Qui a tué pourra à nouveau tuer…
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Jean-Baptiste Rambla, âgé de 49 ans, a été mis en examen le 11 août par un juge d'instruction de Toulouse du chef d'homicide volontaire en récidive et placé en détention provisoire. Le corps de la victime, Cintia Lunimbu, jeune fille de 21 ans, avait été découvert le 27 juillet. Elle présentait des plaies d'égorgement selon le parquet de Toulouse.
Le mis en cause est le frère de Marie-Dolorès Rambla, kidnappée et tuée en 1974 par Christian Ranucci, qui fut condamné à mort et guillotiné en 1976. Un livre écrit par Gilles Perrault a soutenu la thèse d'une erreur judiciaire à son sujet, à mon avis sans convaincre, d'autant plus qu'un ouvrage postérieur - celui d'un ancien fonctionnaire de police, Gérard Bouladou - a battu en brèche l'argumentation développée dans Le Pull-over rouge au sujet de cette terrifiante affaire.
Jean-Baptiste Rambla - c'est le cœur de mon billet - avait été transféré à la prison de Muret et il avait obtenu une libération conditionnelle le 23 février 2016 après avoir été condamné, en 2008, à 18 années de réclusion criminelle par la cour d'assises des Bouches-du-Rhône pour le meurtre, en 2004, de son ex-employeuse dont le corps avait été retrouvé plus de sept mois après ses agissements.
Rambla aurait officiellement purgé sa peine le 20 novembre prochain.
Face à cette nouvelle procédure criminelle impliquant Rambla en juillet 2017, le parquet de Toulouse souligne, dans un communiqué, "qu'aucun incident n'a été signalé quant à son comportement et au respect des obligations qui lui étaient imposées" et qu'en plus il bénéficiait "d'un suivi régulier auprès d'un centre médico-psychologique".
Pourtant, malgré ce contrôle et cette satisfaction légale, Rambla, avant la fin de sa libération conditionnelle, a sans doute tué à nouveau. Ce qui démontre une fois de plus ce qui m'obsède sur le plan criminel et de la dangerosité sociale : l'apparence du respect des contraintes et des obligations peut aller de pair avec l'assouvissement de pulsions criminelles. Autrement dit, un condamné peut "se tenir bien" selon les critères judiciaires classiques mais commettre en même temps le pire.
Il est clair que qui a tué pourra à nouveau tuer et qu'on ne saurait traiter, pour les crimes de sang, l'exécution de la peine sur le mode conventionnel et banal. Moitié de la peine, demande de libération conditionnelle possible, octroi de celle-ci, conditions et obligations, mais risque trop réel du renouvellement du crime.
Il y a l'opposition sombrement éclatante entre le légal et le réel, entre ce qu'on a cru encadrer et qui va se libérer pourtant, le condamné s'abandonnant à nouveau, à quelques mois du terme, à l'horreur.
La conclusion est irréfutable. Pour les crimes de sang, sauf à mettre en danger la société, il convient d'exiger que la durée de l'enfermement soit intégrale sans que la moindre libération conditionnelle ait les effets dévastateurs qui sont à craindre.
Une telle position ne serait pas en rupture avec l'humanisme authentique mais lui donnerait sa juste place entre rigueur nécessaire et mansuétude possible. Le partage fondamental devant distinguer les crimes de sang de tous les autres sans qu'il faille pour ceux-ci, évidemment, tomber dans une indulgence systématique et donc coupable.
Rambla, c'est le crime réel contre l'indulgence légale. L'apparente normalité judiciaire juxtaposée au meurtre qui surgit en son sein et en dépit d'elle.
Aussi difficile que ce soit à admettre, la malfaisance criminelle n'a que trop tendance à sortir du cadre qui prétend la régir, l'étouffer.
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