À Toul, la statue de Bigeard enfin érigée !

Bigeard Toul

En avril dernier, sous la plume de Georges Michel, BV vous racontait la polémique suscitée par la gauche au sujet de l’érection d’une statue du général Bigeard financée par la fondation Général-Bigeard, et ce, malgré le soutien du maire de gauche Alde Harmand et le vote, par deux fois, du conseil municipal en 2018 et en 2023. Rappelons  que la ville de Toul a vu naître, être élu député et mourir le Général Bigeard.

Après un an de broncha, la statue du général parachutiste vient d’être érigée en catimini, en toute discrétion, sans tambour ni trompette, à quelques pas du monument aux morts.

Regard fier, béret sur la tête, et décorations au vent, la statue du « premier para de France » a d’abord été retardée par la crise sanitaire, avant de rencontrer les foudres de la gauche, plus prompte à déboulonner qu’à ériger des statues aux acteurs de l’Histoire de France. Un collectif affilié à la LDH en a même profité pour voir le jour : « Histoire et mémoire dans le respect des droits humains », dans lequel une centaine de Toulois communistes, insoumis et autres militants se retrouvent pour gronder contre le projet.

Un enfant de Toul qui a vu du pays

Ainsi, la ligue des droits de l’homme s’était fendue d’un communiqué pour en demander le retrait : « Nous avons rapidement fait savoir que nous étions opposés à cette statue. La municipalité nous a répondu que le général Bigeard était un enfant du pays et qu'il n'avait pas été condamné pour ce qui lui est reproché », raconte la présidente de la Ligue des droits de l'homme de la section de Nancy, Catherine Tosser, à Pierre Desorgues pour TV5 Monde. Ce qui lui est reproché, c'est son action pendant la guerre d'Algérie. Algérie qu’il connaissait bien, puisque c’est là que Marcel Bigeard avait rejoint l’Armée française de la Libération après s’être évadé d’une prison allemande en 1941. Resté dans l’armée et devenu capitaine, il est parachuté sur Ðiện Biên Phủ en 1954, où il est fait prisonnier par les Viêt-Minh. Il arrive en Algérie à la tête de ses parachutistes en 1955 où il est, avec la 10e division de parachutistes, chargé de la contre-insurrection contre le FLN. C’est là, et particulièrement pendant la bataille d’Alger, qu’on lui reprochera d’avoir employé la torture dans cette guerre de renseignement contre le terrorisme du FNL, mais le général ne sera jamais ni poursuivi ni condamné.

Pierre Mansat, l’ancien président de l’association Josette-et-Maurice-Audin, explique, toujours pour TV5 Monde, trouver « incompréhensible » l’érection de cette statue à Toul puisque « […] Paris essaie depuis quelques années d'opérer un rapprochement avec Alger sur les questions mémorielles »… Un apaisement dans les deux sens ? En tout cas, comme le rapporte Pierre Desorgues, « cette histoire de statue a […] traversé la Méditerranée. Le quotidien francophone d'Alger El Watan craint que "le tortionnaire Bigeard ait sa statue". » Il y aurait de quoi rire, pour ne pas pleurer, à entendre parler l’Algérie de « rapprochement mémoriel » quand on attend toujours des nouvelles des centaines de disparus civils et militaires recensés par Graine de mémoire.

Une œuvre de Boris Lejeune

Une date avait été trouvée pour l'érection de la statue, le 18 juin 2024, date anniversaire de la disparition du général Bigeard et de l’appel du général de Gaulle. Mais nouvelle levée de boucliers… la date avait été repoussée. Et, en attendant, la statue en bronze, haute de plus de deux mètres et œuvre du sculpteur Boris Lejeune, prenait la poussière au 516e régiment de train dont Toul est la ville de garnison en attendant de connaître son verdict. « La présidente de la fondation Général-Bigeard ne souhaite pas entrer dans la polémique. Elle s'en tient au vote démocratique du conseil municipal de la ville de Toul qui a autorisé l'érection de la statue dans l'espace public. Position défendue aussi par Alde Harmand, le maire de la commune », avait rapporté Eric Molodtzoff, pour France Info Grand Est. Deux pétitions, l’une pour (lancée par @good_mornind_army et rassemblant plus de 11.500 signataires) et l’autre contre (rassemblant 2.800 convaincus), représentaient assez bien les luttes d’opinion au sujet de cette statue.

 

Les membres du collectif contre la statue s’étaient levés aux aurores pour assister à sa discrète édification, le 24 octobre à 9 heures, fiers de lui tourner le dos. Ils avaient aussi prévu une manifestation, ce vendredi, devant la statue, à 17 heures. Pour l'instant, on ne peut pas dire qu'on en ait entendu beaucoup le bruit. Bugeaud n’a plus sa rue parisienne, mais Bigeard a maintenant sa statue touloise, et pour faire de la résistance, le collectif de la LDH tient plus du papy que du général : il est sans doute plus facile de tourner le dos en silence à une statue que de sauter dans l’Ariège occupée.

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