Absurdité de l’UE : ces fameux bouchons en plastique attachés aux bouteilles !

BOUCHONS PLASTIQUE

On se demande souvent si l’énervement de certains contre les normes européennes ne relève pas d’une forme d’exagération. L’enquête qu’a menée un utilisateur de X, au sujet des bouchons de bouteille en plastique, risque d'achever de convaincre les plus utopistes des partisans de l’Union européenne. Vous savez, pour l’avoir déjà expérimenté, que, désormais, les bouchons en plastique doivent être attachés aux bouteilles, mais vous ignorez probablement à quel point cette injonction a été soigneusement mûrie… Voyons plutôt.

 

Un tel sujet a été traité avec un esprit de sérieux absolument pathétique, et dans un luxe de circonlocutions pénibles qui en dit long sur l’empilement des normes et l’effet d’entraînement d’un mécanisme fou qui s’auto-alimente : celui de la machine bruxelloise à édicter les normes. La circulaire européenne 2019/904, inspirée par un plan de 2015 (« Boucler la boucle – Un plan d’action de l’Union européenne en faveur de l’économie circulaire »), puis par une « stratégie européenne sur les matières plastiques dans une économie circulaire », a courageusement décidé de se saisir d’un sujet objectivement important : le nombre affolant de déchets plastiques retrouvés en mer.

À ce stade, notre internaute cite des passages de prose administrative européenne, que l’on vous résume ici : la nouvelle circulaire ne s’attaquera qu’aux plastiques à usage unique. On imagine que, pour les microplastiques, les plastiques en général et les déchets utilisés deux ou trois fois, il y a des lobbyistes. Les mesures radicales attendront : le bouchon en plastique, voilà l’ennemi. Mais pas que. Dans une sorte de liste à la Prévert, la circulaire cite les gobelets pour boissons, y compris leurs moyens de fermeture et couvercles, les produits du tabac avec filtres et filtres commercialisés pour être utilisés en combinaison avec des produits du tabac, les lingettes humides, c’est-à-dire lingettes pré-imbibées pour usages corporels et domestiques, les ballons de baudruche, à l’exception des ballons de baudruche utilisés pour des usages et applications industriels ou professionnels, et qui ne sont pas distribués aux consommateurs, les sacs en plastique légers tels que définis à l’article 3, point 1 quater, de la directive 94/62/CE, les serviettes hygiéniques, etc. N'en jetez plus, la poubelle est pleine.

On ne citera donc que l’article 6 de la circulaire : « Les États membres veillent à ce que les produits en plastique à usage unique qui possèdent des bouchons et des couvercles en plastique ne puissent être mis sur le marché que si leurs bouchons et couvercles restent attachés aux récipients. » L’Europe est ferme sur les prix… et va dans le détail : « La Commission demande aux organisations européennes de normalisation d’élaborer des normes harmonisées tenant notamment compte de la nécessité de veiller à la solidité, la fiabilité et la sécurité indispensables des fermetures des récipients pour boissons, y compris gazeuses. » Ceux qui se moquaient des normes édictées par les « petits hommes gris », comme dit Pascal Praud, sur des sujets aussi essentiels que le calibre des tomates étaient encore loin de la vérité. Dans le droit fil de la directive 2019/904, la norme EN 17665 définit les méthodes nécessaires pour s’assurer que les bouchons en plastique restent bien solidaires des bouteilles - en plastique, elles aussi. Notre internaute conclut d’ailleurs sur les modalités de cette norme : la résistance des bouchons de l’UE doit être testée à l’horizontale comme à la verticale, à une vitesse de déplacement de 200 mm/seconde, à une température de 23 degrés Celsius…

Bref, ce serait donc ça, l’Union européenne. Une formidable usine à produire des normes, dans un luxe de détails à la fois ridicule et terrifiant, comme dans ces dictatures qui prétendent infléchir le réel par le pouvoir du papier (on verra par exemple, dans le texte de cette norme essentielle, le dessin millimétré d’une bouteille qui respecte les « bons standards »). Donald Trump doit trembler.

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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

149 commentaires

  1. Rassurez vous, pour trouver cette géniale idée, nos technocrates se sont réunis pendant plusieurs mois en réunions à 70 à 80 personnes , plus les interprètes . Il est impossible de connaitre le prix de toutes ces réunions. Voila notre belle Europe .

  2. A l’instar du nombre de fonctionnaires dans nos ministères ceux de l’UE sont trop nombreux et pondent des normes stupides pour justifier leurs présences. Faisons des économies en diminuant les effectifs de moitié. Il en restera suffisamment !

    • Ce que j’ai remarqué, dans nombre de domaines pratiques au quotidien, dont l’ameublement et l' »ergonomie » des domiciles, c’est que la quasi totalité des inventions malcommodes est le fait d’ingénieurs et non d’ingénieures – constat perso d’une maman et ménagère, sans féminisme outrancier.

  3. La première des choses que je fais , j’ouvre la bouteille et coupe le lien car avez vous essayer de boire en voiture avec ces liens , n’avez vous jamais gâché une partie du produit vidé sur le bouchon ??? C’est un peu comme les coton tige plastique remplacé par du carton, coton ou du bambou mais dont les produits primaire sont cultivés à l’autre bout de la terre et appauvrissent voir détruisent les sols ???

  4. A chaque nouvelle bouteille je désolidarise le bouchon à l’aide d’une mini pince coupante. Je fais de même avec l’anneau qui reste sur la bouteille. J’imagine l’exploit pour tremper un coton tige dans une bouteille quand on n’a pas de gobelet en…

  5. Oui mais n’oublions pas que l’Europe (?) menace de se fâcher si la question de l’Ukraine ne se réglait qu’entre Poutine et Trump alors qu’elle a déjà mis au pas ses bouteilles plastiques… Question normes je me souviens d’une directive longue comme un jour sans pain qui normalisait les toilettes. Les Anglais l’avait fort mal prise. C’était avant le Brexit…

  6. Monsieur Florac, vous avez tort de traiter ce sujet avec une telle ironie !
    Je dors beaucoup mieux depuis que je sais que le bouchon bleu de ma bouteille de lait ne va pas finir au fond de n’importe quelle poubelle. Par contre, je ne suis pas très sur de mettre mes bouchons en liège au bon endroit, j’ai encore oublié de faire le dry january cette année…
    Un grand merci aux « fly fuckers » de l’UE.

    • Merci d’en parler ! Il y a une vingtaine d’années je donnais mes bouchons à l’association pour l’ostéogénèse imparfaite (la maladie des os de verre) puis cette opération avait été annulée. Je ne savais donc pas que ce type de collecte existait encore. Je vais donc me renseigner, mais comme je vis dans un petit village éloigné des grandes villes, ce sera peut-être compliqué !

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