À quoi bon connaître « La Marseillaise », si on la siffle dans les stades ?
3 minutes de lecture
Tous les candidats à la naturalisation doivent passer un entretien en préfecture pour justifier d'« un niveau de connaissance de l'histoire, de la culture et de la société françaises », dont les éléments sont définis par décret. Le Parisien du 30 juillet propose ainsi à ses lecteurs un quiz de vingt questions afin qu'ils puissent vérifier s'ils auraient le niveau requis. Le résultat ne fait pas de doute, compte tenu des questions, mais demandons-nous plutôt si un tel questionnaire prouve qu'un prétendant à la naturalisation serait un bon Français.
Le Parisien déclare s’être inspiré d'un document publié par le Groupe d’information et de soutien des immigrés (GISTI), qui propose des questionnaires dans l’optique de préparer les candidats à la naturalisation. Une sorte de bachotage avant l'examen. Le GISTI se présente comme un « groupe d’information et de soutien des immigré·e·s » qui milite « pour l’égal accès aux droits et à la citoyenneté sans considération de nationalité et pour la liberté de circulation », ce qui en dit long sur ses orientations.
La Direction générale des étrangers en France (DGEF) a précisé au quotidien que « les questionnaires en ligne [...] répondent sans doute à une attente du public de réassurance » mais qu'elle n’en « examine jamais » le contenu. Une façon d'en approuver l'existence sans en désapprouver le contenu. On y trouve des questions comme « À quelle période de l’Histoire se rattache la construction du château de Versailles ? », où l'on a le choix entre Napoléon, Louis XIV et Louis-Philippe, ou encore « L’hymne de la France est : La Marseillaise - La Versaillaise - La Paimpolaise » ? Ce type de questions élémentaires semble oublier qu'une connaissance ne sert à rien si l'on ne veut l'appliquer. À quoi bon connaître « La Marseillaise », si on la siffle dans les stades ?
D'autres questions sont plus insidieuses. Celle-ci, par exemple : « En France, le catholicisme est : une religion officielle - une religion parmi d’autres - une religion interdite ? » Aucune des réponses proposées n'est satisfaisante. La réponse « Une religion parmi d'autres » rassurera, sans doute, un grand nombre de prétendants et aura l'assentiment d'une partie de la gauche, mais la seule réponse juste serait que le catholicisme est, horribile dictu, la religion « historique » ou la « première » religion de la France.
Si l'on ajoute que la DGEF indique que cet entretien n'est pas « un test de culture générale [...] dans lequel le demandeur aurait un score minimal attendu » et qu'« on ne demandera pas la même chose selon que l’intéressé a suivi ou pas des études supérieures », on comprend que cet examen n'est qu'un entretien bidon dont le seul objectif est de pouvoir prétendre qu'on s’assure des connaissances des candidats sur la France, son Histoire et l’exercice de la citoyenneté.
L'administration française est friande de telles trouvailles. Elle avait autrefois introduit, dans les concours de recrutement des professeurs, une épreuve pompeusement intitulée « Agir en fonctionnaire de l'État et de façon éthique et responsable ». Comme si une telle épreuve garantissait un comportement irréprochable. On l'a remplacée par une épreuve d'entretien, qui ne vaut guère mieux, où l'on évalue notamment l'aptitude à « s'approprier les valeurs de la République » et à les « faire partager ». Les candidats jouent le jeu, pour ne pas se faire éliminer, mais rien n'assure qu'ils mettront en pratique ces valeurs, dont certaines sont, au demeurant, discutables.
Vous l'aurez compris, cet entretien préalable ne sert qu'à donner bonne conscience au gouvernement mais ne garantit en rien que les futurs impétrants s'assimileront bien à la culture et aux usages français.
Thématiques :
naturalisation
27 commentaires
Je n’ai jamais chanté et je ne chanterai jamais ce chant, non pas à cause de ses paroles guerrières mais parce que, en tant que Breton revendiqué, mon seul chant patriotique est le « Bro Goz ma zadou » (traduction française : « le Vieux Pays de mes Pères », chant bien reconnu comme hymne de la Bretagne bretonnante .
En même temps, est-ce utile que les étrangers apprennent la marseillaise alors que nos propres enfants ne la connaissent pas? Si je n’ai aucune sympathie pour ces « français » de papier, et s’il est évident que la nationalité est bien trop facile à obtenir (et encore, cela dépend de la nationalité d’origine, j’ai appris à mes dépends que même à ce sujet nous ne sommes pas tous égaux), un intellectuel sénégalais s’étonnait lors d’une interview: « pourquoi voulez-vous qu’on aime et qu’on respecte la France, puisqu’elle ne s’aime pas et ne se respecte pas elle-même? » tout est dit, fermez le ban
Sur les stades c’est l’hymne algérien ou un autre hymne de pays des « anges » qu’il faut chanter, la marseillaise sera toujours sifflée.