À Poitiers, pour EELV, c’est Moncond’huy. D’aération ?

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Encore une joyeuse nouvelle sur la qualité de nos élus jaune-vert que le monde nous envie. Lundi dernier, lors d’une séance du conseil municipal de Poitiers, le maire Europe Écologie Les Verts (EELV) de la ville, Léonore Moncond'huy, a décidé de supprimer les subventions municipales accordées à deux aéro-clubs du cru.

Au moins, il n’y a pas eu mistoufle de sa part. Dès le lendemain 16 mars, les deux aéro-clubs ont été informés par un courriel du conseiller municipal chargé de la politique sportive qu’ils ne seraient pas subventionnés en 2022. Et alors ? Madame le maire a justifié ses choix en vertu de son opposition aux loisirs motorisés utilisant des énergies fossiles : « C’est pour ce genre de décisions qu’on a été élus aussi ; c’est pour requestionner toutes nos politiques. L’aérien, c’est triste, mais ne doit plus faire partie des rêves d’enfant aujourd’hui. »

Jean-Marie Arnault, président de l’aéro-club du Poitou, a beau argumenter d’une décision « injuste » et « ubuesque » du fait que « la moitié des adhérents ne sont pas concernés par le vol motorisé » – vols en planeur et aéromodélisme. Peut-être devrait-il, alors, faire un procès à la démocratie. Madame le maire l’a dit : elle est élue pour ça ! Et le répète : « Il y a la question de l’urgence climatique qui implique de revoir l’ensemble de notre logiciel […] une question de responsabilité vis-à-vis de l’argent public. » Sans idéologie ni dogmatisme ?

À 31 ans, Léonore Michelle Aurélie Moncond'huy, fille d’universitaires, élue de vague verte en juillet 2020 par bénéfice d’une abstention populaire record (plus de 66 %) et de reports de voix de gauche extrême, a mis fin, par son élection, à 43 ans de gouvernance socialiste sur Poitiers. On doit lui reconnaître de dire ce qu’elle fait et de faire ce qu’elle dit : opposée au cumul des mandats, elle a démissionné, dans les mois suivants, de son siège au conseil régional. Mais cette polémique aérienne vient, mal à propos, la clouer au sol au rang histrionique des autres maires écologistes de Bordeaux, Lyon, Grenoble ou Strasbourg, élus en 2020, dont les décisions d’autorité contre l’héritage chrétien du pays ont suscité une vague d’indignation légitime.

Les réactions, prétendument outrées, d’une Valérie Pécresse (SL) sur un « totalitarisme » vert qui veut empêcher les enfants de rêver ou celles d’un Jean-Baptiste Djebbari parlant d’« élucubrations autoritaires et moribondes » et du droit à faire du rêve une réalité ne sont que polémique stériles d’un spectre politicien socialo-centriste de pouvoir en quête de relance électorale.

Car sous ce « bad buzz » d’un litige qui paraîtrait anecdotique, d’autres enjeux semblent se dessiner. Valeurs actuelles relève que « cette mesure controversée a pour toile de fond les relations tendues qui existent entre le conseil départemental et les élus du Grand Poitiers, à propos de l’aéroport de Poitiers-Biard ». Les élus de la Communauté urbaine, sous la présidence de Florence Jardin (DVG), Moncond’huy vice-présidente, voudraient éviter un trafic aérien exponentiel sur cet aéroport. À l’inverse des projets de la majorité divers-droite du conseil départemental et des intérêts privés des aéro-clubs qui utilisent le site. Un enjeu de pouvoir et une question idéologique d’aménagement du territoire.

La crise Covid-19 a démontré que l’exploitation effrénée du monde par une mondialisation sans âme au seul profit des sociétés de nantis et de l’assouvissement du désir individuel contre les besoins vitaux ou la spiritualité collective nous mène au chaos. Nous devons rétablir la notion de limite et celle de prudence.

Il ne s’agit pas de « voler » au secours du maire de Poitiers mais d’être juste. Nous ne nions pas son parti pris idéologique ni l’emprise gauchiste néfaste qui pourrait peser sur ses choix. La polémique écarte à dessein le « c’est triste » de son propos : ce qui signe un regret, un impératif et une nécessité. Si, face aux vrais défis technologiques du siècle, les élus EELV semblent de plus en plus voler au ras des pâquerettes, gageons que son engagement scout doit encore la porter à vouloir bien agir. Eût-elle parlé de « caprice » au lieu de « rêve » et l’affaire était close. C’est en volant trop près du soleil qu’Icare, enfant capricieux, vit son rêve brisé.

Pierre Arette
Pierre Arette
DEA d'histoire à l'Université de Pau, cultivateur dans les Pyrénées atlantiques

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