[VIVE LA FRANCE] Chapelle abandonnée : un patrimoine sauvé en famille

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Depuis le printemps 2018, Armelle et Raphaël Le Pelletier de Glatigny sont devenus les propriétaires de la chapelle Saint-Joseph, à Chemazé, dans le département de la Mayenne. À coups de pelle et de pioche, brouette, seaux en main et bottes aux pieds, ils piochent, désherbent, restaurent. Une noble tâche qui mobilise toute la famille, qui entend bien rétablir ce patrimoine déchu et redorer le blason d’un passé oublié, pour que le charme de l’histoire du village reprenne.

La rénover pour la rendre au culte

Raphaël nous raconte son histoire. Celle d’un couple attristé par l’état d’abandon de la chapelle et qui décide, sur un coup de tête, de reprendre l’édifice en ruines. À l’époque, Raphaël pense que le propriétaire est probablement trop vieux pour s’en occuper et qu’il a sans doute besoin d’un coup de main pour s’occuper de l’entretien. « On ne la voyait pas de la route, tellement il y avait de végétation », indique-t-il à BV. Il décroche alors son téléphone et appelle la mairie, qui le redirige vers le diocèse de Laval à qui la chapelle fut cédée en 1927. En avril 2018, ils deviennent propriétaires de la chapelle pour un euro symbolique.

« Notre projet consiste à la rénover pour qu’elle retrouve sa première destination. Nous souhaitons la rendre au culte catholique, puisque la chapelle était dédiée à saint Joseph, nous confie Raphaël. C’est un beau pari, on le fait en famille, car je veux que les enfants se sentent concernés. » Une aventure familiale, donc, mais aussi un bel héritage qu’Armelle et Raphaël lègueront à leurs enfants. Et même si leurs quatre enfants âgés de 6, 9, 11 et 15 ans « ronchonnent » quelquefois avant de se retrousser les manches, « cela en vaut la peine ! »

Raphaël et son épouse veulent montrer l’exemple, être « un relais » et prouver aux Français que « c’est possible ». Possible d’entreprendre la restauration d’un patrimoine, en famille ou entre amis, et de porter un projet commun porteur de sens. Bien sûr, une telle ambition nécessite de l’argent ainsi que du temps, mais pour le mari d’Armelle, « c’est d’abord la volonté » qui prime plus que tout le reste. « On a tellement de patrimoine en France qui tombe à l’abandon », déplore Raphaël.

Et bientôt, la restauration d'une église

Au commencement, il faut défricher, arracher les ronces, pour que l’édifice respire enfin à nouveau. Pour financer la restauration, le couple organise alors une collecte de fonds et une campagne de défiscalisation, via la Fondation du patrimoine, et fait établir plusieurs devis. « Il fallait compter près de 100.000 euros pour refaire l’extérieur, les tuffeaux et la toiture, ainsi que l’intérieur », détaille Raphaël. « Nous avons déjà récolté 50.000 euros à l’aide de la Fondation du patrimoine, expose Raphaël, ce qui m’a permis de refaire la toiture. À présent, il s’agit de s’occuper de l’intérieur, puis nous restaurerons les vitraux en dernier », avance-t-il, avant de nous faire part de sa gratitude. « Je remercie par avance ceux qui ont déjà soutenu notre aventure et ceux qui nous soutiendront ; cela nous touche que des gens prennent cinq minutes de leur temps pour contribuer, à hauteur de leurs moyens, à la restauration de la chapelle », tient à témoigner Raphaël, pour qui le projet de la chapelle Saint-Joseph se veut « un tremplin vers un autre projet de plus grande ampleur ». Car pour la famille Le Pelletier, l’entreprise ne s’arrêtera pas là : « Nous avons pour ambition de reprendre un projet plus gros : une église aux alentours. » Mais chaque chose en son temps : « J’aimerais bien que dans cinq ans, cela soit terminé. » Grâce aux articles et grâce aux dons qui suivent leur publication, cela prend de l’ampleur.

Un pari exemplaire et porteur d'espérance

Véritable pièces d’orfèvrerie de la chapelle : les vitraux. « Ce sont des vitraux de la Nativité. Ils sont les plus chers à refaire, donc nous aviserons en fonction du coût et des dons obtenus, et de nos finances personnelles. » L’autel, qui fut retiré alors que la chapelle menaçait de s’effondrer, a été entreposé dans le grenier de l’église de Molières, en attendant de retrouver sa destination originelle. Il y avait également un bénitier en marbre noir daté de 1515 et décoré des armes de la famille seigneuriale Poisson, qui possédait le château, depuis disparu. Raphaël et son épouse y tiennent beaucoup et ne veulent pas perdre espoir : « On espère un jour le retrouver. »

 

 

Enfin, sur l’un des vitraux, un trou béant où apparaît la silhouette de la Sainte Vierge. Raphaël nous raconte l’anecdote : un camp scout avait emporté le vitrail à l'effigie de la Sainte Vierge, il y a de cela plus de trente ans. C’est en lisant un article dans Famille chrétienne sur la restauration de la chapelle entreprise par la famille Le Pelletier qu’ils se sont souvenus de leur ancien passage dans la région et qu’ils l'ont restitué.

 

 

Une pièce maîtresse qu’Armelle et Raphaël gardent, depuis, précieusement chez eux et qu’ils replaceront, le moment venu, pour le bouquet final. Et quoi de plus symbolique qu’une cloche pour sonner la fin de la restauration ? Pour l’heure, le couple n’a pas encore trouvé et « cherche toujours » celle qui viendra trôner en haut de la chapelle pour sonner la fin de l’aventure. « Valoriser le patrimoine religieux de notre pays rend vivant l’héritage culturel et religieux. » Le père Gauthier Mornas, secrétaire des États généraux du Patrimoine religieux, se réjouit d’une telle initiative. Il saluait, ce 28 août, le « formidable pari riche de sens d’Armelle, Raphaël et de leurs enfants à Molières », pris pour « voler au secours du patrimoine religieux ».

Un pari exemplaire et porteur d’espérance, qui prouve aussi l’importance de l’initiative personnelle, dans un pays où la sauvegarde et le sauvetage du patrimoine national sont trop souvent considérés comme une simple variable d’ajustement des finances publiques. Un constat d’autant plus véridique que la situation financière de la France est devenue, depuis, des plus « catastrophiques ».

Anna Morel
Anna Morel
Journaliste stagiaire. Master en relations internationales.

Vos commentaires

9 commentaires

  1. Entreprise louable, mais combien y a-t-il de chapelles privées de ce genre en France ? De trois à dix par paroisses. A la louche, 150000 en France ? Les sites de plusieurs évêchés font semblant de se réjouir de ces initiatives, mais rappellent cette vérité d’évidence : il n’y a pas assez de desservants pour les églises paroissiales, il y en a encore moins pour des chapelles privées ou frairiales – au mieux recevront-elles la visite d’un desservant pour la fête patronale annuelle !
    Dans mon pays, l’évêque est récemment venu pour la création d’une nouvelle paroisse. Foule et liesse à la messe (retransmise sur Radio Fidélité). Oui mais ? Cette paroisse nouvelle recouvre… 18 anciennes paroisses (qui disparaissent), et n’est desservie que par DEUX prêtres.
    Bref, c’est mignon de restaurer du patrimoine local, mais cela ne change rien au triste état de l’Eglise de François.

  2. Bravo pour cette initiative. C’est une très belle action de chrétien et une préservation du patrimoine religieux.

  3. Bravo et tous mes encouragements à cette famille profondément enracinée dans leur culture chrétienne, française et européenne. Anciennement sonneur de cloches j’ai eu une très bonne approche du sujet de la restauration de notre patrimoine chrétien. Pax et Bonum.

  4. Cette famille nous donne une belle leçon d’amour de notre patrimoine, exemple à suivre. Bravo pour leur courage, leur ténacité.

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