Boualem Sansal emprisonné : la gauche et l’extrême gauche complices par omission

Du PS à LFI, on est, de fait, du côté d'un pouvoir qui a mis l'écrivain au secret.
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Le 25 mars, un grand rassemblement s’est tenu aux abords de l’Assemblée nationale en soutien à l’écrivain Boualem Sansal. Les députés étaient nombreux, mais toutes les tendances n’étaient pas représentées. Le sort d’un écrivain âgé, malade, détenu arbitrairement par l’Algérie depuis 130 jours et contre lequel dix ans de prison ferme ont été requis, serait donc un sujet sans intérêt, voire clivant ?

« Un esprit libre »

À la tribune, Bruno Retailleau s’interroge : « Que lui reproche-t-on ? D’être tombé amoureux de notre langue, notre littérature ? De trop aimer la France ? Sa seule faute est d’être un esprit libre, et donc un esprit français. » À louer cet esprit libre, il ne faudrait pas que le ministre de l’Intérieur oublie que Boualem Sansal a aussi un corps, qui est derrière des barreaux. Que fait, concrètement, le gouvernement pour sa libération ? La question n’est pas abordée. D’où l’appel du député RN Guillaume Bigot, membre du comité de soutien de l’écrivain : « Ramenez-nous Boualem Sansal vivant ! » Une intervention très applaudie, comme celle de Thibault de Montbrial.

L’assistance rassemble des personnalités politiques de droite (Laurent Wauquiez, Christian Estrosi), du centre (Yaël Braun-Pivet, Gabriel Attal), des députés RN, des anonymes… Interrogée par BFM TV, Marine Le Pen accuse l’Algérie de régler ses comptes avec la France par l’intermédiaire « d’un vieil homme » — preuve de faiblesse de ce régime. « Quand je lis Boualem Sansal, explique Marine Le Pen, beaucoup de choses font écho à ce que je pense, mais je le défendrais de la même manière s'il s'agissait d'un écrivain qui pense différemment de moi. »

La gauche indifférente

Une générosité intellectuelle que la gauche et l’extrême gauche n’éprouvent pas. Seul ou presque, Raphaël Glucksmann a fait la déplacement. « On n’enferme pas les écrivains », déclare-t-il à TF1. Anne Hidalgo elle-même, si elle a aidé à la logistique de l'événement, n’a pas daigné se déplacer. Lorsque son nom est prononcé au micro, il est hué. Bruno Retailleau tacle une gauche complice de l’arbitraire : « Honte à celles et à ceux qui ont refusé au Parlement européen de voter une résolution humanitaire pour faire sortir Boualem Sansal des geôles du régime algérien. » C’était le 23 janvier dernier. « De tous les eurodéputés qui se sont défilés, [les Français] sont les pires [...] car Boualem Sansal est leur compatriote », commentait Gabrielle Cluzel.

Un scénario identique s’est renouvelé, il y a trois semaines, alors que la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale étudiait une résolution « appelant à la libération immédiate et inconditionnelle » de l’écrivain franco-algérien. Les socialistes, les LFI et les écolos se sont abstenus. Les communistes sont sortis avant le vote. La détention d’un écrivain ne les dérange pas ? Victime de l’islamo-gauchisme, Boualem Sansal n’est-il pas devenu, depuis le 16 octobre 2024, le « Soljenitsyne franco-algérien » ?

Autres absents, justement : les confrères de Boualem Sansal, écrivains, intellectuels si prompts à se manifester à d’autres occasions pour « faire barrage » à un danger imaginaire. Ce 25 mars, ils se comptent sur les doigts de la main. Kamel Bencheikh, écrivain et ami de Boualem Sansal, le dessinateur de presse algérien Ghilas Aïnouche… et le philosophe Alain Finkielkraut. Ce dernier explique à BV : « Les écrivains auraient dû être plus nombreux aujourd’hui, l’affaire d’un seul doit devenir l’affaire de tous. Comme c’était le cas au moment de l’affaire Dreyfus. » Sansal, Soljenitsyne, Dreyfus : que de figures écrasantes pour le président Tebboune, qui n’a admiration que pour un Aphatie !

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Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

16 commentaires

  1. ATTENTION à ne pas avoir une seule lecture de l’emprisonnement de Boualem Sansal, c’est un message envoyé à de nombreux franco algérien «faites bien attention au camp que vous choisissez » de nombreux franco algérien ont des biens de la famille à Alger, des nombreux «influenceurs » n’hésitent pas à dénoncer les mauvais compatriotes, souvenez-vous de l’affaire Nahël il est automatiquement algérien pour Teboune (alors qu’il me semble qu’il n’avait pas la double nationalité). Boualem est connu et cela n’empêche pas l’état algérien de l’emprisonner, c’est clairement un appel aux franco algérien de choisir l’Algérie et de mordre la main qui les nourrit, sans compter les très nombreux relais élus qu’ils soient députés, maires, conseillers ou dans de hautes administrations, ou dans l’enseignement. Le cas Boualem est bien plus grave que le simple emprisonnement d’un écrivain. Ne pas oublier l’emprise islamistes ici en France qui sert de relais à Teboune, ils ont bien plus de chance de s’installer en France qu’en Algerie qui veut plus vivre les années sanglantes du FIS, la convergence des luttes en se bouchant le nez, pour eux c’est gagnant gagnant, pour l’unité et pour la France c’est perdant à 100 %.

  2. Si la NUPES ne demande pas la libération de Boualem Sansal écrivains Français enfermé arbitrairement sans droit a la défense c’est que les islamo-gauchistes, en tête les LFI, vue l’age du personnage c’est tout simplement qu’ils sont pour la peine de mort. ‘C’est tout’ comme dit Monsieur Tebboune.

  3. Question : Où était Bernard Henri Levy, dit BHL, hier soir ? Ah, oui, c’est vrai, il avait piscine « nocturne » notre « immense intellectuel de gauche (pléonasme). Ou bien il ruminait dans son coin de n’avoir pas pu se rendre en Israël par la faute de « personnages nauséabonds » qu’il a senti en Marion Maréchal et Jordan Bardella !!

  4. Beaucoup de bla-bla du ministre de l’intérieur, pour l’instant rien n’est fait, à part des paroles, qui se dit prêt à prendre des mesures « graduées » envers l’Algérie (sic) que faut-il encore pour prendre de véritables mesures de rétorsion .
    Je souhaite la chute de la maison Bayrou-Macron en espérant que les Français ont compris la leçon mais de cela j’en doute

  5. Dans le cadre de la pathologie algérienne du pouvoir d’Alger, Sansal est dangereux, il est la tentation d’un peuple de revenir culturellement sous l’aile française. Boumedienne avait senti ce danger et déraciné un siècle et demi de présence française en s’adressant à Moscou. Si le pouvoir algérien était populaire, il n’aurait pas peur. Si Macron n’avait pas peur, il serait populaire.

  6. BOUALEM SANSAL

    La sagesse populaire dit « Qui ne dit mot consent ». Et ceux qui ne disent rien sont toujours du même bord ou en sont issus. A commence par le premier d’entre eux, dont on dit qu’il agirait diplomatiquement. Seulement, entre ne rien dire et prononcer quelques mots qui n’engagent à rien, il y un grand pas qui ne dissuade pas de penser à la suspicion ci-dessus – donc à l’absence d’action.

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