Accusé de salir le Coran, le rappeur Tayc s’excuse auprès des musulmans

Mauvaise passe, pour le rappeur Tayc. L’été dernier, le jeune Franco-Camerounais perdait celui qu'il aimait comme un frère. « Je pensais que tu me consolerais à la mort des miens, que je te consolerais à celle des tiens et qu'on continuerait à écrire nos vies ensemble, écrivait-il alors, en mémoire de son meilleur ami Kevin, mort dans un accident. Dis-moi que tu vas voir mon message et revenir, mon frère, je t'en supplie… »
C’est dans le cadre de ce deuil difficile que le rappeur a sorti la chanson Pōseïdøn. Un hommage posthume qui n’a, hélas, pas fait l’unanimité. Il se trouve, en effet, que le clip accompagnant le morceau comporte une scène jugée très problématique par certains : on y voit une bibliothèque chanceler sous l’effet d’un tremblement de terre et ses livres chuter à terre, parmi lesquels se trouve un ouvrage ressemblant fort à… un Coran.
Tayc vient de sortir un clip où il fait tomber LE CORAN et y’en a qui continuent encore de l’écouter ??? pic.twitter.com/eUqNK03M0O
— أ (@admtarzy) December 7, 2024
Les critiques ont immédiatement fusé en commentaires du clip posté sur YouTube. « Tayc tu m'a trop déçu tu nous respectes pas, les musulmans », « T’as dépassé les limites », « Pourquoi c’est le saint coran qui tombe et pas un autre livre ? Hein ? », « Je me désabonne »… Certains musulmans offensés n’ont pas hésité à insulter l’artiste, voire à le menacer. « Fils de satan », lui lance un sympathique internaute. « Tu cours à ta perte », lui promet un autre, tandis qu’un dernier se montre encore plus explicite : « Tayc a oublié Samuel Paty. Tu vas bientôt mourir. » Ambiance.
Des menaces prises au sérieux
Conscient du danger économique, social et même physique que font désormais peser les accusations de blasphème ou d’islamophobie, Tayc a rapidement présenté ses excuses. « Hier matin, nous avons découvert grâce aux réseaux sociaux que dans mon dernier clip, le livre chutant de la bibliothèque était fait des mêmes ornements que le saint Coran, livre sacré. Ce livre avait été loué par l’équipe de tournage chez un décorateur spécialisé et n’était pas du tout un vrai livre religieux. » Et d’ajouter : « En tant qu’artiste, homme et croyant, comprenez bien que jamais je n’aurais autorisé l’utilisation de la parole de Dieu comme objet désacralisé. Mais je tiens quand même à m’excuser auprès de chacun d’entre ceux qui ont été blessés et qui ont pensé à un blasphème. »
Se disant encore « désolé », Tayc a promis que la scène serait purement et simplement retirée du clip.
— T A Y C (@TaycOfficiel) December 8, 2024
Capable de se mobiliser pour les causes qui lui sont chères, la jeunesse radicalisée sait comment parvenir à ses fins. « Signalez en masse, invite ainsi un internaute, choqué par la vision d’un Coran tombant à terre. Katy Perry avait blasphémé avec un collier où il était écrit Allah. On a signalé en masse et ça a été supprimé de son clip. Faites pareil, faut pas laisser passer ça ! »
C’est, hélas, exact. En 2014, la popstar Katy Perry avait choqué une partie de la communauté musulmane avec un clip dans lequel un pendentif islamique était réduit en cendres. Une image d’une demi-seconde qui avait suffi pour affoler la Toile. Des pétitions avaient été lancées et l’artiste américaine avait été contrainte de modifier ladite vidéo.
Des passages à l’acte justifiés
Une certaine partie de la jeune génération ne plaisante pas du tout avec ce qu’elle tient pour sacré. Biberonnée à un antiracisme paranoïaque et victimaire, elle a la fâcheuse tendance à se croire agressée pour un rien et en situation permanente de légitime défense. Rien n’est plus grave, à ses yeux, qu’un manque de « respect » envers sa religion. « Deux femmes voilées prises à partie les émeuvent plus que Samuel Paty », témoigne Laurent Valogne, professeur de lettres en région parisienne et auteur d’un livre sur la montée de l’islamisme à l’école. Les insultes, les menaces de mort deviennes banales et la violence physique est justifiée. Chargé de recherche au CNRS, Jean-François Mignot mesura l’ampleur du phénomène lors d’entretiens réalisés auprès de plusieurs milliers de lycéens, à la suite de l’attentat à Charlie Hebdo : « Beaucoup d’élèves semblent dire : si aucun attentat n’est acceptable, la publication des dessins de Mahomet ne l’était pas non plus. Pour eux, les dessinateurs se sont comportés de façon moralement inacceptable. Ainsi, à leurs yeux, il y a une sorte d’équivalence morale entre l’offense faite à leur religion et la réaction – pour sanglante qu’elle ait été – qu’elle a suscitée. »
De quoi comprendre l’extrême prudence prise par les artistes qui se retrouvent accusés d’islamophobie.

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10 commentaires
Il aurait mieux fait de salir l’Eglise Catholique. Là il n’aurait rien risqué…..à part sans doute des félicitations.
Lisez ces trois ouvrages et oubliez l’islam :
a) ” Le Coran révélé par la Théorie des Codes “, de Jean-Jacques WALTER, 28 €, 11 juillet 2014, Éditions de Paris;
b) ” Le grand secret de l’islam ” (2ème édition du 30 août 2020), d’Odon LAFONTAINE, 15 €;
c) ” La laïcité, mère porteuse de l’islam “, de Michel Viot, 20 € , 17 mai 2017.
Est-ce que ces gens auraient eu pareille indignation pour une religion qui n’est pas la leur, là est la vraie question. Pour ma part, j’estime en effet, qu’il est de mauvais goût de moquer quelconque croyance religieuse. Donc oui Je Ne Suis Pas Charlie ! On peut ne pas aimer une religion mais il faut respecter les croyants et les adeptes, à ne pas confondre avec les fondamentalistes… Mais espérons que cet artiste se serait excusé aussi si c’était une Torah à la place du coran.. Par ailleurs, je m’étonne de cette obsession à vouloir à tout prix montrer des caricatures religieuses dans une école laïque. On a pas le droit de parler de religion à l’école mais on a le droit de les moquer, c’est quoi donc ce concept ! En gros c’est comme si on disait qu’on peut se moquer de l’homosexualité mais qu’on respecte les homosexuels.
Et ceux qui menacent sont-ils en prison pour des années ?
C’est vrai qu’il est plus facile d’insulter les chrétiens et tous ceux qui ont bâti la France. Nous avons importé sur notre sol des barbares et avons oublié de fixer des règles. La démographie entrainera notre disparition jusqu’au jour où, la France étant ruinée, les barbares repartiront.
Mais qu’est-ce qu’ils sont bêtes ! !!
Ces jérémiades passeraient inaperçues si elles n’étaient relayées complaisamment et bruyamment par les médias, associations et partis politiques bien pensants.
C’est chouette la liberté d’expression …
Amusant quand on voit la rédaction des menaces,on peut imaginer que la plupart de ces gens n’ont jamais lu le » saint coran »,et ne sont pas capables de le lire…
Beaucoup de buzz pour pas grand chose.
De toute façon les rappeurs font plus parler d’eux dans les pages faits divers de la presse ; que dans les pages rubriques musicales.