À force de protéger les locataires, on ne loue plus !
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Dix points de popularité perdus au mois de juillet, notre Président tout neuf commence à descendre un toboggan déjà bien lustré par ses prédécesseurs. Classique : avant les élections, on promet des carottes à chaque groupe social ; élu, on commence à les décevoir un par un. Macron semble avoir compris qu'il était prudent de le faire le plus vite possible, loin des prochaines élections… Alors, après les militaires et quelques autres, ce sont aujourd'hui les jeunes qui passent sous le rabot.
Déjà bien échaudés par le délire des admissions en faculté, on leur annonce aujourd'hui une amputation de leur aide personnalisée au logement (APL). Pas bien grosse (cinq euros pas mois) mais c'est le symbole qui compte. À preuve, le rapprochement avec l'adoucissement de l'ISF est immédiatement brandi par les critiques de gauche : "On tond les petits et on fait des cadeaux aux riches !" Mais qu'y a-t-il de commun entre réduire une manne, et réformer une extorsion ? Pourquoi, d'ailleurs, serait-ce le rôle de l'État de loger les gens ? Pourquoi pas les nourrir et les vêtir, alors ?
Subventionnez un club local de chasse aux papillons. Au début, les membres y verront une aubaine. Propre, au passage, à les séduire en tant qu'électeurs. Puis, avec le temps, ils percevront cette allocation comme un droit naturel. Et ensuite, la moindre rumeur de baisse finira par être ressentie comme une menace sur les droits de l'homme…
Quand un pays est en faillite, la logique voudrait qu'il se recentre sur ses missions régaliennes, telles que l'armée, la police et la justice. Comme par hasard, ce sont trois institutions qui, chez nous, pleurent misère, tandis que nous dépensons 46 milliards pour l'aide au logement (dont 18 pour l'APL). Et avec un résultat à peu près nul, puisque chacun peut constater que, malgré cette aide, smicards ou étudiants n'arrivent toujours pas à se loger décemment près de leurs zones d'activités !
Pour nos grands "humanistes", naturellement, seule la rapacité des propriétaires est censée expliquer cet échec. Pas de chance : une toute récente étude de Deloitte parue dans Le Figaro révèle que le taux de rendement d’un investissement locatif à Paris intra-muros s’élevait, en 2016, à 2,8 % en moyenne, contre 5 % environ à Barcelone ou Berlin. En réalité, l'explication de la crise du logement se résume à une cause unique : la mainmise de l'État sur tous les paramètres. Qu'il s'agisse de la définition des zones constructibles, du POS, du COS, du PLU, de l'ISF, des normes de construction, du contrôle des loyers, des non-expulsions des mauvais payeurs, etc., le propriétaire bailleur est le dernier héros des temps modernes…
À Bruxelles, pourtant capitale de l'Europe, il n'y a pas de problème de logement. Et, le croirez-vous, il n'y a pas d'APL non plus ! Et un mois après la signification du jugement, l'huissier procède à l'expulsion.
L'engrenage fatal est toujours le même. À force de protéger les salariés, on n'embauche plus. À force de protéger les locataires, on ne loue plus. C'est aussi simple que ça…
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