À Bordeaux : ça ne sent pas encore le sapin
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Il était tant attendu et il est enfin arrivé. Non pas le petit Jésus, mais beaucoup mieux. Non le sauveur du monde, mais celui de la planète : le sapin « des fêtes de fin d’année », selon la terminologie actuelle, de la mairie écologiste de Bordeaux. L’année dernière, le nouveau maire vert, Pierre Hurmic, avait refusé d’installer le traditionnel sapin de Noël sur la place de la cathédrale. « Pas d’arbres morts à Bordeaux », avait-il clamé ! Et des économies, évaluées à 60.000 euros, pour les contribuables.
« L’œuvre d’art » de onze mètres de haut, de forme conique et de quatre tonnes, se dresse désormais sur la place Pey-Berland. Deux tonnes d’acier. Deux tonnes de verre. Trois jours d’installation. Un élévateur. Plusieurs camions, dont le moteur n’a cessé de tourner pendant sa mise en place. Mais il paraît que cela permet de lutter contre le fantasmagorique réchauffement climatique d’origine humaine. Quant au coût de fabrication, d’installation et de gardiennage vingt-quatre heures sur vingt-quatre du chef-d’œuvre, la municipalité n’en a pas encore parlé. Qu’importe ! Quand on aime, on ne compte pas. L’arbre d’acier et de verre est conforme à la charte des droits de l’arbre signée par la mairie, quelques jours auparavant : « L’arbre a droit au respect de son intégrité physique, aérienne et souterraine […] Il doit être respecté tout au long de sa vie, avec le droit de se développer et se reproduire librement, de sa naissance à sa mort naturelle, qu’il soit arbre des villes ou des campagnes. L’arbre doit être considéré comme sujet de droit, y compris face aux règles qui régissent la propriété humaine. »
Notre arbre futuriste ne se sentira heureusement pas seul. À quelques mètres de lui, la mairie écologiste a également planté dix vrais arbres. Des mois de travaux. Des pelleteuses. Des marteaux piqueurs. Des grues. Des camions. Un chantier gigantesque ! Malgré le gaz carbonique rejeté, les dix arbres, selon le panneau affiché fièrement pendant les travaux, vont permettre de réduire le fameux réchauffement climatique. Un miracle plus fort que celui de Noël ! Dix pauvres arbres vont réussir là où les 3.000 milliards d’arbres que compte la Terre ont échoué. Cette naïveté déconcertante rappelle celle des petits enfants qui, sur les plages d’Arcachon, s’amusent l’été à remplir leur seau d’eau. À la question « que faites-vous ? », ils répondent naïvement : « Nous vidons la mer. » Quelques seaux pour vider la mer. Dix arbres pour refroidir la Terre. De la part d’enfants, c’est amusant. Venant d’adultes, c’est consternant.
L’arbre des édiles bordelais présente pour eux un autre avantage : il ne sent pas le sapin ! Malgré ses initiatives affligeantes, le maire peut encore croire en sa réélection.
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