À Roanne, Lyon ou Nantes, des Français tentés de se faire justice eux-mêmes

banlieue

Dans la nuit de jeudi à vendredi, à Roanne (Loire), la mère d’une enfant de 6 ans aperçoit en pleine nuit l'homme qui vient d’agresser sexuellement son enfant dans le pavillon familial. Il s'y est introduit frauduleusement avant de prendre la fuite. L’agresseur présumé est un mineur isolé de 16 ans.

Dans un témoignage recueilli par Le Progrès, Aniss, le jeune père de famille, témoigne d'une vie bouleversée depuis l'agression : « Ma femme est partie dans sa famille avec nos enfants, explique-t-il. Elle ne veut plus dormir ici. Elle et ma fille sont traumatisées; » Furieux, Aniss s'emploie à rendre coup pour coup dès le lendemain : le matin, son épouse et lui portent plainte en donnant une description physique très détaillée de l’homme qui a fait face à la mère de famille dans la chambre de la victime. Ce portrait-robot permet à Aniss et à quelques amis d’identifier l’adolescent le soir même lors d’une patrouille de voisinage dans le quartier. L'agresseur est passé à tabac. Un acte que le père de famille « ne regrette pas » : il appelle lui-même la police. L’adolescent est alors conduit aux urgences où il se voit délivrer dix jours d’ITT avant d’être placé en garde à vue puis déféré, mis en examen et placé en détention provisoire.

Une première enquête est ouverte suite au viol de la fillette, une deuxième enquête devrait suivre concernant le règlement de comptes auquel a participé le père de la victime. Car, pour la Justice, les méfaits de l'agresseur présumé « ne justifient pas et ne légitiment pas les violences qu’il a subies,commente le procureur de la République de Roanne, Abdelkrim Grini, auprès de BFM TV. Le procureur de la République que je suis ne peut pas tolérer ce type de comportement. » En France, « on ne se fait pas justice soi-même », ajoute Denis Jacob, secrétaire général du syndicat Alternative Police, ce matin, toujours à l'antenne de BFM TV. Côté politique, quelques réactions se sont pourtant fait entendre et l’une d’elles a créé la polémique. Éric Ciotti, le futur patron pressenti du parti Les Républicains, a tonné : « Qui peut condamner la réaction du père ? Je ne condamnerai pas le père de famille qui protège sa fille ! »

La réaction du père de famille Aniss a en effet peu choqué l’opinion publique car les Français ont de moins en moins confiance dans l’État pour résoudre les problèmes liés à l’insécurité. Selon le baromètre IFOP du 22 août dernier, 69 % des Français ont aujourd’hui le sentiment que la délinquance a augmenté, 58 % que l’État ne sera pas en mesure de sécuriser les JO de 2024 (Fiducial/Odoxa le 22 octobre). L'État ne remplit plus son devoir régalien d'assurer la sécurité, constatent certains habitants. Le thème ressort dans les conseils de quartiers mis en place par les municipalités. Pour certains, le dispositif de sécurité assuré par l'État n'est plus suffisant. À Montrouge (Hauts-de-Seine) ou à Nantes (Loire-Atlantique), les administrés constituent ce qui apparaît parfois comme de véritables milices citoyennes.

Le jeudi 3 juin 2021, le maire (UDI) de Montrouge, Étienne Lengereau, faisait ainsi hurler d’effroi ses opposants en faisant passer une délibération qui vise à instaurer dans la commune un dispositif de participation citoyenne sur les questions de sécurité. Le principe est simple : tout citoyen majeur ayant du temps libre, après validation par le maire et son chef de la police municipale, peut rejoindre un comité de surveillance de quartier afin de remonter tous les faits inquiétants. L'opposition dénonce aussitôt « une milice de la délation ».

Justice parallèle

L'idée fait pourtant son chemin. Après le meurtre d’une femme, Nadia Hassade, connue de tous dans le quartier de Bellevue à Nantes, une « milice de quartier » très active sur les réseaux sociaux publie des vidéos de ses rondes citoyennes. Le groupe annonce même qu'il a intensifié ses « patrouilles » après cet acte, espérant dissuader les délinquants de toute nouvelle tentative d’agression. « On va sécuriser tout le quartier », préviennent ainsi ces groupes, souvent composés de jeunes. On voit sur leurs publications Web des groupes d'hommes patrouiller de nuit comme de jour dans les rues, accompagnés d’un chien de type Rottweiler. À Lyon, les habitants s'organisent aussi.

Le phénomène n'est pas marginal, au point que l'augmentation des mouvements d’autodéfense citoyenne pose problème à la Justice. Ainsi, c'est presque une enquête parallèle qui s’est ouverte à Nantes après le meurtre de Nadia Hassade. Des proches de la victime ayant remonté la trace de l’assassin se sont introduits chez lui pour mener un interrogatoire musclé, diffusé sur les réseaux sociaux. De quoi compliquer le travail des juges. Le procureur de Nantes, Renaud Gaudeul, insiste : « Cela doit s’inscrire dans un cadre légal. » Mais la diminution des actes d’autodéfense citoyenne dans le cadre (ou non) de milices ne semble pas pour demain...

Picture of Jordan Florentin
Jordan Florentin
Journaliste à BV

Vos commentaires

109 commentaires

  1. Interview très instructif sur cnews, ce matin. du procureur en charge de l affaire.
    1) Au vu de votre article, l agresseur aurait été « passé à tabac » avant d être remis à la police, prise de vitesse… ( timing logique… Après cela aurait été plus compliqué…)
    Selon le procureur, les violences du père sont « injustifiables  » car la justice avait fait son travail et l enquête était bien avancée au moment où ces violences ont été commises…..
    Autrement dit, « mensonge à la Darmanin »
    2) A la question :  » Comment expliquez vous ce sentiment d impunité ayant motivé les coups portes par le père ?
    Réponse : La Justice avait bien avancé l enquête. C est inadmissible de diaboliser la justice
    Autrement dit :  » De l art d esquiver une question embarrassante (le procureur n à pas répondu à la question posée) et accuser l autre de ses propres péchés… »
    3) A la question : Comment va la petite fille ?
    Réponse du procureur : Elle est traumatisée… (sans blague…) . Rien de grave à ma connaissance….
    4) Un procureur :
    prêt à mettre sous les verrous le père d une petite fille traumatisée par une ordure et donc « a ajouter à ce traumatisme » en la privant de son père…
    pour l exemple :  » interdit de se substituer à l Etat défaillant  » ….
    Et défendant l agresseur plutôt que la victime…
    « Idéologie quand tu nous tiens  » !
    5) L e comportement de ce procureur, lors de l Interview,
    explique à lui seul pourquoi les Français se font justice eux-meme… Ce Monsieur à bien appris la leçon de Dupont-Moretti….

    • ***** Si le travail de la justice avait été bien fait, il ne se serait plus trouvé dans la rue. Au moins, la raclée, il l’a eue.

  2. Tous les parents qui aiment leurs enfants feraient pareil moi en premier ,cet individu a eu ce qu’il méritait .
    Quand on écoute le procureur de Roanne honte a lui il est contre le père .

  3. Précisons aussi que d’après les gens qui ont pu approcher le violeur de fillettes, il est aussi mineur que moi!
    On a aujourd’hui des « mineurs de papiers-sans papiers » sur le territoire. À eux, on ne peut même pas donner d’obligations de quitter le territoire-non obligatoires.
    Ce criminel est donc protégé par un système qui avance masqué, car il sait bien qu’elles sont ses failles, mais ne cherche absolument pas à les combler.

    • Il va falloir que cela change car la France commence à bouillir , les esprits s’échauffent .Ce gouvernement nous ment à longueur de jour .

  4. Cette histoire, comme toutes les bonnes fables, a une moralité : l’état a été impuissant à protéger la fille de Aniss, il a donc agit en bon père de famille, pesaole pour et le contre selon les règles du jeu de Pascal.
    Mais après avoir été couronné de succès, l’état impuissant à le protéger s’en prend à lui.
    Peu importe ce que l’état veut ou prétend vouloir, il a été successivement l’ennemi de cette petite fille puis de son père.
    Un grand bravo à Aniss et ses amis, merci de m’avoir montré comment faire et surtout qu’il ne fallait pas appeler la police après avoir retrouvé les criminels.

  5. Un petit commentaire: comment un « jeune isolé de 16 ans » (àge à vérifier) peut-il faire l’objet d’un ITT, alors qu’il n’est sans doute pas salarié à plein temps, vu les difficultés administratives pour travailler sur le territoire avant une présence d’au moins deux ans? J’ai comme l’impression qu’un avocat commis d’office fait déjà son œuvre, là!
    Une affaire dont on va reparler, je le sens…

  6. La création des « Participations citoyennes » se font par communes dont le maire y adhère, et sous la houlette (et la demande) des Gendarmeries. Tout propos y voyant une forme de milice et /ou de « milice de la délation » est une interprétation fausse et scandaleuse, en plus d’être erronée!
    Je n’ai pas à expliquer ni justifier le fonctionnement d’un tel dispositif citoyen, destiné à aider simplement les forces de l’ordre; les détracteurs n’ont qu’à le faire eux-mêmes, en se renseignant, s’ils le désirent, bien sûr.

  7. Si l’on s’en prenait à quelqu’un de ma famille je finirais en prison ! A vos frais les lâches qui on voté Macron !

  8. En tout cas dans une France dont l’atmosphère est devenue irrespirable par le laxisme de la justice à la Dupond-Moretti, cette autodéfense citoyenne me fait l’effet d’un bol d’oxygène, un véritable tonique national! Un changement de mentalité quittant le rôle de mouton près à tout subir pour renouer avec la mentalité des Poilus de 1914 et des résistants de la période 1940-1944. Le problème de ce père de famille c’est que violences causant 10 jours d’ITT du violeur risque de le conduire en correctionnelle devant un magistrat professionnel! Il eût mieux valu qu’il comparaisse en Cour d’Assises où des jurés populaires auraient pu se prononcer sur son éventuelle « culpabilité » d’avoir défendu son enfant!

  9. Un mineur qui n’en est peut être pas un, une ITT pour un individu qui ne travaille pas, une OQTF qui en fait est une simple invitation qui se décline à souhait, en fait un monde de bisounours et un Procureur qui s’inquiète de l’auteur du viol et est désarçonné quand on lui parle d’une victime de six ans !

    • Pour ceux qui ont écouté la navrante prestation du Procureur de Roanne, inutile d’éploguer…Même un bisounours comprendrait la réaction de ce père pour peu qu’il ait une fille en bas âge!

  10. Je me dis que si la police avait fait son travail avec normalement les moyens qu’un citoyen lambda n’a pas, elle aurait dû trouver ce Criminel avant le père de famille !
    Pour moi le disfonctionnement est là !
    Et donc on ne peut pas lui en vouloir !

  11. La Nature a horreur du vide. La Sécurité des citoyen(ne)s non plus…..
    Quand l’Etat est défaillant, et que les statistiques les disent régulièrement en inflation, il ne faut pas s’étonner que des citoyens au sang chaud, qui ne cessent de réclamer que 100 % des OQTF doivent être renvoyés chez eux, et que les mineurs isolés, doivent aussi être éduqués dans leur pays. La France et bien au dessous de la moyenne européenne.
    Allez Macron, au boulot pour la dernière ligne droite ! Enfin j’espère

  12. Régler son compte au violeur de votre fille pourquoi pas mais ne pas laisser de traces de coup pouvant inciter le médecin à donner plus de huit jours d’ITT. Pour cette affaire je serais curieux de savoir si le médecin ayant donné une ITT de dix jours est un médecin légiste?

  13. « 10 jours d’ITT ».
    Il faudrait trouver une autre formule et réserver celle-ci aux vrais travailleurs.
    Cela dit, si on ne laissait pas tout le monde s’inviter chez nous, et si l’État remplissait bien sa mission, nous ne serions pas en situation de faire justice nous-mêmes.

  14. Je polémique peut-être, mais je serais curieux de savoir quelle aurait été la réaction au seing de la bienpensance qui nous asservit, si Aniss s’était appelé Jean. Ceci dit, il reste indéniable que si la sécurité était assurée tout ça ne serait pas arrivé.

    • En effet tout comme à Nantes avec le meurtre de Nadia vengée (en partie, car seulement tabassé ) par des proches de cette mère de famille. Le point commun les « justiciers » nés en France (donc Français ) mais d’origine étrangère . Où sont les Jean, Paul ou Marc ? Résignés ou peureux des conséquences !!

  15. Il y a des sentences radicales comme celles employées dans certains pays orientaux, c’est de couper la main aux VOLEURS et de castrer les VIOLEURS. Ce sont des solutions qui portent leurs fruits et qu’il faudrait appliquer également en France car les faits de ce type sont devenus aussi rares que de trouver une perle dans une huitre !

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