L’Algérie surenchérit ? Le pays adopte une loi sur la mobilisation générale

Tebboune semble prêt à tout pour augmenter sa mainmise, faisant craindre des déstabilisations durables dans le Sahara.
Capture d'écran
Capture d'écran

Le 22 avril 2025, Alger a adopté une loi sur la mobilisation générale, autorisant la réquisition des citoyens et des ressources en cas de conflit armé. Votée à l’unanimité par l’Assemblée populaire nationale, cette mesure vise à « sauvegarder les intérêts suprêmes du pays » face à des « menaces extérieures », selon les autorités. L'adoption de cette loi, certes en projet depuis l'automne dernier, dans un contexte de tensions régionales, tant avec le Maroc qu'avec la France, n'est pas sans soulever quelques interrogations. 

Une crise diplomatique aux accents régionaux

Les relations franco-algériennes traversent l'une des pires crises depuis l’indépendance de 1962, exacerbée par le différend algéro-marocain. Début avril 2025, l’Algérie expulse 12 fonctionnaires français, accusés d’être affiliés au ministère de l’Intérieur, en représailles à l’arrestation, le 12 avril 2025, d’un agent consulaire algérien en France, impliqué dans l’enlèvement de l’influenceur Amir Boukhors. Paris répond le 13 avril en expulsant 12 agents algériens et en rappelant son ambassadeur, Stéphane Romatet. Le 15 avril, Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, déclare : « Les autorités algériennes ont fait le choix de l’escalade, nous le regrettons profondément. » Ce conflit s’enracine dans le soutien français à l’autonomie marocaine au Sahara occidental, réaffirmé par Emmanuel Macron en 2024, perçu par Alger comme une provocation majeure en raison de son appui au Front Polisario.

Le régime algérien, confronté à une situation économique fragile et à des mécontentements internes, instrumentalise ces tensions pour galvaniser son opinion publique. L’emprisonnement de Boualem Sansal, condamné le 10 mars 2025 à cinq ans de prison pour « atteinte à l’intégrité du territoire national », en est un exemple frappant. Ses filles appellent Emmanuel Macron à intervenir, mais Paris adopte une posture prudente. L’Élysée affirme : « Les autorités algériennes portent l’entière responsabilité de cette dégradation brutale de nos relations bilatérales. » Une déclaration suivie d'aucune sanction qui aurait véritablement pu atteindre le régime de Tebboune. De son côté, Alger accuse Bruno Retailleau d'être un ministre qui « excelle dans les barbouzeries », dans un communiqué.

La loi de mobilisation : un geste à portée régionale

La loi sur la mobilisation générale, adoptée le 22 avril 2025, accentue les inquiétudes d’une escalade régionale. Ce texte permet à l’État de mobiliser « les citoyens ainsi que les moyens matériels nécessaires à la défense nationale ». Abdelmadjid Tebboune, président du Haut Conseil de sécurité, dispose de pouvoirs étendus pour déclarer l’état de guerre. Présentée comme une mesure de sauvegarde de la souveraineté, cette loi intervient dans un contexte tendu, après les expulsions d’avril et au milieu des frictions sur le Sahara occidental. La coopération militaire franco-marocaine, renforcée ces dernières années, et la rupture des relations algéro-marocaines en 2021 alimentent les craintes d’un conflit plus large au Maghreb.

Cette loi de mobilisation, combinée à des déclarations hostiles, fait craindre une rupture durable alors que la France tente tout pour apaiser ses relations avec Alger. Jean-Noël Barrot, le 20 avril sur LCI, insiste : « Nous souhaitons à terme un dialogue apaisé, dans l’intérêt des Français et des Algériens. »

Vos commentaires

7 commentaires

  1. Quand le sinistre des « affaires qui lui sont étrangères » ose, avec son pote de l’Elysée, de parler « de relations bilatérales » avec tebbounne, il faut se pincer ! …
    Dans un échange, les deux « parties » doivent en retirer quelque chose sinon « ça » s’appelle une « soumission à l’autre » ! …
    macron confond la diplomatie avec ses « partys chaleureuses » qu’il organise partout où il sévit ! …

Laisser un commentaire

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

La France est championne… des demandes d’asile
Gabrielle Cluzel sur CNews
Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois