Malika Sorel quitte le RN, mais sans désaccord idéologique

Pour l’eurodéputé RN Alexandre Varaut, « elle n’a jamais réussi, ou peut-être jamais voulu s’intégrer dans le groupe ».
Capture écran eudebates.tv
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Révélée le 18 avril par Libération, la désaffiliation de Malika Sorel de la délégation RN au Parlement européen a été confirmée par l’intéressée dès le lendemain, sur X, où elle indique quitter « la délégation du Rassemblement national au Parlement européen ». Rappelant n’avoir « jamais été membre du Rassemblement national », elle justifie sa décision, il y a un an, de s’engager en deuxième position sur la liste RN aux élections européennes par le fait qu’elle pensait alors « pouvoir être utile à la France au sein de cette délégation ».

« J'ai été déçue »

Si son mutisme lors de la récente condamnation de Marine Le Pen a pu étonner, aucun signe de fâcherie ne transparaissait. « J'ai été déçue », explique-t-elle, « mon inconfort est allé croissant à mesure que je me retrouvais confrontée à une logique de groupe oppressante qui impose de renoncer à tout degré de liberté et annihile toute possibilité de réflexion intellectuelle. » Prenant de la hauteur, elle conclut alors que « la gravité de la situation actuelle de la France impose de ne pas se soumettre à des logiques partisanes quand elles empêchent de travailler au redressement de notre pays, de notre patrie ».

À l’heure où nous écrivons, Malika Sorel n’a pas répondu à nos sollicitations pour des compléments, à la fois sur les raisons de son retrait et sur ses projets d’avenir. Précisons que si sa page sur le site du Parlement européen indique bien qu’elle est désormais « sans parti » et qu’elle a donc quitté la délégation RN à Strasbourg, il y est toujours fait mention de son appartenance au groupe parlementaire Patriotes pour l’Europe, lequel est présidé par Jordan Bardella. Par ailleurs, sa déclaration sur X ne fait aucune mention, même implicite, d’une volonté de démissionner de son mandat de député. Rien n’indique, pour l’instant du moins, une quelconque intention chez elle de rompre avec son engagement parlementaire, et la conclusion de son message semble même infirmer une telle hypothèse. En attendant d’en savoir plus, son silence peut donc s’expliquer par la volonté de réfléchir à une réorientation de son activité à Strasbourg.

Pas de désaccord de fond

Par ailleurs, si sa déclaration évoque une déception, notamment face à la logique de fonctionnement d’un groupe parlementaire, il n’est fait mention d’aucun différend idéologique avec le RN. Et aucune des réactions de ses colistiers, rudes pour certaines, comme celle du député national Christophe Barthès, n’indique de désaccord de fond. Et Le Monde, qui a depuis longtemps Malika Sorel dans le collimateur, expliquait déjà, le 5 avril 2024, que « ses livres ne mentent pas, comme son discours depuis plus de quinze ans : Malika Sorel-Sutter a toujours récité le bréviaire identitaire et porté des concepts-clés de l’extrême droite ». Propos qui témoigne d'une certaine continuité idéologique, même s'il doit être relativisé, Malika Sorel ayant longtemps côtoyé MM. Sarkozy, Fillon et de Villepin, et ayant même sollicité Emmanuel Macron, avant de rejoindre Jordan Bardella,

La raison du divorce serait donc à chercher ailleurs, comme le prédisait le même jour Libération, qui titrait alors : « Européennes : au RN, Malika Sorel, une recrue qui "va être dure à gérer" ». Si les deux quotidiens de gauche n’hésitent pas à déglinguer celle qui est indéniablement leur bête noire, il n’en reste pas moins qu’il en ressort une vraie question : la personnalité de Malika Sorel n'explique-t-elle pas, en grande partie au moins, son échec européen au RN ? Autrement dit, le mode de fonctionnement d’un parti au sein du Parlement, qui contraint à privilégier la solidarité, voire la discipline collective, au détriment de l’expression personnelle, pouvait-il lui convenir ? Ses mots en disent finalement plus qu’il n’y paraît, lorsqu’elle parle de « logique de groupe oppressante » qui l’aurait obligée à « renoncer à tout degré de liberté » et qui « annihile toute possibilité de réflexion intellectuelle ». Joint par BV, l’eurodéputé Alexandre Varaut, qui était comme elle un nouveau venu sur la liste RN aux dernières européennes, n’a pu que constater « qu’elle n’a jamais réussi, ou peut-être jamais voulu s’intégrer dans le groupe ».

Vos commentaires

3 commentaires

  1. Je ne l ai jamais sentie. Sa precipitation et son opportunisme etaient suspects. De plus on avait appris qu elle avait contacté macron pour un poste de ministre. Le recrutement etait hautement dangereux et le RN a commis l erreur. Cela devient inquietant car ce n est pas la première erreur d un parti qui se veut de gouvernement

  2. Peu avant de figurer sur la liste RN, ella avait proposé ses services à Macron. Elle se rêvait ministre de l’éducation nationale. Une opportuniste dans toute sa splendeur. Née en France, elle avait fait ses études à l’école polytechnique … d’Alger, ne manquant jamais de mettre en avant son « parcours académique » qu’elle présente comme exemplaire. Reste le manque de clairvoyance du RN qui est allé jusqu’à lui offrir d’être n° 2 sur la liste.

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