À 46 ans, Emmanuel Macron découvre l’importance du père

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C’est une annonce surprise comme le chef de l’État les affectionne. Mardi 7 mai, Emmanuel Macron a confié au magazine Elle vouloir ouvrir le débat sur un « devoir de visite » du père après la séparation des parents. « Quand il y a un père, il faut qu'il exerce tous ses devoirs », a-t-il estimé. « Parce qu'un enfant qui ne voit jamais son père, c'est un enfant qui se sent abandonné » et « dont le développement affectif et éducatif n'est pas le même ». Et d'affirmer : « Je suis sûr qu'il faut un père, une mère, une famille aimante. » Comment ? Le président de la République reconnaît la complémentarité des deux parents ? Encore un peu et il reprend le slogan « Un papa, une maman » de la Manif pour tous. Frigide Barjot, sors de ce corps !

La déclaration du chef de l’État est d’autant plus étonnante qu’il s’était plutôt employé, jusqu’à présent, à déconstruire la structure familiale traditionnelle, allant jusqu’à déclarer, en 2020, qu’« un père n’est pas forcément un mâle »… Emmanuel Macron aura dû attendre la quarantaine bien tassée pour comprendre ce que disent tous les psy, pédiatres et autres experts de la construction psychique de l’être humain : le rôle du père est primordial dans le développent de l’enfant. Outre l’amour qu’il lui donne et qui l’aide à bâtir l’estime de soi, il représente avant tout une figure d’autorité essentielle, celle qui va permettre à l’enfant de connaître les limites et les règles de la vie en société. C’est également au père que revient la mission d’empêcher la relation fusionnelle entre l’enfant et sa mère afin de lui permettre de se réaliser en tant qu’individu. Autant d’évidences qui échappent encore à certains.

L’influence néfaste du féminisme

Il semble, hélas, que l’épiphanie tardive du chef de l’État vise moins à réhabiliter le rôle de l’homme qu’à le culpabiliser une fois de plus. Si certains se comportent effectivement fort mal et mériteraient d’être rappelés à leur « devoir de visite », tout manichéisme reste à proscrire. Les pères ne sont pas les salauds que l’on dit, ils n’ont pas la seule responsabilité de l’éclatement des familles. C’est la femme qui est à l’origine de la demande de divorce dans 75 % des cas, faisant voler en éclats l’émouvante mais trompeuse image d’Épinal de la « maman solo », héroïne lâchement abandonnée et condamnée, depuis, à jongler entre tâches ménagères, responsabilités professionnelles et garde des enfants. Ce portrait de mère courage dont les journalistes raffolent est d’autant plus inexact qu’il trace en creux celui d’un époux irrémédiablement mufle et désinvolte. À en écouter certaines, il serait tout bonnement aux abonnés absents. « Les mères parlent, crient leur douleur, mais on n’entend pas les pères. Où sont-ils, bon sang ? », s’étrangle, sur X, Laurence Rossignol, présidente de l’Assemblée des femmes et ancien ministre des Familles.

Nos chère féministes s’indignent aujourd’hui de l’absence des hommes après avoir œuvré avec acharnement à leur éviction. Dans leur détestation du patriarcat, elles ont peut-être oublié que le rôle de père se construit dès la grossesse et que la législation actuelle, qui dénie à l’homme tout droit sur le corps du bébé à naître, envoie un message désastreux aux pères en devenir.

Un système juridico-médiatique défavorable aux pères

Après un divorce, aussi, les pères sont nombreux à dénoncer leur relégation au sein de la famille, à demander une meilleure répartition des responsabilités éducatives. Obtenant très rarement la garde de leurs enfants, certains d’entre eux dénoncent une justice rendue souvent par des femmes, en faveur des femmes. « Les pères sont systématiquement discriminés dans les procédures de divorce », fulmine Philippe Veysset, porte-parole de la Grue jaune, une association qui se bat pour l'égalité parentale. D'après les chiffres du ministère, lorsqu’un couple est en désaccord sur la résidence de sa progéniture, la Justice ne tranche en effet que dans 24 % des cas en faveur du père. Faut-il y voir les traces de vieux stéréotypes genrés qui s’avèrent finalement favorables aux mères ? « Le fait est que la société est encore dans le moule du patriarcat lorsqu’il s’agit des affaires familiales, estime-t-on au cabinet d’avocats Alta Legis. Les femmes sont plus aisément pardonnées sur leur lieu de travail si elles doivent s’absenter pour s’occuper d’un enfant malade. »

Privés de leurs droits par des instances acquises à la cause féminine, de nombreux pères sont, par ailleurs, mis au ban par des ex-épouses qui mettent volontairement de la distance entre eux et leurs enfants. Comment leur reprocher, dans ces conditions, de peiner à maintenir un lien affectif ? Mais c’est ainsi, les papas ont tout faux : trop distants, ils passent pour des monstres d’égoïsme ; trop proches, ils dérangent et leur obstination peut tenir lieu de harcèlement envers leurs ex. Et si les « papas solos » étaient parfois les plus à plaindre ?

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Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

70 commentaires

  1. Venant de quelqu’un qui n’a pas eu d’enfant, et qui a fini par épouser une femme qui en avait trois, l’injonction aux pères est quand même un peu déplacée, non ?
    Et vouloir faire une loi qui s’applique à tous, en ce domaine, c’est une absurdité :
    – il y a des pères indifférents, pour qui ce serait une corvée
    – il y a des pères qui ont des doutes sur leur paternité, ou qui s’en seraient bien passés
    – il y a des pères dangereux pour leur progéniture, de la violence aux abus sexuels
    – il y a aussi, à l’inverse, des pères qui souffrent d’être séparés de leurs enfants, de ne pas les voir plus souvent, de constater que la mère les montent contre eux
    – et puis il y a quand même des couples qui essaient de faire que les choses se passent le moins mal possible !

  2. Au delà même du cas des pères qui sont spoliés lors d’un divorce , je pense que le problème est plus général d’une déconstruction de la famille traditionelle, et plus globalement encore des valeurs du mariage .
    Il faudrait rendre ce lien plus contraignant pour les personnes qui veulent se marier . Ne pas en faire juste un acte symbolique que l’on va s’empresser de fouler aux pieds quelques années plus tard .
    Les grands parents devraient obtenir une place privilégiée dans le cadre familail par le recul qu’ils peuvent avoir sur la relation des parents qui sont aussi leurs enfants . Le divorce n’est pas une bonne chose pour l’équilibre d’une enfant ; alors que la société schizophrène met toujours la priorité à l’intérêt de l’enfant mais banalise le divorce qui est une période de graves perturbations pour les plus jeunes qui subissent cette rupture .
    Si les grands parents reprennaient une place plus importante , cela ne collerait pas avec ce projet de décosntruction de la société puisque l’on remettrait la filiation sur le devant de la scène .

  3. Il y a de nombreux cas où il est préférable que le père n’ait plus accès à son enfant, en particulier lorsqu’il représente un danger pour la mère. L’enfer étant pavé de bonnes intentions, il faut se méfier des généralisations hâtives et faussement généreuses, et laisser les juges décider, quitte, éventuellement, à revoir les décisions à intervalles réguliers pour estimer si une modification est souhaitable et possible.

  4. Bon, c’est un vaste sujet et un commentaire ne suffirait pas à traiter en entier le problème. Qu’on donne la garde principale à la mère est une chose. Mais on ne prend jamais en compte l’idée que si un parent déménage loin. À ce moment là, si c’est le parent qui en a la garde, cette garde doit être remise en cause, c’est une sorte de déportation du reste de la famille de l’enfant. Si c’est l’autre parent qui déménage loin, c’est un peu un acte de lâcheté et d’abandon. Donc un couple avec un enfant mineur qui se sépare chaque parent devrait être tenu de résider à moins d’une demi-heure de route du dernier domicile familial. Pour que justement, si un jour la mère qui a la garde de l’enfant, en pleine semaine, ne puisse une fois pas aller chercher les enfants à l’école, que le père puisse faire ce travail à sa place ! Et inversement. Concernant le fait que ce sont 3/4 des femmes qui demandent le divorce, tout dépend bien sûr de la raison de la demande car si le conjoint est infidèle ou violent, évidemment qu’on n’ira pas reprocher sa volonté de divorcer. Le parent violent, je doute fort qu’il demande le divorce. Après j’entends beaucoup l’argument féministe qu’il vaut mieux éloigner l’enfant d’un père toxique. Qu’est-ce qu’un père toxique alors ? Si le père est un homme agriculteur qui travaille beaucoup et que la mère le juge toxique car moins présent à la maison et plus souvent sale qu’elle car elle travaille dans un bureau, désolé mais on repassera pour ce qui est de la toxicité. Si cette toxicité c’est un parent alcoolique, drogué, violent, ce n’est pas la même chose. Mais encore une fois ce qui est valable pour le père l’est aussi pour la mère. Et visiblement certaines féministes ont du mal avec l’égalité des sexes. Enfin moi je suis favorable à ce que tout père biologique soit contraint et forcé à reconnaître son enfant y compris s’il est déjà marié, et y payer au minimum une pension alimentaire, et en cas d’impayé, de lui interdire de percevoir un héritage.

  5. Ne vous y trompez pas, Macron est toujours dans le « en même temps » : Ce jour-là, il parlait de l’importance du père, tout en ayant dans la tête de faire advenir le plus rapidement possible la GPA (sans parler de la PMA dont il a été le principal initiateur). Tant qu’il sera au pouvoir, rien ne se passera sur rien, il va falloir attendre encore 3 ans ans avant que, peut-être, le nouveau dirigeant ait assez de courage pour donner un grand coup de pied dans la fourmilière. Et dire que certains voudraient revenir au septennat !

    • Oui une façon shizophrène de gérer la société , d’un côté proner l’enfant sans père et sans parents du tout par la GPA ou la PMA et de l’autre proner l’importance du père dans la famille . Il y a quelque chose qui cloche !
      Par contre je suis pour le septennat . Macron va régner sur deux quinquennats !

  6. Et accessoirement de respecter la logique. Peut on dire «Un enfant qui ne voit jamais son père, c’est un enfant qui se sent abandonné et dont le développement affectif et éducatif n’est pas le même», et « en même temps » faire une politique autorisant PMA sans sans père (remboursée par la sécu), de GPA (nominalement interdite en France) sans mère ?

  7. Suggestion pour suggestion, puisque tel doit être le format du débat politique, à notre tour de lui suggérer un devoir de respect de la France et des Français.

  8. Quelqu’un a dit: »Macron c’est plus qu’ un moulin à paroles , c’est un » ventilateur » Il faut qu’il soit partout et pour n’importe quoi et on voit le résultat

  9. « I have a dream »…ou comment certain « petit père des peuples » n’a, lui-même, jamais eu d’enfant…

  10. En première instance, j’ai obtenu la garde de mes deux enfants alors que je demandai une garde alternée, ce qui ne se faisait pas encore à l’époque (1985). J’ai redemandé alors cette garde alternée ce qui a été accordé. La « mère » s’est alors mise à manipuler les enfants pour les monter contre leur père, ceux-ci prenant définitivement le parti de cette « mère » de manière très virulente. Quand je récupérais mes enfants pour ma semaine, ils étaient dans un état incroyable de prostration et de violence contre moi. Au bout d’un an, la « mère » a demandé que me soit retiré « tout droit de visite et d’hébergement » et le juge lui a alors accordé la garde des enfants. Depuis, et cela fait plus de 30 ans, mes enfants m’ont tourné complètement le dos, continuant de croire les mensonges et les méchancetés que continue de débiter cette « mère » contre moi et ma nouvelle épouse. Non, macron, les pères ne sont pas tous des salauds, non macron, les pères ont souvent du mal à vivre leur séparation de leurs enfants, surtout quand la « mère » les manipule sans cesse. Alors qu’en est-il des devoirs de la « mère » ? Macron, occupe-toi plutôt des vrais problèmes de la France (sécurité, justice, éducation, immigration…) plutôt que de tenter de détourner l’attention des français avec des problèmes qui n’en sont pas !

    • Bien d’accord avec vous, qu’est qu’il connaît à la vie defamille ?franchement, il ne sait plus quoi faire pour se mettre « en lumière « ,qu il fasse son travail de président de notre belle France, mais ça…..

  11. jupiter qui descend de l’Olympe. C’est la flamme olympique qui l’a éclairé car elle brille plus que lui ?

  12. Avant de parler de père, à 46 ans il est urgent pour Macron de le devenir. Bien sûr cela suppose qu’il se remarie avec une femme de son âge et donc qu’il divorce de l’actuelle.

  13. Évidemment ;et c’est criminel, dans le cadre de la
    GPA, de vouloir priver délibérément un enfant d’un
    père ET d’une mère.

  14. Macron cherche des idées pour détourner l’attention sur les problèmes récurrents de la France et vient de dégainer “le devoir du père” ! Comme d’habitude, il ne propose rien qu’un débat, qui comme d’habitude ne débouchera sur rien comme tous les débats précédents dont le “grand débat” décoché pendant les gilets jaunes qui n’avait abouti qu’à 100€ de plus pour le smic (pourtant déjà prévus) et la suppression de l’ENA ou plutôt son remplacement, donc uniquement son changement de nom ! Pas de changement donc, aucune action… comme d’habitude !

  15. « je suis sûr qu’il faut un père, une mère et une famille aimante » que Macron dit mais sa politique préconise le contraire : la GPA va bientôt être autorisée .

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