Accusé de meurtre, un soldat français reconnu pour ses états de service se suicide en prison

L’adjudant-infirmier des armées Pierre-Olivier Kleitz s’est donné la mort, le 24 mai dans le centre de détention de Fresnes. Il était mis en examen pour le meurtre d’un soldat tchadien en 2023. La fin dramatique d'une vie consacrée à la France.
Une version des faits contestée
Après avoir servi au Mali au sein de Barkhane, l’adjudant Kleitz est envoyé au Tchad pour dispenser des formations de premiers secours aux troupes tchadiennes, alliées de la France dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Le 5 septembre 2023, un soldat tchadien serait venu le trouver pour se faire soigner une plaie au doigt. Selon Pierre-Olivier Kleitz, l’homme l’aurait alors subitement agressé à l’aide d’un scalpel. Légèrement blessé, l’infirmier se serait alors saisi de son arme de service et aurait tenté de raisonner l’homme. En vain. Le soldat tchadien aurait saisi une paire de ciseaux pour renouveler l’assaut, forçant Pierre-Olivier Kleitz à l’abattre. C’est, en tout cas, la version que donne le Français. Une version vite contestée par les experts.
Selon le parquet chargé de l’enquête, les blessures du Français, bénignes, auraient pu « être auto-infligées » car ils n'ont trouvé « aucune trace de sang, et seul le profil génétique du mis en examen a été retrouvé sur le scalpel ». En outre, « le défunt tchadien a manifestement été victime de tirs mortels dans le dos et alors qu’il se dirigeait vers la sortie ». Le Français est rapidement évacué de la base avant d’être rapatrié en France. Il est alors hospitalisé en psychiatrie. L’homme était apparemment suivi par un psychologue en raison d’un fort stress post-traumatique lié à son déploiement au Mali où il avait de peu échappé à la mort. Il peut ensuite regagner son domicile. Le 26 avril, il est interpellé en région parisienne. S’ensuivent 48 heures d’auditions au bout desquelles le juge d’instruction décide de le mettre en examen pour meurtre. Jusqu’au bout, Pierre-Olivier Kleitz nie cette accusation, clamant son innocence.
Le parquet réclame alors qu’il soit placé en détention provisoire, notamment pour prévenir tout risque de suicide. Le juge des libertés et de la détention refuse cette demande dans un premier temps, avant de revenir en arrière quelques jours plus tard. Pierre-Olivier Kleitz est placé en détention le 14 mai. Quatre jours plus tard, alors que des grèves perturbent le fonctionnement des prisons suite à la mort de deux agents pénitentiaires à Incarville, le prévenu se pend dans sa cellule. Ses proches ont, depuis, porté plainte contre X pour « homicide involontaire et mise en danger de la vie d’autrui ».
Un processus judiciaire opaque
Pour Me Patrick Ramaël, leur avocat, « l’un des motifs d’incarcération était de protéger Pierre-Olivier, et pourtant, c’est l’incarcération qui l’a tué, ce qui était prévisible ». Il a, depuis, publié un communiqué de presse dans lequel l'avocat de la famille de Pierre-Olivier Kleitz explique que « les informations, parcellaires et orientées, communiquées par le parquet de Paris auprès de l’AFP me contraignent à publier l’intégralité du courrier que j’ai adressé, hier, à Monsieur le garde des Sceaux, ministre de la Justice, pour réclamer une saisine de l’Inspection générale des services ». Selon lui, les informations qui circulent dans la presse sur le volet tchadien de l’affaire ont été délibérément données afin de se dédouaner par avance du dénouement tragique de la mise en examen de Pierre-Olivier Kleitz. La plainte de la famille vise donc, avant tout, à comprendre le processus judiciaire ayant mené à l’incarcération du défunt. La famille ne s’explique pas les raisons qui ont motivé le juge des libertés à revenir sur sa décision.
Contacté par BV, Me Ramaël nous confie : « Au départ, l’une des raisons motivant la détention était le risque de troubles à l’ordre public. Lorsque le juge des libertés a refusé la mise en détention, ce motif a été remplacé par le risque de fuite. Cela faisait quinze jours que l’adjudant Kleitz était en liberté, vous ne croyez pas qu’il en aurait profité pour s’enfuir s’il l’avait voulu ? » À l’heure où les prisons françaises ressemblent de plus en plus à un centre de vacances pour certains détenus, l’impunité dont bénéficient les uns semble proportionnelle à l’enfer qu’y vivent les autres.
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25 commentaires
Tant que les « psy » ne seront pas poursuivis pour faute professionnelle, de pauvres innocents subiront les conséquences de leur incompétence.
Une fois de plus, les défenseur de notre patrie paie pour les incuries de notre état…. Toute ma compassion pour la famille de ce soldat Français !!!
La justice injuste dans toute son horreur et ses turpitudes organisées.
Une fois de plus, c’est la décision d’un seul, qu’il n’est nullement tenu de motiver autrement que par des termes vaseux, qui conduit à un épilogue dramatique et d’une grande tristesse. Décidément, la justice est dans notre pays de plus en plus critiquable à tous les niveaux.
C’est comme les policiers qui utilisent leurs armes pour se défendre et qui par la suite se retrouvent en prison ! On préfère des policiers morts et des délinquants en vie ! La justice est très bizarre…mais est ce que les juges sont aptes à juger les situations de ces policiers alors qu’ils ne connaissent rien du terrain.
Le France est sur le déclin et la justice y est pour quelque chose !
Le justice de ce pays est une justice de gauche anti-militariste , anti- force de l’ordre , anti-lois républicaines. qui préfère le chaos et l’anarchie aux détriment des natifs.
Le juge lui n’a même jamais tenu un fusil, il ne connait pas la guerre, il est donc incompétent pour comprendre tout ça, mais sans doute de gauche comme beaucoup, il sait ne sait qu’une chose, c’est qu’il n’aime pas les militaires
Inadmissible ! Ce soldat a éliminé un ennemi de la France ! On aurait dû le décorer.
Cette chose que certains osent encore appeler « justice », ne devant rendre des comptes à personne se permet d’appliquer les lois à sa façon qui font ensuite jurisprudence. Or, les seuls légitimes à légiférer, ce sont les députés, élus du peuple, avec accessoirement les sénateurs. Il serait grand temps que les magistrats et avocats soient remis à la place qui devrait être la leur.
Lamentable la défense de ceux qui œuvrent pour leur pays à leur risque. Pas étonnant de voir les résultats.
Vous écrivez que « l’homme a été placé en détention pour prévenir son suicide ». Il avait donc probablement des idées suicidaires. Je n’accuserais pas l’incarcération d’avoir provoqué les idées suicidaires, le contraire me paraît bien plus probable.
Évidemment la détention n’élimine pas tout risque de suicide, de même qu’une hospitalisation n’élimine pas le risque de mourir de maladie, a fortiori si une grève perturbe le fonctionnement de l’institution !
Je ne crois pas ce rapport car un militaire pour qui le stylo est un pa n’aurait pas agi de la sorte et il ne lui était pas difficile d’organiser les preuves
Si la prison protégeait du suicide, ça se saurait ! Encore des magistrats qui doivent souvent s’en préoccuper !
Affligeant, consternant ! Le suicide fait parti de l’ultime Liberté de l’Homme, bien malin qui peut dire pourquoi il en arrive à cette extrêmité
Êtes vous certain que la prison ne protège pas de suicide ? Avec votre raisonnement on peut dire que beaucoup de personnes meurent à l’hôpital, donc si l’hôpital protégeait de la mort cela se saurait, l’hôpital n’est pas bon et même dangereux pour les malades !
Moins que le lit, dans lequel succombe la majeure partie de la population, même en bonne santé apparente.
La France, n’est même plus capable de protéger ceux qui mettent leur vie à sa défense. Que fait l’Armée, ne pouvait elle pas suivre ce militaire, plutôt que de l’abandonner? Ce pouvoir n’a aucun respect pour ceux qui le protège.
Merci pour votre commentaire, j’ai connu cet abandon !
Quand on connait la compétence des « psys » et autres assistantes sociales des Armées, on comprend : c’est » courage fuyons ! « …
S’il n’y avait que dans l’armée !
Paix à son âme et condoléances à ses proches . Sa place n’était pas en prison .
La justice française, si je comprends bien, incarcère les gens pour les protéger d’eux mêmes et laisse en liberté ceux qui représentent un dangers pour…les autres. Tout ça, c’est comme tout le reste, c’est l’idéologie de gauche progresso-bien-pensante droit de l’hommiste qui protège les, soit disant, victimes de la société (délinquants « malgré eux ») et qui condamne les quidams de la société qui comme ils ne sont pas délinquants signifie qu’ils soutiennent l’affreuse société blancho-patriarcalo-conservatrice. La gauche règne en France et en occident ; les conséquences en sont destructrices mais elle continue à être soutenue par une bonne majorité des français. Les cerveaux sont ramollis de bons sentiments dégoulinant.