À quand les mineurs délinquants en uniforme et sous le drapeau ?
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« Je souhaite […] un partenariat justice-armée pour certains mineurs, pour certains jeunes majeurs », avait déclaré le garde des Sceaux, sur BFM TV, en octobre dernier, ajoutant qu’il ne pouvait accepter « que des jeunes Français sifflent la Marseillaise et crachent sur notre drapeau ». Face au déferlement de violences urbaines impliquant des « jeunes », à leur désamour de la France, à la démission des parents dépassés ou biberonnant leur progéniture à la culture victimaire, la question d’un encadrement militaire revient avec force sur la table pour contrer ce qu’il convient d’appeler poliment des « incivilités ».
Dans un pays où professeurs et policiers, mais dorénavant aussi journalistes et pompiers sont gratuitement insultés et agressés, il faut croire que la suspension du service militaire par Jacques Chirac au profit d’un « parcours citoyen » a échoué en matière d'éducation au « civisme » et au patriotisme. À la mollesse de notre société, ils préfèrent assouvir leur soif d'idéal dans des valeurs plus radicales.
Invité de la matinale, jeudi, sur Public Sénat, le député Aurélien Pradié a plaidé pour « une peine rapide et immédiate qui soit une peine d’encadrement militaire » à l’égard des jeunes délinquants. Le secrétaire général des Républicains préconisait, également, la suspension des allocations familiales comme moyen de pression : « Je pense que ce serait une mesure juste à l’égard de tous ceux qui ont abandonné leur mission d’autorité parentale. »
L’idée d’un encadrement par l’armée n’est pas nouvelle. Lancée en 2005 sous le gouvernement Villepin, le dispositif « Défense deuxième chance » offrait une formation aux 18-21 ans en grandes difficultés. Celle-ci se déroulait dans des établissements publics d’insertion de la Défense (EPIDE). Les jeunes en uniforme saluaient quotidiennement le drapeau, évoluaient dans un cadre à la discipline stricte et recevaient des cours de civisme, des notions d’informatique, ils pouvaient également passer leur permis de conduire. « Le tout aux frais de l’État, et rémunéré 300 euros par mois », écrit Le Figaro. Jusqu’en 2011, cet encadrement repose uniquement sur la base du volontariat, avant d’être inscrit dans le système pénal sous le vocable de « service citoyen ». Le juge pouvait ainsi condamner les mineurs délinquants à un séjour en EPIDE.
Mais c’était sans compter sur l'arrivée du nouveau garde des Sceaux et sa politique de l’excuse conduisant à l’impunité des délinquants. Parmi ses réformes pénales, Christiane Taubira coupe donc les financements des EPIDE. Depuis, l’ensauvagement croissant de nos banlieues incite des personnalités politiques de gauche comme de droite à revaloriser la discipline militaire. « Je ne crois pas au choix de la prison, où les mineurs se mélangent aux délinquants de droit commun et ressortent plus dangereux qu’ils ne sont arrivés, sans aucune perspective de réinsertion », confie Aurélien Pradié au Figaro. Ségolène Royal et Jean-Michel Blanquer s’y sont montrés également favorables.
Alors qu’il y a urgence et que, selon Éric Ciotti, « la disposition existe encore dans la loi […] elle n’attend que d’être appliquée », Éric Dupond-Moretti assure travailler avec Florence Parly sur ces questions mais répond que son application « est techniquement un peu compliquée »...
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