Accueillir des « réfugiés scientifiques » américains ? Mais avec quel budget ?

N'en déplaise aux anti-Trump, la science française reste moins bien lotie que la science américaine.
Manifestation pour la science et contre les coupes budgétaires, Washington, 7 mars 2025. (Photo by Allison Bailey / NurPhoto / NurPhoto via AFP)
Manifestation pour la science et contre les coupes budgétaires, Washington, 7 mars 2025. (Photo by Allison Bailey / NurPhoto / NurPhoto via AFP)

Science en danger ! Au pays de Tesla et Edison, l’existence de la science serait menacée - par Trump et Musk, évidemment. Sans attendre, la communauté scientifique française s’organise pour accueillir les chercheurs américains. Une réaction outrancière, au regard des réalités.

Le financement du transgenrisme chez les ados

Aux États-Unis, les coupes budgétaires sont réelles. La Johns Hopkins University (JHU, Baltimore) ne recevra plus les 800 millions de dollars de l’USAID - cela faisait beaucoup, pour une université privée. Plus de 2.000 licenciements sont annoncés. Est-ce un mal pour la santé ? À voir. La JHU est très impliquée dans le transgenrisme, y compris celui des adolescents (protocole hormonal : avec un à six mois de testostérone, on obtient une atrophie vaginale), voire des enfants. Un garçon qui n’aime pas trop chahuter souffre peut-être d’une « dysphorie de genre ». C’est scientifique.

Autre exemple de coupe ? Sur X, François Gemenne, prof de HEC Paris ès climat et migration, s’émeut : « Le poste de directeur scientifique de la NASA est supprimé. […] Je pense que tout est dit, après ça. » On tremble : déconnectée de la science, la NASA va-t-elle faire tourner des satellites autour d’une Terre plate? L’article de science.org sur lequel s’appuie François Gemenne confirme l’information mais la relativise énormément. Le poste en question « est parfois resté vacant pendant plusieurs années consécutives ». En fait, il « est distinct de la Direction des missions scientifiques de la NASA et n’a aucune autorité budgétaire ». Pas de quoi en faire un plat.

France, terre d’accueil

Terre d’accueil des réfugiés de tous poils - climatiques, économiques, mégenrés -, la France s’apprête à recevoir des « réfugiés scientifiques ». Les universités de Tours et Orléans sont sur les rangs. À la fac d’Aix-Marseille, on a activé le plan Safe Place for Science - un endroit sûr pour la science. Pas sûr que l’insécurité qui touche les facultés marseillaises en fassent des safe place. Une chercheuse américaine est déjà là, Andrea. Dénonçant auprès de France Info « un climat total d'incertitudes et de peurs », elle précise tout de même avoir « toujours un emploi » et continuer de recevoir des fonds…

Espérons que la situation des chercheurs américains n'est pas urgente. Le protocole du Safe Place for Science prévoit un délai d’examen des candidatures de six à huit mois. Bienvenue en France où, on le sait, les salaires et les conditions de travail ne sont pas ceux des États-Unis. Passer d’un système totalement décentralisé à la pesante mainmise d’un ministère sera sûrement une expérience enrichissante. Quoi qu’il en soit, Aix-Marseille dit avoir reçu « une trentaine de demandes » et prévoit de débloquer 10 à 15 millions d’euros pour les réfugiés scientifiques.

Parlons des coupes budgétaires en France

On débloque des fonds... on débloque tout court ? Au moment même où les chercheurs et les médias s’insurgent contre les coupes budgétaires aux États-Unis, d’identiques coupes ont lieu… en France. Une contradiction dénoncée par le Parti communiste. Pour le professeur Alain Fischer, le budget 2025 est « un mauvais budget, qui survient après une année 2024 où les crédits avaient déjà été amputés de près de 3 % en début de période ». « Parmi les secteurs les plus touchés, indique France Inter, figurent la recherche sur les énergies, la mobilité durable et le spatial, avec notamment une réduction de 100 millions d’euros pour la trésorerie du CNRS. » Cela risque « d’affaiblir davantage les universités ». Difficile d’incriminer Trump ou Musk.

Non contente d’être alarmiste, la communauté scientifique se montre irrationnelle, voire complotiste (on en aurait après la science). Que nous dit le premier mandat de Trump ? Le budget de la recherche a crû, pendant qu’en France (premier mandat de Macron) il stagnait - cf. le schéma ci-dessous. Il est trop tôt pour dire ce que sera le second mandat de Trump, mais la France paraît mal placée pour donner des leçons aux États-Unis. Contactée, la Commission franco-américaine Fulbright, qui a pour mission de faciliter les échanges universitaires entre les deux pays, n’a pour l’heure pas répondu aux questions de BV.

Source: https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/GB.XPD.RSDV.GD.ZS?end=2021&locations=FR-US&start=1996&view=chart

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Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

39 commentaires

  1. Non seulement nous devrions accueillir ces chercheurs américains avec leur savoir certes mais aussi leur culture woke dont l’administration Trump se défait , et à l’inverse nos jeunes français étudiants , chercheurs , scientifiques , etc… eux s’expatrient aux Etats-Unis par manque de visibilité dans leur avenir professionnel.

  2. Coluche : « des chercheurs qui cherchent, on en trouve. Mais des chercheurs qui trouvent, on en cherche »

  3. L université d aux Marseille active le plan « save place for science » et est prêt à recevoir les refugies scientifiques.. dans leur premier visuel cet université nous montrait la faculté colbert de marseille. Pour mémoire. Si il y a des locaux vides dans ce bâtiment c est que tant les étudiants que le personnel ne veulent plus y aller .. au pied de la faculté trafic de drogues, insécurité maximum.. ( voir tout les article). Safe place for science dans un endroit no « safe ».. bravo

  4. On va pouvoir compléter notre florilège de la sottise : la communauté scientifique française y sera à l’honneur. Prévoyons plusieurs tomes…

  5. Si au lieu de rémunérer la « Science » on se mettait à rémunérer les découvertes, ça ferait disparaître des inutiles et aider les « trouveurs » qui tant nous manquent pour concurrencer les States !

  6. Macron est amusant… ou naïf , ce qui est peu recommandable pour un chef d’Etat. Non, à vrai dire, il est totalement déconnecté de la vraie vie. Il vit avec lui-même, sur lui-même. S’il s’interrogeait quelques instants sur les raisons pour lesquelles nos cerveaux s’orientent vers les U.S.A., il serait peut-être conscient de ses idioties. Nos jeunes cerveaux se dirigent vers le USA pour deux raisons majeures : la rémunération est bien plus élevé que celle dans nos centres de recherches et le matériel mis à disposition des chercheurs est bien plus moderne et diversifié qu’en France.

  7. Le CNRS compte quelques « chercheurs » planqués , un universitaire travaillant pour le CNRS , me racontait dans les années 80 , qu’ils avaient perdu la trace d’un chercheur parti étudier une tribu indienne au Canada , ils ont fini par le localiser , il avait fondé une famille avec une indienne , pour faire des travaux pratiques surement , mais il percevait régulièrement son traitement de fonctionnaire sans aucun problème.

    • Comme disait de Gaulle des chercheurs qui cherchent on en trouve des chercheurs qui trouvent on en cherche. Un chercheur a besoin de fonds et nous ne les avons pas donc idée saugrenue cet accueil des chercheurs américains. Mais il est vrai que depuis quelque jours on assiste à la multiplication des euros par Macron et VDL les nouveaux messies.

  8. Avant Trump, quand le wokisme faisait la loi dans les universités américaines , des réfugiés universitaires sont venus en France ? Les universitaires scientifiques ou pas , sont des réfugiés comme les autres, ils vont ou la soupe est la meilleure .

    • C’est un peu mon image avec le peintre qui peint, le maçon qui maçonne et ….l’étudiante étudie, comme je disais à mon étudiante de fille au moment de ses études Ici aussi, c’est la réalité, le chercheur cherche mais il faut l’arrêter et le remplacer par un trouveur, qui trouve. Tiens moi, en début de vie, j’étais dessinateur et je dessinais donc, des tas de plans qui n’ont souvent servi à rien, suite aux abandons de projets, mais j’étais fin de mois avec mon salaire….Tout jeune je ne mesurais pas encore tout ce que je devais savoir de la vie en général…

  9. Que les « scientifiques wokes » et autres spécimens fumeux reste au USA pour essayer d’y sévir, surtout pour le prix qu’ils sont payés. Nous avons déjà à nous occuper de nos « camarades algériens » et c’est un travail à plein temps alors des parasites supplémentaires nous n’en voulons pas !

    • Heureusement que nos Hôpitaux hébergent nombre de Médecins originaires du Maghreb. Ces seconds couteaux formés « à la soviétique » compensent le manque criant de Soigneurs que les Ecoles ne forment plus et qui ne savent pas même lire ou écrire . Notre Médecine fonctionne ainsi désormais.

  10. Manifestement les gens qui parlent de faire venir les scientifiques ne savent rien des conditions de ces gens aux US, moi dans les années 70 je l’ai vu sur ma feuille de paye!!

    • je connais un jeune (moins jeune maintenant) qui est parti aux USA parce que tous ses dossiers de demande d’emploi étaient retournés avec cette mention = « vous êtes trop jeune, pas d’expérience, revenez nous voir dans 10 ans on verra ». Il a été pris dans une grande université, avec une place très intéressante, avec une équipe à manager deux ans après, et un salaire qui ferait baver d’envie à ses copains restés en france!
      Pas prêt de revenir ce jeune homme, qui a pris la double nationalité, en attendant sans doute de garder uniquement l’américaine!

    • Je pense que l’un des métiers les mieux payés est boulanger faisant des viennoiseries françaises.
      Il semblerait qu’il y a énormément de jeunes européens embauchés dans les universités américaines comme chercheurs, ainsi que dans nombreuses entreprises privées.
      Et oui, je comprends pourquoi lorsque l’on peut comparer les feuilles de payes

  11. On devrait déjà réduire les budgets pour les projets fumeux de sociologie et autres délires en sciences humaines

  12. Personnellement je n’ai rien contre accueillir des scientifiques américains, on leur en a tellement fournis depuis des décennies que ce serait un juste retour des choses…. maintenant, que met-on derrière le qualificatif de « scientifique » ? Si c’est pour ramasser tout les wokistes des sciences sociales des universités US, bin merci, mais non merci.

  13. Après le scientifiques syriens, voici donc les Américains. Pour les premiers on a compris depuis un certain temps, mais pour les derniers, on sait en quoi ils sont scientifiques ? Des domaines bizarres certainement…

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