A. Folch : « Le système politique étouffe la vérité sur les morts mystérieuses »

Tous les assassinats couverts, suicides provoqués et barbouzeries sanglantes sont indissociables du pouvoir politique.
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Entretien avec Arnaud Folch, directeur des hors-séries de Valeurs actuelles, dont le dernier numéro, qui vient de sortir, est consacré aux « secrets d’États et morts mystérieuses ».

 

Boulevard Voltaire. Pourquoi avoir consacré un magazine entier à ces morts mystérieuses ?

Arnaud Folch. Parce qu’elles sont en réalité très méconnues. Tout le monde a entendu parler des affaires Stavisky, Markovic, Boulin, de Broglie, Ben Barka, etc., mais qui les connaît vraiment ? Ensuite, parce que d’Henri IV (acte isolé ou conjuration ?) à François de Grossouvre (suicide ou assassinat ?) en passant par Zola (cheminée bouchée intentionnellement ?), Jacques Doriot (abattu par les Allemands ou les alliés ?) ou Philippe de Dieuleveult (noyade ou meurtre couvert par la France ?), ce travail d’enquête, qui nous a pris plus d’un an, permet de se plonger au cœur de certaines des plus grandes énigmes de notre Histoire, mais aussi de ses plus sordides zones d’ombre : corruption, justice aux ordres, omerta….

 

B.V. Vous contez la fin tragique de Philippe Daudet, Jacques Doriot, Félix Faure, François de Grossouvre et bien d’autres, tous liés à la politique. Est-ce la politique, qui tue ? Et, si oui, pourquoi ?

A. F. Qu’est-ce qu’un secret d’État, si ce n’est, le plus souvent, un scandale d’État que l’on veut à tout prix dissimuler ? Tous les assassinats couverts, les suicides provoqués et les barbouzeries sanglantes dont nous dénouons les fils (les faits, rien que les faits !) sont indissociables du pouvoir politique, quelles que soient les époques. Comme l’écrivait Balzac, « il y a deux histoires : l’histoire officielle, menteuse, puis l’histoire secrète, où sont les véritables causes des événements ».

 

B.V. La vie politique actuelle, en France, compte cependant moins de victimes ; nos politiques sont-ils plus vertueux ou les médias ont-ils perdu de leurs capacités d’enquête ?

A. F. Tout dépend de ce que l’on entend par « période actuelle »… La mort extrêmement suspecte de Christophe de Margerie, l’ex-PDG de Total, honni par les Américains pour ses liens avec Poutine, ne remonte qu’à 2014 ; celle de Bérégovoy à 1993, de Grossouvre à 1994… Les affaires Boulin, de Broglie, Duprat (l’ex-numéro deux du FN) ou Goldman datent de la fin des années 1970. Surtout, de droite ou de gauche, c’est le même « système » qui est aujourd’hui aux commandes et continue, le plus souvent, à vouloir étouffer la vérité. L’assassinat du prince de Broglie, qui était l’ex-trésorier de la campagne de Giscard - et sur lequel il est avéré que Michel Poniatowski, le ministre de l’Intérieur de l’époque, a menti -, a été classé « secret défense » et devrait, théoriquement, être déclassifié cette année. Le sera-t-il ?

 

B.V. Concernant l’affaire Boulin, vous publiez les quatre pages d’une écoute téléphonique de la police. Selon vous, elle prouve que le jour et l’heure de la découverte de son corps ont été changés. Un élément troublant de plus…

A. F. C’est l’un des très nombreux éléments plaidant en faveur, non d’un suicide par noyade (dans 50 centimètres d’eau !), comme le dit la « version officielle », mais d’un meurtre ou d’un assassinat - ce qui est la conviction de la plupart des enquêteurs et politiques que nous avons rencontrés : traces de coups et de fractures au visage ; Valium injecté et non ingéré ; preuve que le corps a été déplacé post mortem avant d’être porté dans l’eau ; double écriture de son « testament » ; disparition de documents « secret défense » ; nouveau témoignage particulièrement crédible apparu en 2023, etc. Quarante-cinq après, qui, au sein de la classe politique, réclame enfin la lumière sur ce dossier ?

 

Secrets d’État et morts mystérieuses, 132 pages, 11,90 euros. Disponible en kiosque et sur la boutique de Valeurs actuelles.

Vos commentaires

12 commentaires

  1. Sujet terrifiant. La peur des puissants mène au pire.
    Version officielle … étouffé … témoignages … convictions … et après ?
    L’affaire Boulin va-t-elle aboutir ??? Droite ou Gauche, ils se tiennent tous par la barbichette.
    Les « Secrets d’Etat » permettent tout ? Il fallait s’arrêter aux soupçons et s’en contenter ?
    Qu’apportera maintenant, réveiller tous ces dossiers ? « Plus jamais ça ! » ?

  2. Je suis fervent défenseur des forces de l’ordre de la police , des gendarmes mais parmis ces gens destinés à nous protéger et à révélerou chercher la vérité , il y en a une partie qui collabore en fermant les yeux ou en ne faisant pas les enquêtes et investigations nécessaires . Mais cela vient souvent de la hiérarchie et non du flic de terrain ou du gendarme , un militaire qui ne fait qu’obéir .

  3. Le système politique étouffe la vérité sur les morts, il n’ y a pas que ça qu’il étouffe quand je vois ce qu’il reste sur mon compte bancaire après les prélèvements obligatoires, je manque vraiment de m’ étouffer.

  4. A part Cnews et encore ils prennent eux aussi souvent des gants pour ne pas se retrouver avec des millions d’amendes, reste t-il encore des médias honnêtes et libres ? en d’autres termes la France est-elle encore une démocratie ? Déjà quand on vile 60% d’un bien produit la démocratie est déjà bien lointaine et l’escroquerie est au bout du chemin et ce n’est pas fini les moyens manquent déjà pour assurer le grand train de vie de toute bande politique qui ne trouve plus d’autre issue que la guerre pour finir de se remplir les poches pour plusieurs générations.

  5. Bon, on enfumait les grottes pour en faire sortir les voleurs de cuisses de mammouths. Puis il y a eu Talleyrand et Mitterrand qui ont affiné le boulot…Le problème c’est qu’on arrêté et que maintenant on accueille les femmes de djihadistes !

  6. Ces affaires étaient déjà obscures au moment où elles se sont produites, alors 50 ou 60 ans plus tard…
    Nous avons ici affaire à du « journalisme » qui feint d’avoir trouvé « LA » vérité que le pouvoir nous avait caché. Que nos politiciens soient malhonnêtes, incompétents et dénués du moindre scrupule, il suffit de regarder la France depuis Mitterrand pour le savoir. Sans même parler de la macronie.
    Plutôt que de regarder dans un rétroviseur sans tain, vous autres journalistes, seriez bien mieux inspirés de nous parler d’économie et de la marche du monde. Le nombrilisme Franchouillard basta !

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