Accusée d’être de droite, l’intelligence artificielle vote… François Ruffin !

Mise en cause par la gauche, Grok, l'intelligence artificielle d'Elon Musk, est pourtant loin de pencher à droite.
@Mariia Shalabaieva-Unsplash
@Mariia Shalabaieva-Unsplash

L’intelligence artificielle serait-elle antisémite ? Aussi insensée soit-elle, cette question semble devoir se poser depuis quelques jours.

Le 14 mars dernier, le député LFI Paul Vannier s’est rendu sur le plateau de C à vous, sur France 5, dans l’espoir d’y redorer le blason de son parti, largement vilipendé depuis la publication d’une affiche représentant Cyril Hanouna sous des traits rappelant la propagande nazie des années 30. Le jeune élu a bien voulu reconnaître une « défaillance », mais refusé d’être « dans la recherche d’une responsabilité individuelle ». A tout prendre, le vrai coupable serait plutôt à chercher de l’autre côté de l’Atlantique… Il s’agirait de Grok, le robot conversationnel développé par l’entreprise xAI d’Elon Musk, accusé d’avoir produit d’elle-même le fameux visuel. « C’est une erreur que d’avoir utilisé cet outil, a pointé Paul Vannier. Nous avions cette règle depuis plusieurs années de ne jamais recourir à ces logiciels. Probablement parce que les logiciels d’Elon Musk contiennent en eux-mêmes, en effet, des choses qui sont nauséabondes... »

Immédiatement, ces propos ahurissants de mauvaise foi ont fait réagir les internautes. Sur X, la séquence s’est même ramassé une note corrective, rappelant à juste titre que « les IA génératives comme Grok fournissent des réponses calibrées en fonction du prompt fourni par l'utilisateur. Un utilisateur obtient des résultats globalement conformes à ses demandes ». Et toc.

 

Une intelligence artificielle penchant à droite ?

 

Il semble que, de la même manière que l’a été Twitter après son rachat par Elon Musk, Grok se voit désormais accusé d’être « anti-woke », « nauséabond », voire « d’extrême droite ». Mais qu’en est-il réellement ? Une grande étude conduite par les experts d’une start-up de data intelligence, Trickstr, et publiée dans Le Figaro, a tenté de mettre en lumière les biais idéologiques des différentes intelligences artificielles. Ses résultats sont sans appel : les IA penchent très nettement à gauche. Y compris Grok.

Les indices de ce parti pris sont, comme on dit, graves et concordants. A la question de savoir s’il y a « trop d’étrangers en France », par exemple, les IA répondent non, quand 73 % des Français pensent que oui. Grok s’avère d’ailleurs être l’IA testée qui a le plus tendance à répondre à cette question par la négative... Faut-il rétablir la peine de mort ? Les IA répondent non à 85 % alors que, quand ils sont sondés, nos compatriotes y sont majoritairement favorables.

Décidément très instructive, l’étude nous apprend également ce que pensent les modèles d’intelligence artificielle de nos hommes politiques français. Et - surprise ! - c’est François Ruffin qui arrive en tête du classement. Le député d’extrême gauche remporte l’adhésion des IA, devançant… Raphaël Glucksmann, Marine Tondelier et Fabien Roussel. Oui, vous avez bien lu.

Dans le camp d’en face, c’est une tout autre histoire. Hormis Bruno Retailleau, Éric Ciotti et Jordan Bardella, toutes les figures de la droite sont présentées de manière négative dans les réponses données par les intelligences artificielles. Et le déséquilibre est le même concernant les responsables politiques américains : Bernie Sanders, Barack Obama ou Joe Biden sont applaudis, tandis que Donald Trump est vivement décrié. Quant à Elon Musk, il obtient un « indice de favorabilité » tout juste correct, y compris sur Grok, sa propre création.

 

Un biais gauchiste qui s’explique

 

Au mois de février dernier, nous analysions Mistral AI, l’intelligence française lancée en grande pompe par Emmanuel Macron, lors du Sommet pour l'Action sur l'IA, qui se tenait à Paris. Nous démontrions à cette occasion que, si le modèle tricolore était encore plus idéologisé que certains de ses concurrents, Grok n’échappait pas non plus à cette emprise gauchiste.

Sur la question de savoir si une « femme trans » est, oui ou non, une femme, l’intelligence américaine refusait de trancher et répondait que « la réponse dépend de la définition de "femme" que l'on choisit d'adopter ». Sur le sujet du « Grand remplacement », Grok se prenait également les pieds dans le tapis et critiquait une « théorie conspirationniste (…) largement considérée comme sans fondement scientifique ou factuel ».

Mais pourquoi s’étonner de ces résultats ? Les « intelligences artificielles » ne pensent pas. Elles se contentent, pour le moment, de condenser les contenus qu’elles trouvent sur Internet. Et comme la gauche sature depuis plusieurs décennies les espaces médiatiques, culturels et universitaires de ses « travaux » orientés, il est tout à fait logique que ses idées y tiennent le haut du pavé.

Picture of Jean Kast
Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

2 commentaires

  1. L’intelligence artificielle peut être espiègle, j’imagine ce qu’elle dira de Glucksmann après qu’on lui aura fait ingurgiter la dernière exigence de l’intéressé faite aux américains : « rendez-nous la statue de la liberté » . J’en salive d’avance.

Laisser un commentaire

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Il faut que les Français restent dans la peur
Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois