RN : les enjeux très lourds de la manifestation parisienne

Face à la contre-manif organisée par LFI, le RN ne peut se permettre un échec, ce dimanche, à Paris.
Marche contre l'antisémitisme. Capture écran BFMTV
Marche contre l'antisémitisme. Capture écran BFMTV

La manifestation de dimanche revêt, pour Marine Le Pen et son parti, une importance capitale. Après la condamnation judiciaire de la chef de file du RN, une grande opération en réaction a été décrétée, une « mobilisation populaire et pacifique ». Une réponse en deux volets. En urgence, une pétition est élaborée et mise en ligne. Son succès est immédiat, au point que le serveur saute sous l'effet de la surfréquentation du site et de son piratage. Jeudi, Marine Le Pen annonçait 500.000 signatures : le chiffre est considérable. Seconde initiative, un rassemblement est organisé à Paris. Prévue dimanche 6 avril à 15 heures, place Vauban, elle veut être la grande réponse du parti nationaliste à la peine d'inéligibilité avec effet immédiat à laquelle son leader a été condamné. Le choix devait être fait très rapidement. Sans certitude quant au succès de la mobilisation, le parti préfère un site à la capacité d’accueil raisonnable. Pas de Trocadéro, c’est la place maudite des manifestations de droite (souvenez-vous, Sarkozy, Fillon, Zemmour). En revanche, la place Vauban est idoine. Elle peut contenir environ 30.000 personnes et, avec les Invalides en arrière-plan, elle offre un cadre idéal. Mais c'est une mobilisation à risque pour un parti dont la sociologie est nettement provinciale.

RN et LFI en concurrence

Quelques voyants sont au vert, veulent croire les cadres du parti. Le nombre de signatures de la pétition mais aussi les chiffres d'adhésions, qui sont significatifs. 400 en Gironde, 300 dans le Var, 150 dans le Vaucluse, « du jamais-vu », s’enthousiasment les responsables de fédérations. Le chiffre de 20.000 nouvelles adhésions a été communiqué. De bon augure mais insuffisant, tout de même, pour assurer un succès massif, indispensable en termes d’image. D’autant qu’en réaction à ce « rassemblement de fachos » et son « risque séditieux », selon les termes de Jean-Luc Mélenchon, l’extrême gauche, emmenée par La France insoumise et Les Écologistes, organise un contre-rassemblement dans la capitale. Il se tiendra place de la République à 13 heures. « La honte sur celles et ceux qui laissent l’extrême droite faire sa loi », avertit Louis Boyard, député LFI qui appelle à l’éternel sursaut : « La République est attaquée et elle doit être défendue. » On connaît la capacité des bobos factieux et des punks à chien, pullulant à Paris, à se réveiller en pareilles circonstances. Une mobilisation en demi-teinte, concurrencée, voire doublée, par les gauchistes, serait terrible en termes d'image : le Rassemblement national bat donc le rappel. Collages en circonscriptions, tractages sur les marchés : depuis quelques jours, les militants sont partout. Bouquin (Hérault), Jenft (Moselle), Sabatou (Oise), Guitton (Aube) : l’intégralité des députés et des eurodéputés inondent les réseaux de leurs vidéos, dans lesquelles l’appel est solennel : « Nous avons besoin de vous, nous avons besoin de votre mobilisation. ». Les élus alliés du RN, emmenés par Marion Maréchal et Éric Ciotti, seront présents. Stéphane Ravier participera au rassemblement prévu pour les Méridionaux, le samedi à Marseille, et se rendra le lendemain à Paris. En revanche, Éric Zemour, Sarah Knafo et Nicolas Dupont-Aignan ne devraient pas être de la partie.

Une « guerre de l’image »

Face au risque de débordements ou de confrontations entre les deux manifestations, un dispositif « massif » a été prévu, confie à BV une source policière dénombrant pas moins d’« une quinzaine d’escadrons de gendarmerie ou de compagnies de CRS ». Le député RN Hervé de Lépinau se veut rassurant, auprès de BV : « La préfecture de Paris est habituée à ces grands événements. » L'élu de Vaucluse est confiant, tant « la base est scandalisée ». En interne, on l’assure, c’est une « guerre de l’image » qu’il faut remporter. Mais, déjà, une certaine inquiétude commence à poindre, chez certains cadres, quant à la nécessité, désormais, de « maintenir l’indignation » pendant deux ans, jusqu’à la présidentielle. « Au-delà de cette manifestation, c’est le calendrier judiciaire, la clef de cette affaire », nous confie l’un d’entre eux.

Dans la tourmente, Marine Le Pen avance un pas après l’autre. Pour l’instant, son horizon est fixé sur le rassemblement parisien dominical. Pour véritablement savoir si le peuple est derrière elle et qui, des deux France, emportera la bataille.

Picture of Yves-Marie Sévillia
Yves-Marie Sévillia
Journaliste chez Boulevard Voltaire

Vos commentaires

127 commentaires

  1. Même si la manif est voulue pacifique, il est indispensable de se garantir contre les appariteurs de la Jeune Garde Antifa qui va tout faire pour dévaloriser cette manif. Le RN a-t-il une « police secrète » parallèle pour surveiller les abords et mettre hors d’état de nuire ces appariteurs.

  2. JOLY XVIIème siècle« …… Ce fut par la persuasion du peuple qu’il est permis de s’armer et de se défendre contre ses supérieurs, quand ils abusent d’un pouvoir qui ne leur est confié qu’a condition que le bonheur public sera le fruit de leur grandeur….. » Ainsi grand merci à tous pour vos bla bla bla bien à l’aise dans votre salon pendant que tous ces « non élus » de France et de l’UE vous dominent doucement et que la France se meurt sous les pieds même de votre douillet fauteuil . Une fois encore se prépare ……..  » six mois de belotte et 2 semaines de course à pieds  » ……la France toujours toujours toujours une guerre de retard mais cette fois ce sera vraiment la der des ders d’un peuple perdu courant nulle part éperdu sur son sol perdu mais fors l’honneur rien n’est perdu la langue est en bandoulière! Pitoyable bla bla bla Pauvre France !

  3. Ce qui est le plus inquietant avec le RN c’est son manque de reactivite et d’implication. Comment faire quand on habite à 700 km de Paris pour assister à ce meeting. Aucune info. En gros prenez votre voiture de Montelimar à Paris AR avec une nuit d’hotel peage carburant = 500 euros . Aucune organisation car etc …. lamentable

      • Oui il n’est pas facile pour nous, provinciaux, de participer à une manifestation, il faut savoir que cela à un coût et une organisation importante.
        Mais ceux qui veulent peuvent participer à leurs frais, ce qui actuellement est quasi impossible pour ces lambdas que nous sommes.
        Il n’empêche que l’essentiel est que ce parti a pu réunir un nombre conséquent de participants, d’autant plus qu’ils n’ont pas pour habitude de ce genre d’organisation préférant réagir avec leurs bulletins de vote qui ont représenté plus de onze millions d’électeurs.
        Moi je considère que pour le RN c’est un succès, gageons qu’ils seront plus nombreux aux prochaines élections à installer leurs représentants aux manettes même petits conseillers pourront s’exprimer concrètement sur les choix d’avenir de ceux qu’ils représenteront.

    • Des gens se sont rassemblés dans de petites villes pour soutenir Marine Le Pen..ET LE RN..en faisant des sitins devant les Préfectures.
      Pas par milliers mais cependant en nombres conséquents
      MERCI À TOUS CES FRANCAIS COURAGEUX

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