A-t-on besoin de l’ADEME pour laver notre slip ? A quoi sert-elle vraiment ?
Porter un slip propre tous les jours, les agents de l’ADEME y sont favorables (on les en remercie). Par contre, il faudrait, toujours selon cette agence gouvernementale pour l'environnement et la maîtrise de l'énergie, porter trois fois de suite ses vêtements de sport, sept fois un soutien-gorge, et mettre 15 à 30 fois le même jean. Vous avez bien lu : un mois avec le même jean !
Le guide « Comment faire le ménage de façon plus écologique ? » l’explique : en espaçant les lessives, on économise de l’eau, on rejette moins de polluants dans la nature, on épargne le textile. Or, fabriquer un vêtement représente beaucoup d’eau. Plus solide, donc porté plus longtemps, un tee-shirt à 30 euros en consomme moins qu’un tee-shirt à 10 euros. « Salauds de pauvres », disait Gabin, dans La Traversée de Paris, une traversée que, ZFE obligent, ces mêmes pauvres ne peuvent plus faire à cause de leurs voitures mauvaises pour la planète.
L’ADEME ne manque pas d’idées pour transformer les Français en dociles « éco-citoyens ». « Comment organiser un Noël plus écolo ? » Avec des cadeaux de seconde main et un sapin fait maison, bien sûr. Ou « Comment isoler sa maison » : on voit partout de ces maisons emballées dans des panneaux de polystyrène expansé - c’est coquet et, comme le précise la brochure, ce matériau est « issu de l’industrie pétrochimique ». Ladite industrie est synonyme d’énergies non renouvelables et de pollution, mais si chacun porte son jean un mois, ça compense sûrement.
#Kebab et #burger : ces deux sandwichs n’ont pas le même impact sur l’environnement.
Alors lequel est le plus écolo ?
Réponse dans l'article de @ID_LinfoDurable en partenariat avec l'@ademe https://t.co/bX6SJxZlaS pic.twitter.com/UWI5w1ThXu— ADEME (@ademe) January 26, 2025
Présidée par Sylvain Waserman, ancien député MoDem (2017-2022), l’ADEME est une agence gouvernementale de plus de mille salariés (!), avec trois sites principaux et 17 directions régionales. Son budget annuel est de 140 millions d’euros (dont 25 pour les frais de fonctionnement et 106 pour les dépenses de personnel). Un budget fort modeste, comparé aux sommes qu’elle brasse et qui ruissellent au travers de « budgets incitatifs » : additionnés, les dizaines de millions atteignent le milliard qui s’ajoute lui-même aux 8,4 milliards d’euros du plan « France 2030 », géré principalement par l'ADEME. Il faut bien éduquer le peuple aux fruits et légumes de saison ! Étonnons-nous qu’il n’y ait plus d’argent dans les caisses.
Mais ce gros budget ne lui suffit pas. En novembre dernier, Samuel-Frédéric Servière, de la fondation iFRAP, relevait que le déficit budgétaire de l’ADEME avait augmenté, durant la période 2020-2023, et que ses effectifs gonflaient dans les directions régionales (+32 % en 13 ans). Il en concluait que la suppression de l’ADEME constituerait « une opportunité pour la gestion des finances publiques », d’autant que les directions régionales « font doublon avec les DREAL du ministère de l’Environnement existantes » et que leur implantation « ne suit pas celle des nouvelles régions impulsées en 2015 ».
L’empreinte écologique de l’ADEME
L’ADEME coûte cher, mais le dire relève d’« attaques teintées de populisme et de démagogie », selon les mots mêmes d’Agnès Pannier-Runacher, ministre de tutelle de l’agence. Ce sont « des critiques simplistes ». Elle n’a pas tort : qui, sinon l’ADEME, pourrait comparer l’impact environnemental du kebab et du burger ? Mais puisque l’ADEME nous convie à calculer notre empreinte écologique (en nous habillant, en nous nourrissant, en nous déplaçant, etc.), pourquoi ne pas s’intéresser à l’empreinte que l’ADEME laisse dans la nature ?
Sachant que l’empreinte carbone d’un Français atteint 9,1 tonnes de CO2 par an, ce sont 10.010 tonnes de CO2 que dégagent les 1.100 employés de l’ADEME. Concédons-leur l’achat minimum d’un jean par an (30.000 litres d’eau pour produire un jean) : cela fait 33.000.000 litres d’eau par an. Mettons un tee-shirt à 20 euros (1.350 litres d’eau) : 1.485.000 litres d’eau. Ajoutez-y l’empreinte écologique des 20 bâtiments de l’ADEME, celle de ses différents sites Internet qui, même éco-gérés, ont une empreinte, celle des déplacements de tout ce petit monde… et demandez-vous si l'ADEME ne contribue pas au réchauffement climatique et au « stress hydrique ».
Agnès Pannier-Runacher nous répondra que le raisonnement est absurde. Pas plus absurde que de produire, avec de l’argent public, une brochure officielle indiquant combien de fois il nous faut porter nos vêtements avant de les laver.
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ZFE : quand les écolos font la guerre aux pauvres
3 commentaires
L’ADEME, encore une officine gaucho-boboïde où placer les copains.
Des gestionnaires d’agrafeuses, des chefs de placards à balais; c’est ce qui est en train d’achever ce pays.
Question : quel est le montant du budget de ce gouffre à pognon et j’imagine placard pour petits copain, aux contribuables français ???
Les restes de la France ne sont pas uniquement vampirisés financièrement par des politiques venues de l’extérieur. Ils sont également vampirisés, et de surcroît mentalement conditionnés, depuis l’intérieur.