquants ou d'expulser de leur logement toute personne dont les agissements en lien avec des activités de trafic de stupéfiants troublent l'ordre public.

Les Insoumis polluent les débats

Car sans le RN, La France insoumise et ses alliés auraient réussi à saboter le texte. Au nom de la dignité des trafiquants de drogue, du respect de leur vie privée et de la lutte contre la précarité des « petites mains », les Insoumis ont proposé au vote deux motions de rejet du texte. En vain. Faute d’avoir réussi à empêcher le débat sur le texte, les collègues de Mathilde Panot ont alors essayé de vider le texte de sa substance tout en polluant les débats. On a ainsi entendu Antoine Léaumant comparer la viticulture à la culture du cannabis. Ou encore Ugo Bernalicis se voir rappeler à l'ordre pour avoir lancé à Bruno Retailleau qu'il trouverait « une solution finale » au problème...

Picture of Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

52 commentaires

  1. «Interdiction du territoire français contre tout étranger condamné à une peine de prison d’au moins cinq ans pour ce type d’infraction». On peut donc faire confiance à la majorité de nos juges pour prononcer des peines de moins de cinq ans.

    •  » avoir fait plier le gouvernement et la droite en votant cette loi » ! L’article vous explique en long en large et en travers que c’est grâce au RN que le projet de LOI issu du Sénat, repris par le Gouvernement (demandant la procédure accélérée) et incluant des amendements repris par le RN a été voté. Expliquez nous SVP en quoi le RN a fait plier le gouvernement quand au contraire il a soutenu un projet de LOI clef de la politique du ministre de l’Intérieur.

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