AC/DC triomphe à Paris-Longchamp : les raisons d’un succès

ACDC vignette

Ce mardi 13 août, le groupe AC/DC enflammait les 80.000 spectateurs s’étant rués comme un seul homme à l'hippodrome de Paris-Longchamp. Les billets s’étaient vendus en seulement quelques heures. Comme quoi leur blues-rock électrifié en triphasé a toujours de l’avenir devant lui. Plus qu’un simple groupe, AC/DC est aujourd’hui devenu une véritable institution, au même titre que les Rolling Stones. En effet, voilà près d’un demi-siècle que ce quatuor d’origine écossaise, mais ayant grandi en Australie, n’en finit plus tailler la route et de mettre le feu aux salles de concert.

Certes, des membres originaux ne demeure plus qu’Angus Young, son costume de collégien anglais et son éternelle guitare Gibson, modèle SG. Aujourd’hui, il affiche 69 printemps au compteur. Soit un peu moins que le chanteur Brian Johnson (77 ans), remplaçant du défunt Bon Scott, tombé au champ d’honneur, en février 1980, des suites d’une nuit trop arrosée – ces fiers prolétaires laissaient la drogue aux musiciens de la haute. Les autres comparses du début, eux aussi, ne sont plus. Et pourtant, le grand Barnum continue.

Pas pour l’argent, évidemment ; les survivants sont riches à millions. Juste pour le plaisir et l’amour de l’art. Le leur est par ailleurs singulièrement limité, leurs chansons n’excédant que rarement les quatre ou cinq accords. Ceux des pionniers du blues et du rock, il va sans dire : les Chuck Berry et les Little Richard.

Les fans étaient au rendez-vous à l'hippodrome Paris-Lonchamp ce 13 août. © D.R.

Retrouver l’énergie primale du rock and roll

Quand ils se lancent, l’époque est à la musique progressive : Yes, Genesis, Emerson Lake and Palmer. Soient des morceaux pouvant durer une face entière de 33 tours, des solos de batterie à rallonge et des improvisations guitaristiques sans fin. Bref, une de ces purges qu’on doit faire écouter en boucle aux prisonniers de Guantánamo afin de les rendre plus loquaces…

Angus Young se souvient de cette époque : « Il y avait tous ces trucs influencés par la drogue, comme "zombifiés"… Le rock and roll avait disparu. On s’est dit que c’était le moment d’arrêter les conneries ! » (cf. Dictionnaire du rock, de Michka Assayas, chez Robert Laffont). D’où la fondation de la formation en question, intitulée AC/DC, nomination signifiant « courant alternatif/courant continu », inspirée par la notice d’une… machine à laver.

Un gang de joyeux mauvais garçons

Dès lors, les tubes se succèdent, à base de blagues potaches et d’allusions salaces : You Shook Me All Night Long, Whole Lotta Rosie, It's a Long Way to the Top (If You Wanna Rock'n'Roll), Hell’s Bells et, bien sûr, Highway to Hell. Ce dernier titre est alors interprété par certains comme un sous-entendu à un satanisme supposé. C’est l’époque où les évangélistes américains, après être partis en croisade contre Elvis Presley et les Beatles, remettent le couvert avec AC/DC. Une équivoque vite levée en 1985, dans un article du Los Angeles Times, qui rappelle, non sans raison : « AC/DC ne parle pas de l’enfer mais de la grande route qui mène à l’enfer, de l’abus de substances illicites et du sexe sans discrimination. » Et, en guise de conclusion : « Ces mecs ont une libido trop développée pour consacrer leur temps à une puissance supérieure ou inférieure. » Si l’on résume, le diable et l’eau ferrugineuse, non ; mais les groupies et le whisky, oui.

Un public des plus fidèles

D’ailleurs, le seul pacte jamais conclu par ce gang de joyeux mauvais garçons le fut avec des fans aussi fidèles qu’innombrables ; qu’on en juge : plus de deux cents millions d’albums écoulés dans le monde, dont cinquante pour le seul Back In Black, ce qui en fait le deuxième disque le mieux vendu de la planète après le Thriller de Michael Jackson.

Et le tout sans le moindre soutien médiatique, hormis quelques radios et journaux spécialisés. Le secret d’un tel succès ? Le public, évidemment ; celui que les nouveaux clercs de la culture dominante ont si souvent tendance à négliger, quand ils ne les méprisent pas, tout simplement.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 17/08/2024 à 21:53.
Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

10 commentaires

  1. C ‘est vrai qu ‘ ACDC a toujours rencontré un succès phénoménal et comme le dit très justement Mr Gauthier ,sans pratiquement de soutien médiatique ; grâce à leur VRAI rock , simpliste peut être mais accrocheur et leurs vidéos rigolotes , ils sont passés avec succès par dessus toutes les modes et sont restés eux mêmes ; personnellement , je préférai Bon Scott à son successeur mais ce groupe a toujours parfaitement fonctionné ; bravo à eux et à leur musique !

  2. Juste une petite précision, ce n’est pas une machine à laver qui a inspiré le nom, mais la machine à coudre de leur sœur, sur laquelle elle fabriquait les costumes d’anges .

  3. vous avez raison de noter que pour nombre de groupes archi connus aujourd’hui , la renommée s’est faite dans les années 60 70 par le bouche à oreille et les vinyles que l’on se repassait entre jeunes de cette génération. Et non pas par des promotions médiatiques incitatives .
    J’ai pu voir Led Zeppelin en 1973 dans une salle de gymnase à l’ile st Denis parce qu’il n’y avait pas de salles dédiées au rock en quantité suffisante .
    Je remarque que les groupes de rock qui ont marché sont ceux qui ont su créé leur son . Un peu comme les bluesmen. Pour se faire reconnaitre il fallait user ses doigts et souvent sur les mêmes accords tout en créant un son original. Pour AC/DC c’est la même chose comme vous le souligner bien , il refont les accords de Chuck Berry maintes fois joués mais on les reconnait dès les premières notes . Je pense qu’ils ont été taillés pour jouer dans les stades , c’est vraiment là qu’ils expriment tout leur potentiel .
    Pour moi qui écoute le rock depuis les années 60, je trouve que musicalement, AC/DC c’est du hard rock mais inspiré des groupes de glam rock comme Slade qui me vient tout de suite à l’esprit mais qui a n’a eu qu’un succès d’estime . C’est du rock festif !
    0

  4. C’était du temps où les artistes étaient apolitique. Je ne suis pas un fan de AC/DC mais la sociologie de ses partisans français est comparable à celle qui vote RN. On peut refaire la même chose avec les fans de Jonnhy Hallyday aussi. Aussi avec ceux de Madonna. Mais c’est beaucoup moins vrai pour le public français de Taylor Swift qui est plus urbain.

  5. La nuisance sonore plait beaucoup . la Musique c’est quoi ??? mais est ce qu’elle a seulement existée .

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