À Béziers, des prélèvements ADN contre les crottes de chien… et c’est bien !

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Robert Ménard est un individu tenace. Obstiné, diront certains ; avec un caractère de cochon, ajouteront d’autres. Toujours est-il qu’il ne lâche pas, et en politique, c’est plutôt rare. On l’a vu ainsi tempêter, l’autre semaine, contre l’obligation qui lui était faite par les autorités du pays de marier un étranger sous OQTF à une Française, lui ouvrant ainsi le boulevard de la régularisation. Il n’a pas cédé.

Cette fois, c’est la propreté de sa ville qui est en jeu. Robert Ménard en a marre de voir l’argent des contribuables s’envoler dans le ramassage du millier de crottes de chien mensuel (et celui de la Sécu dans des glissades malencontreuses). Le 12 mai, un nouvel arrêté (n° 450-2023) a donc été déposé en sous-préfecture rendant le décryptage de l’ADN canin obligatoire dans l’hyper centre-ville de Béziers. Chaque chien devra désormais disposer d’un passeport génétique, faute de quoi son propriétaire s’exposera à une amende de 38 euros. Quant aux personnes qui ne ramasseront pas la crotte de Médor, il leur faudra acquitter une « facture de nettoyage » de 122 euros.

Que le lecteur et les bonnes âmes se rassurent : une journée de prélèvement gratuit sera instaurée et Mirza pourra repartir avec son passeport sanitaire sans débourser un euro. Une période test de trois mois va être mise en place et une tolérance appliquée aux touristes « s’ils ramassent leurs crottes », précisait monsieur le maire à France Bleu.

Robert Ménard n’est pas une figure d’EELV, sa copine ne s’appelle pas Sandrine Rousseau. Ce qui prouve, en passant, qu’on peut être un mâle blanc cisgenre et ne pas aimer les barbecues : les Ménard mangent vegan. Paix à leur âme.

Non, ce qui préoccupe l’édile, c’est l’esthétique de sa ville. Il veut rendre à Béziers, ville d’histoire, son charme et son honneur. Il a donc commencé, dès son élection, par interdire l’étendage du linge « aux balcons, fenêtres et façades des immeubles visibles des voies publiques » (arrêté municipal du 19 mai 2014). Chacun son style : Béziers est certes une ville du Sud, mais ça n’est pas Palerme. Puis le maire a enchaîné, en septembre de la même année, avec un « arrêté anti-crachat dans l'espace public ».

Voilà donc le troisième volet de la trilogie : la chasse aux déjections canines. La crotte de chien, c’est dégoûtant et ça coûte cher. À en croire le maire, l’utilisation de deux motocrottes coûte – ou plutôt coûtait – à la ville 70.000 euros par an. Un chiffre de 2016 qu’il faut sans doute actualiser à la hausse.

Pourquoi 2016 ? Parce que cette année-là, le maire avait déjà projeté de ficher les chiens dans le centre-ville via des prélèvements ADN. Tout était en place, y compris la fourniture de kits aux vétérinaires pour réaliser les tests salivaires. Mais voilà, l’ancien sous-préfet Christian Pouget avait dénoncé le projet devant le tribunal administratif de Montpellier… qui l’avait retoqué.

Mesdames z’et Messieurs les magistrat.e.s vont sans doute en chaise à porteurs, comme dans l’ancien temps, évitant à leurs mocassins à glands et autres Louboutin de s’enfoncer dans la chose.

Bref Robert Ménard, tenace, donc, est revenu à la charge en ce début d’été. Cette fois, son arrêté, déposé en sous-préfecture, n’a pas été contesté et « l’expérimentation de deux ans peut donc commencer ».

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

31 commentaires

  1. Sur les pas de Chirac ayant essayé, en vain , de lutter contre ces méfaits avec ses moto-crottes ! Un hilarant dessin de Wolinski le représente en visite en Chine, demandant à Deng Xia Ping : « Comment faites-vous pour les crottes de chien ? »
    Réponse : « Pas de problèmes , chez nous on mange les chiens » !

  2. On croirait une blague du 1er avril ! Quand on sait ce que coûte une analyse ADN et le délai demandé cela m’amuse beaucoup et j’attends la suite ! Comme le dit un lecteur ci-dessous il va falloir procéder rapidement aux mêmes analyses sur les emballages de pizzas, de Macdo, de canettes, etc…

  3. Ce sont comme d’habitude toujours les mêmes qui seront contraints généralement ceux qui obéissent aux règles de vie en société et les autres ne seront jamais inquiétés parce que la police n’osera pas leur demander des comptes, dans ma ville il y a des distributeurs de sacs partout et la ville est propre, il est vrai que chez nous sommes plutôt entre nous

  4. Bravo, 2 fois bravo : bonne mesure qui devrait être prise au niveau national? Et pas seulement pour les crottes de chien mais pour les mégots et tous les déchets, graffitis, dégradations sur la voie publique. Il serait grand temps que l’on applique les mêmes règles que dans la plupart des villes en Suisse dont on peut constater la propreté. On pourra aussi suggérer à Hidalgo de ramasser les crottes de ses rats, ça l’occupera un peu intelligemment et efficacement.

  5. La moindre des choses c’est de ramasser les crottes de ses chiens, j’ai trois yorks et j’ai toujours un rouleau de petits sacs, ce n’est tout de même pas dur à faire. S’il n’y avait que les crottes des chiens comme incivilité mais il y en a bien d’autres. Par exemple, balancer ses sacs à la sortie d’un Mac Do alors qu’il y a des poubelles, mais…

  6. Il y avait longtemps que les Ménard – surtout Robert – n’avaient pas fait parler d’eux. Alors, leur entrée au gouvernement, c’est pour quand ?

  7. Robert Ménard met en place un dispositif qui devrait lutter contre le manque de civisme de plus en plus flagrant de la population. Quand je promène mon chien dans un centre ville je prends un petit sac au cas où mon Snoopy ferait ses besoins. Trottoir mais pas pas crottoir. Même si je trouve que faire un passeport adn de toutou c est aller un peu loin dans la lutte anti crotte. Par contre je soutiens ce maire dans son refus de marier un oqtf. Sa pugnacité devrait inspirer d autres hommes politiques où la compromission est leur modus operandi

  8. S’il faut en passer par là pour convaincre les détenteurs de chiens de ramasser les déjections de leurs animaux, alors pourquoi pas.

    • « Quand il n’y a plus d’éducation et de savoir vivre, il ne reste que la répression et son aspect financier ». Un jour vous aussi vous serez réprimé et vous ne comprendrez pas pourquoi mais d’autres trouveront ça bien. L’éducation et le savoir vivre ne s’imposent pas par la répression ou alors c’est que la société se perd. Et dans ce cas, la répression se retournera contre tous.

  9. Qu’est-ce qui va coûter le plus cher ? les tests salivaires par des vétérinaires, l’analyse ADN des crottes par des labos ou payer deux ramasseurs motorisés de crottes.
    Et, si la déjection organique est déjà ancienne, les tests seront-ils aussi valables ?

    • Pas plus farfelu que faire passer des contractuels mettre des pv sur les véhicules garés un peu trop longtemps ou ayant oublié de mettre leur disque en zone bleue

  10. Et maintenant la répression contre les crottes de chien. Tout le monde semble approuver. Le système politique français n’est plus bon qu’à ça : réprimer (confinement, masques, pass, …). Quant une population n’est plus capable de bon sens et du moindre effort alors elle appelle à la répression envers l’autre. Lentement mais sûrement, la société d’obéissance (totalitaire) fait son lit. La masse moutonnière, en approuvant les mesures liberticides de tout ordre, au nom d’un prétendu bien, signe là, sa faiblesse et son asservissement.

  11. J’espère qu’il va instaurer aussi la supression du port du voile généralisé parce que devant le spectacle d’une femme bâchée de pied en cape surgissant devant soit, on pourrait, devant cette apparition sidérante ,marcher sur une crotte « oubliée » par un proprétaire de chien inconvenant !

  12. Il avait aussi dit des choses très méchantes sur les catholiques qui voulaient recommencer à communier pendant le covid.
    Je crois que récemment, il se serait bien vu entrer au gouvernement.

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