Adèle Haenel : un procès qui interroge sur la responsabilité des parents
À en croire les comptes rendus d’audience dans la presse, l’actrice Adèle Haenel a arpenté, mardi, le tribunal dans un état de fureur absolue, allant jusqu’à crier « Ferme ta gueule ! » au réalisateur Christophe Ruggia, qu’elle accuse d’emprise et d’agressions sexuelles répétées alors qu’elle avait entre 12 et 15 ans. Le tribunal a requis contre lui, mardi, cinq ans de prison, dont trois avec sursis probatoire, assortis d’une exécution provisoire, ainsi que l’interdiction d’exercer une profession en lien avec des mineurs pendant dix ans et son inscription au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes.
Au cœur de l’affaire, le tournage du film Les Diables. Enveloppé d’un alibi vaguement romantique, il s’agit, en réalité, d’« un film un peu pornographique », dit au tribunal l’avocate d’Adèle Haenel.
Des critiques dithyrambiques
Quand sort le film Les Diables, en 2001, la grande presse, loin d’y trouver à redire, ne tarit pas d’éloges. Pas moins de 4 étoiles pour L’Express, L’Humanité, Le Parisien, Libération, Première, Studio Magazine, TéléCinéObs et, bien, sûr, Télérama qui s’enthousiasme pour cette « rencontre poignante, intense, avec ces enfants perdus, ces "diables" que l'on veut suivre ». Même admiration débordante à L’Obs, où l’on salue le talent de Christophe Ruggia, « fasciné par l'enfance et ses terribles démons ». Le Monde y voit « une belle échappée romantique », déplorant toutefois quelques lourdeurs dans la mise en scène. Quant aux propos de Libération, on les lit aujourd’hui avec un goût proche de la nausée : « Christophe Ruggia affiche toujours un fervent désir d'enfance [sic] et une grosse envie de cinéma, à travers une histoire tirée par les cheveux, qui aurait pu tourner au bazar émotif, et s'en sort avec pas mal de grâce. »
Vingt-trois ans plus tard, c’est pourtant cette histoire d’inceste et son « fervent désir d’enfance » qui ont conduit le réalisateur devant le tribunal correctionnel de Paris. Son actrice, aujourd’hui enfermée dans une colère qu’elle peine à canaliser, dénonce « le lien de domination » qui s’était établi entre le metteur en scène et elle, à mesure que se multipliaient les « goûters » du samedi.
« Personne n’a défendu l’enfant que j’étais »
Indignée, Adèle Haenel explose : « Personne n’a défendu l’enfant que j’étais ! ». C’est ce qu’il semble, en effet. Quelle fut la place des parents, dans toute cette affaire ?
Âgée de 12 ans, la jeune actrice n’avait pu décider seule de se rendre à un casting pour un film dont le thème n’était pas un mystère ; un film dont chaque intervenant savait qu’il allait comporter des scènes de sexe. D’ailleurs, le réalisateur rappelle à l’audience que, « pour la [Adèle Haenel] protéger de la mauvaise publicité qu’occasionne un film avec des scènes de sexe, il lui aurait proposé de prendre un pseudonyme ».
Quid, également, de la sœur du réalisateur Véronique Ruggia, « coach pour jeunes acteurs », qui conduisait les répétitions ? Loin de reconnaître une quelconque complicité dans les agissements de son frère, elle déclare au tribunal qu’elle n’a pas « fait un travail de la nudité » avec les deux adolescents mais les a aidés à « accepter la nudité » par des « exercices symboliques, se toucher petit à petit », rapporte Le Figaro.
Quant à ses parents - l'actrice a, aujourd’hui, rompu avec eux tout contact -, Ruggia déclare au tribunal : « L’équipe annonce que des scènes de nudité et de rapports sexuels auront lieu entre les acteurs, mais cela ne rebute pas les parents. Elle est enseignante, engagée dans la vie de Montreuil, banlieue rouge en pleine gentrification, lui traducteur. Dans la famille d’Adèle, les enfants ont des places d’adultes et les "parents ne sont pas très protecteurs". »
Le Figaro écrit que certaines scènes de sexe particulièrement crues ont été supprimées au montage. Pourtant, « selon nos informations, certains passages seront par la suite partagés sur des plates-formes dédiées à la pédopornographie. Mais sur le plateau, ni la pédopsychiatre ou la coach des enfants ne s’en offusque. »
Alors, on s’interroge : pourquoi Christophe Ruggia est-il le seul poursuivi dans cette affaire ?
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38 commentaires
Adèle Haenel, Judith Godrèche, Jane Fonda et beaucoup d’autres « starlettes »: Même combat après 20, 25 ou 30 ans voire plus qui veut qu’on traine devant les tribunaux des personnages, certes peu recommandables mais avec lesquelles, pour certaines tout au moins elles ont partagé la vie plusieurs années !! Il y a d’autres combats à mener pour certaines jeunes femmes anonymes pour lesquelles la vie a été ou est un cauchemar qu’il faut dénoncer, mais pas franchement les premières citées.
Enfin on s’interroge sur le rôle des parents dans cette affaire. Etaient-ils complices ? ou trouvaient-ils les rapports de leur fille avec Ruggia tout à fait normaux ? De toute façon, je parie qu’à ce rythme-là, on va bientôt attaquer Yves Robert (à titre posthume) pour, dans la Guerre des boutons, avoir fait courir des enfants tous nus dans les bois.
On peut en dire autant du film » les dimanches de Ville d’Avray » qui,il est vrai,montrant une fillette de 12 ans s’attacher à un adulte d’une trentaine d’années, même si c’est de façon platonique,dérange un peu .
Quand cela dure aussi longtemps ,les parents sont aussi responsables que le metteur en scène !! Et les critiques spécialisés qui ont encensaient le film ??
Pas grand chose a rajouter aux commentaires précédents sauf que je m’étonne, si nécessaire encore, des résultats de la justice dans ses condamnations déjà prononcés ou encore en délibérations. Quant on se remémore les condamnations de certains délinquants même criminels principalement sur des agents de maintiens de l’ordre ou personnes considérées comme fragiles ou vulnérables par rapport a des personnes qui se considèrent comme agressé sexuellement pour avoir subit un éventuellement attouchement, alors nous avons de quoi se poser de bonnes questions. Peut être que la justice est sensible a la quantité de supporters des ces plaignants par rapport aux victimes parfois bien seule.
enfin quelqu’un qui désigne les vrais coupables : les parents, et qui montre la nocivité d’un monde corrompu soutenu par la « grande presse de gauche » qui fait son beurre sur toutes ces déviances. Tout ceci est pourriture infâme, et même les défenseurs du réalisateur ne sont pas capables de le dénoncer tant ils sont dans ce système amoral.
Parents supposés de gauche ? Dans cette mouvance ont est avant tout progressiste et se montrer « pincés » en présence de supposées scènes d’avant -garde serait de mauvais goût, pensez donc. On laisse donc sa progéniture voguer là où l’élan progressiste est remarquable. Et puis… « notre fille fait du cinéma ». Mais ces parents apparemment instruits donc conscients ne seront pas jugés. Quant à la jeune fille de 12 ans, se sentant propulsée par ses parents, se voyant devenir « vedette », pour quelles raisons ferait-elle obstacle à ce marche-pied offert par des adultes ? Ce n’est qu’éveillée par son environnement qu’elle en viendra à prendre conscience du jouet qu’elle a été. Bien des années après les faits. De petits bourgeois comme P. Praud s’offusquent « Mais on n’invite pas chez soi une enfant de 12 ans. Cela ne se fait pas. Ce n’est qu’une enfant ». Et pourtant cela se fait dans de multiples occasions. P.Praud ferait bien de quitter son confort et fréquenter un peu plus les quartiers populaires qu’il ne connait que par dépêches.
Apres une excellente appoche, comme d’habitude de M. Delarue, un excellent commentaire ! Merci. La responsabilité des parents, comme pour J. Binoche, est au coeur de l’affaire mais, chut, silence…
il est « curieux » que les Meetoo ne s’interogent pas sur le laisser faire des parents jusqu’à prostituer en quelque sorte une gamine de 12 ans …les effets de 1968 ..
En effet très bonne question .
Vu le film il pourrait s’agir d’un pédophile qui voulait mettre en images ses fantasmes …
Les parents doivent aussi être accusés.
Effectivement, depuis le début de cette affaire, je me demandais si cette gamine avait des parents. Si oui, où étaient-ils, que faisaient-ils pendant que leur petite enfant innocente passaient des heures à l’extérieur de chez elle, en compagnie de gens apparemment infréquentables ?
Elle a gagné de l’argent. Où est-il passé?
Quel est le rapport ?
La question se comprend : les parents ont pu prendre l’argent gagné par leur fille mais sans prendre la responsabilité de la protéger ?
Ce procès a totalement sorti les parents de l équation, pourtant ils sont en premier lieu responsable de ce qui est arrivé à leur fille. Ils l’ont livrée telle une proie à un prédateur. Cette femme est broyée psychologiquement, elle fait peine à voir.
Cette focalisation sur le seul metteur en scene sans diminuer d’un pouce sa responsabilité et l’horreur de ses agissements montre la perversite du mouvement me too qui protège finalement et les parents et l’entourage proche du cineaste pour satisfaire sa misandrie primaire Il ne saurait être question de mettre en accusation les profits qu’ils en en ont largement tirés encore moins la presse gauchiste qui les couvre d’éloges. Cela montre aux français que cette petite caste confite dans son ego d’immoralité gauchiste dite progressiste pourrit tout ce qu’elle touche. Il est grand temps de rendre la culture aux gens doués et honnêtes, et il y en a…beaucoup, qui ne révent que de s’exprimer.
Les parents, sans doute laxistes dans l’air du temps étaient certainement très intéressés par le cachet que toucherait leur fille pour ce film et ont dû prendre cette entrée dans le monde du cinéma comme un ascenseur social. De ces parents laxistes, nous en sommes arrivés aux parents démissionnaires et si les condamnations tombent 25 ans plus tard, elles répareront les enfants brisés à vie.
Je plains Adèle Haenel d’avoir des parents pareils .
Hélas, ils sont plus nombreux que l’on ne le dit.
Certains feraient des enfants pour en tirer profit et sans état d’âme les vendraient aux prédateurs sexuels. Il n’y a plus de morale car il n’y a plus d’amour.
Il n’y a que vingt-trois ans ,à cette époque on parlait déjà beaucoup de pédocriminalité ,pourquoi un tel film a-t-il été autorisé ? Le réalisateur n’est pas le seul responsable à n’en pas douter, l’article rapporte les critiques dithyrambiques de la presse de gauche ,cette presse qui fait l’opinion et qui cautionne des oeuvres criminelles.
Oui pourquoi est il le seul à être poursuivi , les parents , avertis du contenu de ce film , méritent une place de coupables à ses côtés . Quand à la diffusion de ce film on se demande qui l’a validé . Beaucoup portent une part de responsabilité et n’oublions ni les journaux et les services de la protection des mineurs .
En effet, logiquement les parents n’auraient jamais dû accepter ce rôle sachant que des scènes contenaient des actes sexuels entre acteurs, et devraient être poursuivis pour carence éducative (art. 227-17 du code pénal) . De plus, pourquoi attendre une vingtaine d’années pour porter plainte contre le réalisateur ? Simple question
C’est exactement la question que je me pose à chaque fois, peut être avait elle peur de ne plus pouvoir tourner et puis au bout de 20 ans s’apercevoir qu’elle ne tourne plus et là elle dénonce. Quel courage! mais l’argent est peut-être bien plus important que le courage dans ce monde de gauche.