À peine arrivé au pouvoir, Trump promet de briser l’État profond
Après les paroles, les actes. En 2016, Donald Trump était l’outsider triomphant, élu sur la promesse de mettre un terme à l’establishment de Washington. Pourtant, son mandat a été marqué par une résistance farouche de l’administration fédérale. Fonctionnaires, agences et conseillers jugés hostiles ont souvent paralysé ses initiatives, rendant son slogan « drain the swamp » (« assécher le marécage », en français) plus symbolique qu’opérationnel. Mais en 2024, les choses ont changé. L’ancien président revient avec une stratégie plus affûtée : reprendre les rênes du pouvoir en transformant radicalement l’État fédéral
« À celui qui triomphe reviennent les récompenses »
Moins de 48 heures après son investiture, Donald Trump a déjà procédé à une série de destitutions stratégiques. José Andrés a été écarté du Conseil présidentiel sur le sport, Mark Milley a perdu la présidence du Conseil consultatif national sur les infrastructures, Brian Hook a été démis de ses fonctions au sein du Centre Wilson pour les chercheurs, et Keisha Lance Bottoms a été relevée de la direction du Conseil présidentiel pour les exportations. Une démonstration rapide de sa volonté de remanier en profondeur l'appareil gouvernemental. Des limogeages en série permis par le spoils system. Contacté par BV, le Républicain Ian Walsh Reilly, président du Metropolitan Republican Club de New York, spécialiste de ces questions, nous explique que ce système permet au vainqueur de l’élection présidentielle de renouveler l’ensemble de la haute fonction publique pour placer des fonctionnaires qui lui sont acquis. « À celui qui triomphe reviennent les récompenses », résume le républicain.
Fini les nominations hasardeuses et les alliés fragiles. Trump, fort de son expérience, prépare un véritable coup de balai de ce qu’il appelle l’État profond. Son projet « Schedule F » (calendrier F, en français), déjà évoqué en 2020, lui permettrait de licencier facilement des milliers de hauts fonctionnaires. L’objectif : garantir que les rouages de l’administration servent son programme et non des intérêts qu’il juge contraires à ceux du peuple américain. À peine revenu à la Maison Blanche, le président américain prévient : « Mon bureau du personnel présidentiel est en train d’identifier activement et de destituer plus de mille personnes nommées par la précédente administration, qui ne sont pas alignées avec notre vision de Make America Great Again [Rendre sa grandeur à l’Amérique]. »
Bientôt un spoils system à la française ?
Le spoils system n’existe pas en France, du moins officiellement, la continuité de l’État étant assurée par les hauts fonctionnaires. Pour autant, plusieurs figures politiques françaises y sont favorables. Pendant et après son mandat, Nicolas Sarkozy se prononçait pour « un système des dépouilles » à la française. « Peut-être faudrait-il identifier des postes-clés dans la haute administration qui changeraient en même temps que les majorités, pour être sûr qu'une nouvelle politique se mette en place le plus rapidement possible », s’interrogeait l’ancien président, bien loin d’incarner la figure du Trump à la française.
Ailleurs à droite, on est sceptique. Marine Le Pen a plusieurs fois eu l’occasion de s’exprimer à ce sujet, toujours défavorablement. Mise souvent en parallèle avec Donald Trump sur le plan des idées par les observateurs politiques, l’ex-présidente du Rassemblement national réaffirmait, en 2022, sa volonté de ne pas « couper des têtes » pour changer le système et assurait : « si je suis amenée à être obligée de changer tel ou tel, je le ferai, mais je n’ai absolument pas vocation à mettre en place un “spoils system” à la française ». Tout l’inverse de Trump. Pas de « Schedule F » français en vue pour 2027, donc.
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