Abbé Jérôme Sévillia : « Soutenir une école libre est tout simplement aujourd’hui un enjeu civilisationnel ! »

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L’institut d’Argentré Sainte Anne a effectué sa troisième rentrée en septembre 2020. C’est un établissement indépendant situé à Sées, dans l’Orne, et qui offre aux jeunes filles une formation complète de la 6e à la terminale. Mais cette école a un besoin urgent d’aide financière. Boulevard Voltaire a rencontré son aumônier, l’abbé Jérôme Sévillia.

 

Ce qui frappe en premier lieu, lorsqu’on visite l’institut d’Argentré, c’est la beauté des bâtiments, l’uniforme que vous imposez à vos élèves et aussi la non-mixité : l’institut d’Argentré ce n’est pas très dans l’air du temps… Monsieur l'Abbé, pourquoi avoir créé cette école ?

Car elle répond à un besoin ! Avoir un univers protecteur, non mixte, pour que des jeunes filles puissent se développer et grandir en toute quiétude, tout en assumant leur féminité si malmenée aujourd’hui, est un véritable enjeu. Les membres du bureau qui ont fondé cette école ont fait le constat qu’il n’y avait pas suffisamment de pensionnats catholiques pour jeunes filles en France. Ceux qui existent sont de très bonne qualité mais pas assez nombreux. La meilleure preuve de cela est que nous sommes passés, en trois ans, de 14 à 61 élèves.

 

Que dites-vous aux parents qui souhaitent y inscrire leurs filles : que vont-ils y trouver ?

De la bienveillance, un corps professoral exigeant, une formation intégrale, des amitiés et une vie spirituelle. Notre ambition est de faire des esprits sains dans des corps sains, parce qu’enracinés dans l’amour de l’effort, l’esprit de travail et une ambition d’excellence. Mais, plus que ça, le pensionnat est propice aux amitiés joyeuses fondées sur la charité. S’il y a bien une chose qui me frappe, chez ces jeunes filles, c’est leur joie rayonnante due au bonheur d’être ensemble.

Et puis évidemment, et c’est le principal, une vie religieuse riche, ancrée dans l’enseignement de l’Église catholique, exprimée chez nous par la liturgie dans la forme traditionnelle du rite romain. Ce n’est pas en cachant ce que nous sommes que nous embraserons le monde mais en assumant notre foi.

 

Pourquoi aider cette école alors que le pays traverse une crise économique sans précédent et que le besoin est partout ?

Parce que soutenir une école libre est tout simplement, aujourd’hui, un enjeu civilisationnel. La chute du niveau scolaire, la perte du sens l’autorité, l’absence de repères font que nos enfants de France sont victimes des lâches renoncements de leurs aînés. Ils sont les grands sacrifiés sur l’autel de l’idéologie de l’enfant roi.

Nous refusons cela, nous pensons qu’un enfant, pour grandir sereinement, doit avoir un cadre protecteur exigeant. C’est la condition sine qua non pour réussir dans la vie. Cette vie, nous le savons, ne leur fera pas de cadeau. C’est pourquoi une bonne formation est nécessaire. Derrière tous les grands personnages de l’Histoire de France, il y a une grande éducation.

 

Si je puis me permettre, alors que le gouvernement s’ingénie à lutter contre le séparatisme, promouvoir une école hors contrat comme la vôtre, c’est un peu audacieux, non ?

Ce qui est audacieux et même téméraire, c’est de laisser nos enfants sans une instruction solide, gage d’équilibre. Pour notre part, nous ne nous considérons en aucun cas comme facteur de séparatisme, bien au contraire. Ce serait très mal connaître le catholicisme que de le voir comme un monde de l’entre-soi, voué à vivre à l’écart de la société. Loin de nous l’idée d'être un État dans l’État.

Nos enfants sont destinés à vivre dans le monde et à y prendre, en son sein, de grandes responsabilités. C’est l’inverse du séparatisme. Nos jeunes filles sont destinées à être des femmes équilibrées au service de leur pays parce qu’animées par la charité. Épouses, mères de famille, chefs d’entreprise, enseignantes, journalistes, médecins, les six à la fois s’il le faut, mais insérées dans le monde tout en y connaissant ses embûches et ses sirènes. Mais pour cela, il est nécessaire qu’elles aient préalablement eu un environnement protecteur et rassurant qui les aide à grandir sereinement.

C’est l’ambition de notre institut, et c’est pourquoi il faut nous aider !

(via PayPal Payez Association Educative du Palais d'Argentré avec PayPal.Me )

 

Entretien réalisé par Sabine de Villeroché

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbé Jérôme Sévillia
Abbé Jérôme Sévillia
Aumônier de l’Institut d’Argentré Sainte Anne

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