[SANTÉ] L’Assemblée régule l’installation des médecins : la fausse bonne idée

Au mois de janvier, le doyen de la faculté de médecine de Besançon enfourchait, après tant d’autres, le dada de la lutte contre les déserts médicaux : « Il y a bien un moment où il va falloir un peu contraindre, comme les pharmaciens l'ont fait », et « favoriser les installations dans les zones sous-denses », disait-il. Vite rejoint par un collègue amateur de caporalisation qui, lui, en tenait pour un « service médical national », contrat d'un an pour que de jeunes médecins aillent s'installer en zones sous-denses. Le PS répondant toujours présent quand il y a une servitude à imposer, sa proposition de loi exigeant le feu vert de l’agence régionale de santé pour s’installer et celle de ne succéder qu’à un médecin partant d’une zone dite sur-dotée, viennent d’être adoptées par l’Assemblée nationale de façon « transpartisane ».
Une aggravation de la pénurie
Parmi les députés qui se sont acoquinés, on retrouve très prévisiblement Philippe Vigier (MoDem) : « Nous enfonçons une porte, celle de la régulation dans les départements sous-dotés », arguant pour sa défense que les médecins garderont « la liberté d’installation sur 87 % du territoire ». Sans préciser que ces zones ne contiennent probablement que 10 % de la population, des écoles et des services publics... « Belle victoire après un travail de longue haleine », exulte Vigier. Il peut le dire, il en est à sa cinquième « association de malfaisants » sur ce sujet maintes fois retoqué !
De fait, le texte voté est le prototype de la fausse bonne idée, car comme le dit très justement la porte-parole du RN, le docteur Joëlle Mélin, il « ne ferait qu’aggraver le cœur même de la pénurie : le manque d’attractivité de la profession », qui est déjà ultra encadrée.
PPL déserts médicaux - halte aux fausses promesses !
Prenons au sérieux l’idée (biaisée) de M. Garot que 400 médecins pourraient s’installer dans les déserts médicaux, soit 90% du territoire
➡️ 400 par an, pour 32 760 communes, c’est mince
➡️ C’est 1 médecin pour 81 communes… pic.twitter.com/eoD33VR0vC— Stéphanie RIST (@stephanie_rist) April 2, 2025
À ce sujet — [SANTÉ] Trop de médecins en 2035 ?
Les clés de la médecine libérale aux financiers
Pourquoi, en effet, des jeunes femmes trentenaires (elles constituent, aujourd’hui, l’essentiel des promotions) iraient-elles risquer une installation personnelle dans des plaines à corbeaux désertées par tous les services ? Elles iront, plus encore qu’aujourd’hui, vers le salariat et ses multiples avantages, employées par des mairies, des départements et, surtout, les grands groupes multinationaux qui se sont déjà adjugés la plupart des cliniques privées. Comme le résume un syndicat médical, « les députés qui ont voté cette loi donnent les clefs de la médecine libérale aux financiers ».
Mais le « groupe transpartisan » a tout prévu : il a fait adopter le principe d’un « indicateur territorial de l’offre de soins », actualisé chaque année, fondé sur le « temps médical disponible par patient » et les spécificités de chaque territoire. Encore une belle usine à gaz en perspective ! C’est toujours la même chose, avec ces gens-là : ils créent une calamité, puis ils en créent une deuxième en croyant que ça guérira la première.

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44 commentaires
Stop au « numérus clausus » la vraie cause de cette pénirie organisée !
Stop aux autorisation d’exercer aux médecins étrangers, (en moyenne 150 à 200 par mois) !
La loi Veil ne leur a pas suffit y a encore trop de médecins
Parfaite, votre conclusion. Et tellement vraie!
Effectivement, les pharmaciens ont un numérus clausus. Eh alors? Ils s’en accommodent fort bien.
pourquoi les médecins auraient un problème pour le fait d’aller en Lozère et non sur la cote d’azur?
Ils ne veulent que soigner les bobos parisiens?
Les pharmaciens s’accommodent si bien de leur numerus clausus, qu’on trouve souvent trois pharmacies sur 500 m de la même rue…
Suis bien d’accord avec vous. NB: pas besoin d’aller aussi loin que la Lozère ( Troyes et sa » banlieue » : médecins introuvables; faire 100 km pour aller à Reims ; ou Dijon..)
Pour le manque de médecins, nous n’avons toujours pas ré-employé ceux qui ont été injustement éjectés par la dictature covidienne.
tout à fait et puis on peut aussi réintégrer dans le parcours soins tous ces médecins qui ont opté pour l’administratif…
Il y a des pays en Europe où il n’y a pas de problème, avec des mentalités quelque peu différentes, on pourrait peut-être s’en inspirer. J’ai des proches qui travaillent en Espagne et aux Pays-Bas ils ne sont pas plus mal soignés qu’en France, ils ne s’en plaignent pas et n’ont aucun problème, même aux urgences, mais c’est le système complet qu’il faudrait revoir.
Il faudrait essentiellement le désadministrer. Vaste programme!
Oui mais dans ces pays-là (comme en Belgique aussi), l’essentiel de l’assurance maladie est privé et concurrentiel. Ça marche beaucoup mieux, et c’est moins cher. La France a d’ailleurs dû déployer des trésors d’arguties juridiques pour ne pas y souscrire face à l’UE, qui considère clairement ce domaine comme non-étatique. Mous, nous en sommes toujours au programme socialisant du CNR… Ce fut tout le combat (perdu) de Claude Reichman.
Le gouvernement veut réguler une pénurie qu’il a lui même créée depuis des décennies par des décisions
ineptes.Le nombre de médecins va encore diminuer dans les années à venir et les déserts médicaux continuer de s’étendre et de s’aggraver.Merci aux politiques depuis 45 ans .
Cher confrère, la seule réponse valable des médecins généralistes est de sortir de la convention et de s’installer réellement en libéral, refusant les différentes aides dont j’ignore les sigles mais également la participation de la CNAM au financement de leur retraite, ils et elles retrouveront leur liberté de se faire honorer correctement, et non par une aumône ressemblant à s’y méprendre au tarif d’une coupe de cheveux de base, fixant ainsi leurs honoraires sur le temps passé en consultation, recréant une patientèle et non une clientèle où le malade revient chaque mois se faire renouveler son traitement après un vague « bonjour ça va ? » une « pompologie », acte consistant à prendre la tension et hop en cinq minutes payé 30 € voilà c’est devenu la médecine que j’ai appris de 1965 à 1972.
Et le patient ? Qui lui est obligé de payer la sécu ? Encore lui qui trinque !
Le patient ? Il est assez bête pour se laisser tondre la moitié du fruit de son travail par les prélèvements dits « sociaux »…
Bravo très bien résumé.
Bien d’accord.