À Hénin-Beaumont, Marine Le Pen siffle la fin de la récréation Mélenchon

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On avait l’habitude de la voir démarrer ses campagnes très tôt. Cette fois-ci, Marine Le Pen est la dernière à se lancer. Elle n'était pas réapparue en public depuis le soir de la présidentielle. Elle était, dimanche, dans sa circonscription d’Hénin-Beaumont, costume bleu et blanc, reposée, accompagnée du maire de la ville Steeve Briois. La députée du Pas-de-Calais, candidate à sa succession, a serré les mains et embrassé des Français venus pour le repas de la Fraternité, pendant qu’un accordéon jouait l’air des « Corons », de Pierre Bachelet (« Au nord, c'était les Corons... »). Marine Le Pen leur a parlé un peu de ses chats. C’est parti : l’opposante à Emmanuel Macron au deuxième tour de la présidentielle se lance à son tour dans la bataille des législatives. On l’avait presque oubliée, tant l’union de la gauche derrière Mélenchon et l’offensive d’Emmanuel Macron ont rempli l’espace médiatique, ces dernières semaines.

C’est que Marine Le Pen adopte la stratégie inverse de celle de ses deux grands concurrents. Rien pour attirer les feux de la rampe. Elle ne change pas le nom de son parti comme l’ont fait Macron et Mélenchon. Elle n’organisera pas d’événement spectaculaire, nous confie une source au Rassemblement national, seulement un grand meeting début juin. Marine Le Pen privilégiera les rendez-vous sur le terrain avec Jordan Bardella, dans les circonscriptions gagnables. Et, surtout, contrairement à Macron et Mélenchon, elle ne nouera pas d’alliances d’appareils ou très peu (peut-être avec Dupont-Aignan), en tous cas pas avec le parti Reconquête d’Éric Zemmour qui lui tend les bras. La fille de Jean-Marie Le Pen est convaincue qu’elle aurait plus à perdre à sa gauche qu’à gagner à sa droite. Donc, pas de tapage : Marine Le Pen creuse son sillon et insiste sur ses fondamentaux. En premier lieu, l’Europe.

Et cela tombe bien : ses positions hostiles à l’Europe fédérale vont la propulser naturellement dans un face-à-face avec le président de la République. Pourquoi ? Parce qu'Emmanuel Macron va centrer sur l’Europe tout son deuxième mandat, un mandat qui sera justement ponctué par les élections européennes de 2024. Dans son discours d’investiture samedi, il a déjà parlé d’un « projet républicain et européen ».

Marine Le Pen aura donc un boulevard pour opposer sa vision de l’Europe des nations, durant les législatives et après, à celle de Macron. D’autant que Mélenchon a nettement brouillé sa position d’opposant à l’Europe, d’abord en apportant ses voix au militant européen Macron au deuxième tour des présidentielles, puis en s’alliant avec les Verts, le parti le plus favorable à l’Europe dans le champ politique avec LREM (rebaptisée Renaissance). Le Pen a immédiatement dégonflé la bulle (et la tête ?) de Mélenchon : « La fable de Jean-Luc Mélenchon opposant à Emmanuel Macron, on va peut-être arrêter, maintenant… Ça a duré quinze jours, ça a fait rire tout le monde », a-t-elle lancé à Hénin-Beaumont. « La réalité, c’est que Jean-Luc Mélenchon a fait élire Emmanuel Macron », a-t-elle rappelé. « Ça le discrédite absolument pour pouvoir se mettre dans la posture de l’opposant. »

Ces propos suffiront-ils pour réinstaller Marine Le Pen en principale opposante à Emmanuel Macron ? Sur le plan médiatique, la place a été chipée ces derniers jours, par Jean-Luc Mélenchon et sa grande alliance à gauche, la NUPES, mais Marine Le Pen n’a pas disparu, ses électeurs et ses troupes non plus. Elle va reprendre ses thèmes favoris : la casse sociale, l’immigration incontrôlée, l’insécurité grandissante, des failles béantes dans le bilan de Macron. Par ailleurs, Marine Le Pen part dans cette nouvelle bataille avec une avance nette puisque les sondages prévoient, pour le Rassemblement national seul, à peu près autant de députés que toute la gauche réunie. Tout dépendra, une fois de plus, de la participation mais, si on en croit le dernier sondage Challenges-Harris Interactive, le RN obtiendrait 65 à 140 députés, une moisson inédite dans l’histoire du Front et du Rassemblement national qui ne compte aujourd’hui que huit députés. En dépit des coups de gueule, coups de bluff, forfanteries et autres coups de menton de l’ancien sénateur socialiste, la place de premier opposant n’est pas du tout gagnée pour Jean-Luc Mélenchon, loin s'en faut !

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

49 commentaires

  1. Tant que Marine sera à la tête du RN les patriotes perdrons.elle ne veut pas gouverner,il n’y a qu’a voir son débat avec Macron et son comportement au soir du deuxième tour

  2. j’ai proposé il y a quelques jours que chacun d’entre nous écrive à MLP, EZ et NDA pour un accord de constitution du 3ème groupe qui ne sera pas un mariage d’amour mais un mariage de raison et nous savons tous que les mariages de raison durent plus longtemps

  3. Rassurez vous, les chasseurs de têtes de Bruxelles ont déjà nommé le premier Ministre. Tout est déjà dans les cartons, prêt à être utilisé. Le taux d’abstention va être surréaliste et dans ce pays fondamentalement de gauche, MLP ne gagnera rien mais Mélenchon fera le plein. C’était largement prévisible, une simple question de bon sens. Le capitalisme apatride le plus pourri peut pavoiser, car les restes des masses Historiques blanches européennes sont éliminées définitivement.

  4. MLP préfère perdre seule que gagner à plusieurs.
    Elle s en-tête à mener ses électeurs de défaite en défaite.
    Jusqu à quand.

  5. Elle devrait surtout travailler à réunir l’ ensemble des patriotes, c’est notre ultime espoir, le reste n’ est que pipeau !!!! Quand je pense que j’ ai commencé à voter FN en 1983, je commence à trouver le temps long ……

  6. Là aussi, le RN va perdre ! Plus aucune confiance dans ce parti et plutôt contente de m’être tournée vers celui qui offre un espoir et qui veut vraiment rassembler les droites.

  7. Enfin un article de BV qui en avait pris la mauvaise habitude qui n’encense pas Zemmour . Bien que celui-ci dans les commentaires garde ses thuriféraires énamourés. Article relativement réaliste car je ne pense pas le RN à plus de 30 députés, même si je souhaite fortement me tromper. Mais cela serait suffisant pour préparer l’avenir, vu la débâcle économique qui se profile. Hardi les patriotes !

  8. Ce jour la côte de popularité du Président est de 41 %…..pas même le résultat obtenu par MLP dans le duel! Quelle honte…..à poursuivre sur ce mode d’élection, ce que je vais reprocher ce soir à mon député qui vient de franchir le Styx séparant LR de l’ex LREM… .pensions-nous! !

  9. Que ceux qui rejettent la France en votant Macron ou Melenchon qui souhaitent l’anéantir réfléchissent : on sait ce que l’on perd, mais à quoi ressemblera l' »après »?
    Les grands perdants du « renouveau » ne seront peut-être pas ceux qu’ils espèrent !
    MLP et son précieux bras droit Jordan BARDELLA semblent les mieux placés pour sauver ce qui est « sauvable ».

  10. Pour gagner il lui faut une autre envergure, fini les heu heu, du nerf, on frappe sur la table,
    on insiste sur l’ immigration, sur l’ abandon de nos couleurs, de nos valeurs
    La petite fifille de Le Pen c’est terminé, c’est Marine Le Pen une combattante ( qui doit foutre une pince dans ses cheveux, énervant ce geste de remise en place)

  11. Vous perdez votre temps de parler des législatives. Les forces patriotes aujourd’hui, divisées, ne peuvent prétendre qu’à une dizaine de sièges . Aucun intérêt de tirer des plans sur la comète.

  12. Toutes ces alliances ou non alliances embrouillent les électeurs tant l’hypocrisie règne en politique. Après on s’étonne de l’abstention. Le seul qui propose une union qui tient la route c’est Zemmour.
    Tous ces professionnels de la politique sont des rigolos et des profiteurs que seule la place intéresse.

    • tout à fait , très juste et c’est ce qui prouve encore qu’il y a une majorité de sots …

  13. Il faudrait du punch à Marine et que les Français réalisent à quel point ils sont bernés , on à édulcoré tout sens patriotique c’est le repli sur soi l’égocentrisme et l’indifférence des abstentionnistes qui permettent à un Macron de jouer avec nos vies.

  14. Le dernier souffle est à notre portée, donnons aux patriotes et souverainistes cette force qui nous anime et qui pourrait faire de nous le principal rempart d’abord face à Macron puis à l’Europe qui tentera par tous les moyens de nous faire disparaître dans son magma fédéraliste.

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