À Bezons, les certitudes, les outrances et les postures de la mairie communiste
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Le maire communiste de la ville de Bezons décide de baptiser, à titre temporaire, une allée de sa ville « allée de la Nakba » ("la catastrophe", en arabe), en référence à l’exode des populations palestiniennes qui a suivi la création de l’État d’Israël en 1948. Deux plaques sont superposées, celle de dessous étant écrite en arabe. Est aussi inscrite, en dessous du type et du nom de la voie, cette phrase dont on ignore si c’est une simple évocation, une invocation, une sentence ou un réquisitoire :
« En mémoire de l’expulsion des 800.000 Palestiniens et de la destruction des 532 villages en 1948 par le criminel de guerre David Ben Gourion pour la création de l’État d’Israël. »
Les certitudes, comme c’est confortable, comme il doit être doux de s’y vautrer. Et tant pis pour les intrigants qui iront vérifier les affirmations péremptoires de l’édile. Wikipédia (même si ce n’est ni le Manifeste du Parti communiste - de Marx & Engels - ni le Petit Livre rouge - de Mao - et encore moins la Bible) affirme qu’environ 700.000 personnes ont été déplacées, reprenant des estimations des Nations unies. Soit 100.000 de moins. Près de 400 villages auraient été évacués par les Palestiniens, et pas 532. Mais nul doute que les sources à la disposition de la mairie font autorité et que Wikipédia finira par en admettre la justesse.
Qualifier David Ben Gourion de criminel de guerre, c’est une rhétorique partisane à l’emporte-pièce. Le sang qu’il a eu sur les mains (et il en a eu) en tant que chef d’une résistance puis chef de guerre est-il forcément criminel ? Il n’a pas hésité à livrer aux Anglais des membres de l’Irgoun, organisation sioniste et terroriste concurrente de sa Haganah. Rappelons qu’au moment de la fin du mandat britannique, les forces israéliennes et palestiniennes en présence n’étaient que des milices. Mais l’étiquette « criminel de guerre », c’est très efficace comme diabolisation : ça fait semblant d’avoir la rigueur de la justice mais, tout compte fait, ce n’est que de l’outrance.
Alors, à quoi cela sert-il ? Le soupçon d’une posture se conçoit aisément. Le maire flatte une certaine clientèle électorale dont les réflexes communautaristes pourraient parfois être qualifiés d’antisémites, celle qui est devenue le prolétariat de remplacement dont la gauche bien-pensante a tant besoin. Et tant pis si David Ben Gourion était, lui aussi, un homme de gauche. Encore et toujours se donner un beau rôle de chevalier blanc : voilà qui ne coûte pas cher. Ce n’est pas la municipalité de Bezons qui va changer quoi que ce soit au drame palestinien d’aujourd’hui. Et dire qu’après les cent millions de morts inscrits au sinistre bilan du communisme, il est encore des personnes pour croire à leur bonne foi.
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