À Ankara, le #Sofagate enfonce encore plus l’Union européenne
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Il faut bien reconnaître qu’il est des moments vexatoires intenses qui pourraient assez facilement rendre n’importe qui tout à fait hystérique. Mais quand on observe Charles Michel, hagard et avachi sur le fauteuil de la discorde, et sans réaction devant l'humiliation protocolaire subie par Ursula von der Leyen qui se retrouve sans siège, on comprend alors la faiblesse de l’Ancien Monde…
On pourrait mettre l’absence de réaction immédiate d’Ursula von der Leyen sur le compte du calme allemand si la séquence n’était pas aussi grave. Certains observateurs prônent ardemment l’« éloge de la force », mais il convient d’admettre que nos représentants européens se sont retrouvés sous le déluge de la farce. Cet affront volontaire et médiatique commis à l’encontre de la présidente de la Commission européenne, par une Turquie totalitaire, a montré au monde entier l’insuffisance voire l’inconséquence manifeste de l’Europe d’aujourd’hui.
Je ne m’en fais guère car je sais qu’une révolte par tweet est en marche ! On palabrera ainsi des heures entières, en comités et dans les salons, sur la nécessité absolue et impérieuse de rappeler le droit des femmes d’être considérées. Aussi, on glosera des heures sur l’islamisation grandissante de cet État qui tenait encore, il y a quelque temps, à son adhésion au sein de l’Union européenne.
On pourra encore une fois s’offusquer de ce qu’une association islamiste proche de l’État turc se voie attribuer 2,5 millions d’euros par les Verts pour la construction de la plus grande mosquée d’Europe. L’ennui, me semble-t-il, est que nous ne pouvons plus parler, aujourd'hui, de vieille Europe mais seulement de vieille démocratie.
Les admirateurs de l’égalité homme-femme savent aboyer dès lors qu’il s’agit de ne pas prendre trop de risques. Il est plus facile de prôner l’égalitarisme au sein d’une Europe faible que chez nos voisins turcs.
Madame von der Leyen aurait dû exiger un fauteuil. Monsieur Charles Michel aurait dû se lever. L’Europe, à travers eux, aurait dû montrer la puissance de ses idéaux profonds. Or, après les quelques courbettes d’usage, les deux fonctionnaires de l’Europe sont repartis, contents d’eux-mêmes, remerciant de l’invitation…
Alors aujourd’hui, la présidente humiliée, dans une posture de dignité absurde, nous explique qu’elle a fait passer le fond sur la forme. D’autres cherchent naïvement des réponses en interrogeant le protocole. Qui aurait dû s’asseoir sur le sofa ?
La question éclaire plus qu’il n’y paraît. Elle démontre d’abord à quel point le courage politique fait défaut dans nos États modernes. En outre, elle rappelle que le délabrement quotidien d’une Europe qui se veut moderne et emplie de bons sentiments entraîne inexorablement et définitivement le Vieux Continent et sa population dans une situation dont elle aura du mal à se relever sans une réaction puissante et courageuse.
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