Collabo ! : au Sénat, Stéphane Ravier rappelé à l’ordre pour injure

Gérard Larcher prend ses grands airs solennels. De ceux qui pourraient nous faire penser que la République est en danger. À l’ouverture de la séance parlementaire de l’après-midi du mardi 25 mars, le président du Sénat a pris la parole pour annoncer un « incident grave ». En employant le mot de « collabo » vis-à-vis de son collègue socialiste Patrick Kanner, le sénateur Stéphane Ravier a franchi la ligne rouge. « Ces propos sont constitutifs d’une injure et donc passibles de la censure », indique Gérard Larcher. Selon le règlement du Sénat, au-delà de son aspect symbolique, la censure est une sanction financière. Une censure est tout à fait exceptionnelle, puisque celle-ci n’a jamais été prononcée contre un sénateur sous la Ve République. L’élu marseillais ayant reconnu les faits et s’étant excusé par écrit, Gérard Larcher et le bureau du Sénat ne l’ont pas retenue, mais il a été « décidé de procéder à un rappel à l’ordre avec inscription au procès-verbal »/
Un « jugement politique » face à une gauche clientéliste
Contacté par BV, Stéphane Ravier dénonce une « affaire totalement disproportionnée ». « J’ai émis un jugement politique contre cette gauche qui défend l’indéfendable pour nourrir son foyer électoral. Le voile est une injure faite à la femme », rappelle-t-il, tout en insistant : « C’est un mot que personne n’a entendu. » À relire le compte rendu officiel des débats, aucune trace, effectivement, de l’invective. En revanche, on retrouve l’ambiance très conviviale qui animait l’hémicycle du palais du Luxembourg, ce jour du 18 février. En plein débat sur la place du voile islamique dans le sport, gauche et droite s’interpellent. Après les propos du sénateur écologiste Yannick Jadot (oui, vous ne le saviez pas, mais l’écolo s’est recyclé rue de Vaugirard) — « Cela ne vous gêne pas, lorsque la moitié des footballeurs brésiliens prient Dieu pendant dix minutes avant de fouler la pelouse ! » —, Stéphane Ravier s'enflamme : « Pourquoi la gauche, qui est si prompte à défendre les libertés des femmes en général, se mobilise-t-elle autant pour priver les femmes de la liberté de ne pas porter le voile, notamment dans le sport ? » Le sénateur méridional a ses réponses : « […] de nombreux élus de gauche sont élus dans des circonscriptions où la pression électorale arabo-musulmane est très forte, il convient, si j’ose dire, de caresser cet électorat dans le sens du poil ! », glisse-t-il, faisant bondir les sénateurs sur leurs sièges de velours. Et lorsqu’il interpelle Patrick Kanner - « Et l’islamisme, ce n’est pas un mouvement totalitaire ? » -, ce dernier lui répond : « Restez calme, monsieur Ravier, ou bien allez à Washington voir M. Trump » ou encore « Taisez-vous et calmez-vous, monsieur Ravier ; ou bien prenez-vous un petit cachet de Tranxène ». Un niveau bien affligeant de la part d’un ancien ministre (il fut ministre la Ville, de la Jeunesse et des Sports de Manuel Valls, de 2014 à 2017).
Des mots « polémiques »
C’est un milieu de cette cacophonie que le mot « collabo » a été prononcé. Il est à noter que Stéphane Ravier avait déjà employé au micro ce terme par deux fois sans que cela ne suscite un émoi particulier. Peu importe, l’occasion est trop belle. Patrick Kanner se plaint en pleine séance lors d’un rappel au règlement : « Il ne s’agit pas de n’importe quel terme – le fait que M. Ravier l’utilise à mon égard, c’est d’ailleurs un peu le monde à l’envers, mais soit… » Il saisira, par la suite, la présidence pour insulte. Auprès de BV, Stéphane Ravier s’indigne : « Quand j’utilise ce terme, c’est une injure, mais visiblement, Monsieur Kanner a le droit de l’employer vis-à-vis de moi. Il y a un deux poids deux mesures. » Gérard Larcher, dans son allocution moralisatrice, invite en conclusion les sénateurs à se méfier des « mots à charge polémique » qu’il a pu recenser dans le Journal officiel qui retranscrit fidèlement tous les débats parlementaires : « négationniste, raciste, xénophobe... il y en a d’autres », énumère notre vierge effarouchée. « Ces mots, je les entends régulièrement et ils me sont adressés », réplique le sénateur des Bouches-du-Rhône, « au gré des circonstances, on les considère comme des mots à charge polémique, mais pas comme des injures ». Il y a les bons et les mauvais insulteurs.

Pour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR

42 commentaires
Ces querelles sont lamentables !!!
N’y a t il pas ses sujets sérieux à traiter ????
Eh oui, pendant que la droite, l’extrême-droite royaliste et les juifs accompagaient De Gaulle à Londres, les socialos s’en allaient trahir la France à Vichy. C’est un fait, c’est comme ça.
Ceci est un résumé et je suis tout à fait prêt à en débattre!!!! Preuves à tendu.
Rien d’étonnant. C’est la France soumise et tremblante qui permet cela. J’exècre et méprise.
Monsieur LARCHER a intégré le NFP il y a peu, comme d’autres avec qui il partage un certain nombre de postures électoralistes, je ne suis pas dupe!
Ils se retrouveront d’ailleurs en 2027.
Collabo ou cllaborateur, en quoi est-ce une injure….Tout dépend avevc qui on collabore…Les autorités fautives sont très nerveuses en ce moment…Et si le mot de collabo sous entend collaborateur de l’Islamisme exclusivement, pour certains, ce n’est pas une injure mais une description.
Tous ces bons élus des quartiers islamisés nient les liens évidents qu’ils entretiennent avec leurs électeurs musulmans ?
Hypocrites! Voilà un mot qui n’est pas injurieux selon le catalogue de monsieur LARCHER…Que monsieur Ravier renouvelle le sien avec de bonnes expressions tirées du vocabulaire des électeurs musulmans de ces messieurs, peut être ne sera t il pas repris ?,