À quinze jours du premier tour, le croisement des courbes ? Pas toutes !
C'est le scénario que les deux favoris redoutaient : l'essoufflement, l'érosion, et des courbes qui se dessinent pour donner, le jour J, un résultat inverse, ou tout au moins sensiblement différent, de celui qui a été répété, martelé pendant deux mois : le duel entre Macron et Le Pen. Un scénario à la Jospin-Le Pen de 2002 quand, quelques jours avant le vote, les courbes des deux candidats se croisèrent. C'est ce que dit le sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour Le Point. Macron et Marine Le Pen perdent environ deux points pour se retrouver à 23 %, et Fillon et Mélenchon montent pour se retrouver à 18 %. Avec la marge d'erreur, la projection de ces tendances sur les quinze prochains jours et le vote des indécis, tout est possible. Et le duel annoncé s'est transformé en un match à quatre, où chacun peut compter rassembler autour de 20 % des suffrages.
Le grand flou, donc. Et, quelque part, c'est très bien qu'il en soit ainsi. Les Français vont vraiment pouvoir choisir sans cette pression stupide du « vote utile », du « faire barrage ». Cette rengaine, on nous l'a sortie bien trop tôt. Il sera bien temps, le soir du 23 avril, de savoir qui nous voulons éviter à la France.
Mais si le diktat du duel Macron-Le Pen imposé par les sondages ne nous a pas empêchés de voir ces réalités politiques de base qui font que Mélenchon et Fillon disposent d'un socle et d'une cohérence politique et humaine qui expliquent leur résistance aujourd'hui, le flou que l'on nous sert à présent ne doit pas nous dispenser de regarder de plus près cette zone grise des 20 % où nos quatre candidats se débattraient à égalité.
Quelques principes de base, donc, pour éviter de rêver trop fort, surtout à gauche. Les Français penchent tellement à droite que l'on n'a aucune chance d'assister à un duel Macron-Mélenchon. La querelle entre les deux gauches ne se réglera pas à la présidentielle. Il faut le redire : le total des voix de gauche, que les sondages s'obstinent à maintenir très élevé, ne sera pas celui-là le 23 avril, et ne dépassera certainement pas les 50 %. Et ni Mélenchon ni Macron n'atteindront les scores mirobolants de 18 et 26 % qu'on leur a prédits.
Que Macron se tasse, c'est normal, vu la fragilité de ses bases. Mais le tassement de Marine Le Pen n'ira guère plus bas.
Finalement, c'est peut-être l'ancien Président Sarkozy qui, observateur averti de ces choses, a dit le fin mot de ce qui se passe en ce moment dans sa tribune de soutien à Fillon : "Une mobilisation pour la victoire des idées de la droite." Et, vu les soutiens de l'un et certaines prises de position de l'autre, cette mobilisation ne se tournera ni vers Macron ni vers Marine Le Pen.
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